Je ne pourrais jamais mourir, j’aurais toujours un livre à finir.

J’ai toujours pensé que tant que j’aurais des livres à lire, il n’est pas question de mourir… Quoiqu’il en soit j’ai prévenu mes filles que j’ai bien l’intention de les embêter jusqu’à mes 100 ans.

J’avais 15 ans quand mon grand-père est mort. Le premier mort de ma vie. Je me souviens du premier week-end où nous sommes retournés à la maison de campagne. J’ai trouvé sur le buffet son livre avec un marque-page et ses lunettes.

J’ai dit à ma mère :  ” regarde, il ne finira jamais son livre ! “
Et je suis allée pleurer dans le jardin.

Mon grand-père était un homme très fin. C’était un ouvrier qui n’était pas allé longtemps à l’école, mais il avait toujours lu. Rien à voir avec les lectures de ma grand-mère, (d’un milieu modeste aussi je l’ai déjà raconté) qui ne lisait que des romans à l’eau de rose et des magazines comme Point de Vue ou Eux-Trois.

C’est mon grand-père qui m’a fait connaître les Trois Mousquetaires, Le comte de Monte Cristo et ce livre qu’il appelait ” Michel et ses gosses ” pour taquiner ma grand-mère qui croyait dur comme fer que c’était le titre du livre.

Cela m’avait marqué ce livre inachevé. Quelle tristesse de partir sans jamais connaître la fin du livre !

Certains voient venir la fin, restent longtemps sur un lit d’hôpital, ceux là ont peut-être encore le temps et l’envie de lire. Mais mon grand-père qui avait une santé de fer, n’avait jamais vu un dentiste et se vantait d’avoir toutes ses dents sans les brosser (particularité rare en tout cas il n’avait aucun mérite à cela), bref disais-je mon grand-père est parti avec une rapidité fracassante, comme le font souvent ceux qui n’ont jamais été malades.
Et s’il a laissé son livre à la maison de campagne, c’est qu’il pensait y revenir le prochain week-end.

Je lis de plus en plus. Il est vrai que je ne regarde presque plus la télé à part les infos, je l’ai raconté là.
Les programmes sont sans intérêt, ils commençent trop tard, il y a trop de pub et je m’endors.
Je suis une accro aux séries, maintenant il n’est même plus besoin de les télécharger, mais rares sont celles qui me rendent chèvres au point d’oublier de me coucher. Et puis je sais que je peux reprendre là où j’en étais le lendemain ou le week-end.

S’endormir avec un livre c’est bien mieux. Cela ne signifie pas que je vais m’endormir plus tôt, surtout si j’ai du mal à le lâcher.  Les américains qui ont des idées sur tout ont trouvé un nom pour ce genre de livres, quelque chose qui veut dire ” les pages se tournent toute seules ” mais je ne vous le dirai pas, vous allez vous moquer de mon accent.

J’ai maintenant du mal à me lever le matin, ce qui doit être un signe de vieillissement, mais je suis plus contente de moi quand je me suis couchée avec un livre.

Quand je passe un week-end à ne rien faire, que je me promet de lire et que je traîne entre mon PC, ou alors mes deux PC et ma tablette tout en jetant un œil aux infos avant d’éteindre la télé qui me déconcentre, quand je me suis promis de lire et que je ne l’ai pas fait, je m’en veux.

Même si je lis beaucoup sur ma liseuse, j’ai toujorus une PAL (pile à lire) impressionnante sur ma table de nuit et sur une commode. Et là aussi il m’arrive de m’en vouloir  quand je regarde un livre qui était au dessus et passe au milieu ou en dessous :
- Bon sang ça fait combien de temps que tu l’as celui-là ? Tu t’étais promis qu’il serait le prochain et tu en as lu d’autres en attendant ! Ce n’est pas sérieux !

Il y a aussi les livres de salon et les livres de chambre. Ils n’ont rien à voir avec les livres de train, ceux de la kindle qui sont souvent des policiers, des romans faciles à lire. Ils ne demandent pas de concentration particulière, ce ne sont pas des chef d’œuvre trop beaux qu’on imagine pas lire hors de chez soi. Je ne m’imagine pas lire de la poésie dans le train, je suis comme ça.

C’est ainsi qu’il m’arrive d’avoir deux ou trois livres en cours. 2 sur la table du salon, l’un des deux est souvent un livre de sociologie, et un troisième sur ma table de nuit.
Vous dîtes ? Oui oui je m’y retrouve ! L’après midi je lis deux chapitres d’un livre de salon, puis je prends l’autre, et le soir je lis le livre de chevet. Bien sûr il arrive surtout vers la fin, que l’un des trois prenne le pas sur les autres.

Trois livres, plus une liseuse. Ça fait beaucoup de marques pages tout ça !
Autant dire qu’il est impossible de mourir dans ces cas là. Cela ne signifie pas que je crois faire fuir la dame à la faux en multipliant les marques pages. Mais une chose est sûre, tant que j’aurais des livres à lire, je n’aurais ni le temps ni l’envie de mourir !

J’ajoute pour finir qu’en plus de la PAL, j’ai aussi une longue liste de livres à acheter.