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Série - La chaudière

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17/05/2018

La chaudière

Réédition de décembre 2010
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Paloma a passé le week-end seule. C’est la première fois depuis qu’ils ont acheté cette maison avec son mari Hervé. Ils ont acheté cette ferme à retaper, il y a un an, parce qu’ils préfèraient vivre à la campagne, et ils se disaient que ce serait mieux le jour où ils auront des enfants. Depuis ils passent leurs week-end à bricoler, retaper. 

Là c’est l’hiver, donc les travaux se ralentissent un peu. La vieille chaudière ronronne, le grand salon et la chambre sont bien chauffés, les combles restent fermées. 

Hervé est parti en déplacement professionnel, à cause des trains, il a du partir plus tôt. Ils n’ont qu’une voiture et Paloma l’utilise pour aller travailler. Dimanche la température a chuté, et quelques flocons sont tombés. Mais la météo dit que ça ne va pas durer. Tant mieux, Paloma a un peu peur des routes de campagne sous la neige. La mairie est-elle équipée d’un chasse neige ? D’une saleuse ? 

Lundi matin, Paloma a la surprise de voir la cour devant la maison toute blanche. Et la neige ne s’est pas arrêtée ! Bon et bien, à la guerre, comme à la guerre, Paloma s’équipe, puis sort de la maison. Elle ouvre la lourde porte de bois qui ferme la cour. Dans leur projet, il y aura un portail électrique, qui restera dans le style campagnard, mais qui leur évitera de sortir de leur voiture à chaque fois.

Puis, elle va dans la grange attenante à la maison qui leur sert de garage? C’est aussi une porte en bois, mais coulissante celle là. Puis elle monte dans sa voiture. Hélas la voiture tousse, hoquette, tous les voyants s’allument, puis s’éteignent. Nouveau tour de clé de contact, rien, plus de batterie…

Paloma rentre chez elle et appelle son patron. C’est un brave homme qui comprend très bien, et lui dit de rester au chaud. Ensuite elle appelle son assureur M.L.F, il lui dit qu’il va lui trouver un dépanneur, mais il faudra être patiente car elle  n’est pas la seule, et avec les routes enneigées, il a pris du retard. 

Paloma se fait chauffer un thé, et se demande ce qu’elle va faire. Elle a déjà passé le week-end à regarder la télé, à lire, à ranger, et là elle n’est pas dans l’état d’esprit du week-end, elle s’était préparée à aller travailler. 

Vers 10 h, le dépanneur, mandaté par M.L.F l’appelle pour lui dire qu’il est vraiment désolé, il ne peut pas venir, les routes sont enneigés, la mairie qui a cru la météo n’a rien vu venir et n’a pas pu saler les routes ou enlever la neige. De plus elle est chez elle, donc il n’y a pas urgence, il préfère dépanner les gens qui sont coincés sur les routes dans le froid. Il promet de venir aux premières heures mardi, pour lui permettre d’aller travailler, de toutes façons, la batterie ce n’est rien, il lui en apportera une neuve. 

Paloma a son mari en ligne le midi. Elle lui raconte ce qui arrive, il est désolé de ne pas être là. Mais bon, la neige ça ne dure jamais bien longtemps.

Paloma pense à certains films de suspense : la voiture en panne, la panne d’électricité, le téléphone coupé ! Elle sourit en se disant que c’est un scénario catastrophe et que de toutes façons, elle n’est pas peureuse.

Mais soudain elle entend quelque chose d’étrange. Ou plutôt elle constate un silence inquiétant, anormal. Et elle comprend aussitôt : la chaudière s’est arrêtée. 

à suivre

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18/05/2018

La chaudière (partie 2)

Réédition de décembre 2010 

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Sur le coup, Paloma n’est pas trop inquiète. Elle se dit qu’il doit y avoir une explication logique à cet arrêt soudain.

À côté de la cuisine, il y a une pièce qu’ils appellent le cellier. Pas vraiment une cave, malgré les trois marches pour y descendre, pas vraiment une pièce normale, non plus puisqu’elle est aveugle. Un cellier. Là il  y a la chaudière, et des étagères où Paloma stocke tout ce qui peut être utile pour la cuisine, les pommes et les pommes de terre, les conserves, la réserve d’eau minérale, de lait, de vin. Elle aime bien cette pièce et son charme désuet. La chaudière est vieille, c’est une chaudière au fioul, voilà pourquoi elle ronronne. Hervé et elle ont décidé qu’ils la changeraient plus tard, elle a l’air costaud, son seul inconvénient est le bruit. Mais avant la chaudière, il y avait d’autres priorités : la toiture, la cuisine, la salle de bains, pour qu’ils puissent vivre d’une manière confortable.

Mais voilà, Paloma constate que le gros voyant rouge qui indique que la chaudière fonctionne est éteint. Il reste peut-être une chance : le fusible ! C’est déjà arrivé et Hervé lui a montré quel fusible est relié à la chaudière.

- Il est indispensable que tu le saches, sans chauffage on est mal, et si ça t’arrive quand je suis absent.

Et bien justement il est absent ! Le tableau de fusible est dans la même pièce et Paloma a soigneusement étiqueté chacun d’eux. Elle remplace le fusible de la chaudière. Rien à faire, celle ci reste éteinte et muette. Panne de fioul ? Impossible ! Là aussi ils ont prévu, et la jauge est très haute.

Paloma commence à s’inquiéter. Que faire ? Même si elle trouve un dépanneur en cherchant dans l’annuaire, ce sera le même problème que celui de la voiture, il ne pourra pas venir !

En se dirigeant vers le téléphone, elle repense à sa pensée du matin : ” il ne manquerait plus que le téléphone soit coupé ! “

Puis soudain lui vint une idée, elle se dit qu’au lieu de feuilleter l’annuaire, elle va appeler le maire du village. Il a la soixantaine, comme beaucoup d’autre il a une chaudière au fioul, et depuis le temps qu’il habite là, il doit bien connaître quelqu’un capable de l’aider, avant que la témpérature baisse.

Le brave homme répond tout de suite. Il doit être scotché à son téléphone, avec tous les problèmes de voirie, d’accidents, de pannes. Paloma lui explique sa situation. M. le Maire est vraiment désolé, il connait bien un dépanneur, il va essayer de le joindre.

- C’est Jean-Louis, un ami, il a un gros camion, il fait les livraisons de fioul aussi, je ne pense pas que la neige l’empêche de passer. Il est en congé, mais il ne refusera pas de vous aider. En attendant, mettez vous au chaud sous un édredon. Je vous rappelle dès que j’ai réussi à l’avoir, ou lui vous appellera.

Paloma remercie mille fois. Il est cinq heures, il commence à faire nuit. Plutôt que de monter dans la chambre, Paloma préfère descendre les couvertures, au moins elle sera près du téléphone. Elle se maudit intérieurement : Hervé lui a demandé dix fois d’acheter des téléphones sans fil, un pour le rez de chaussée, l’autre pour mettre dans la chambre, mais elle pensait qu’il n’y avait pas urgence. Résultat, la voilà avec un téléphone filaire dans le salon, comme sa grand mère !

Elle se souvient qu’elle n’a pas fermé la grange garage, ni la porte extérieure. Tant mieux, elle n’aura pas à courir ouvrir au dépanneur.

Le temps passe. Paloma somnole devant la télé. Mais elle commence à avoir sérieusement froid. Enfin le téléphone sonne. Elle se jette dessus.

Elle entend une voix presque inaudible derrière des crachouillement, comme si on l’appelait du Pole Sud. Elle comprend vaguement les mots ” chaudière, maire “, et que l’homme en question va venir. Puis la voix redevient audible, et son interlocuteur l’interroge sur la route de campagne qu’il doit emprunter, une fois qu’il a passé le carrefour aux alouettes. Elle explique du mieux qu’elle peut, et le crachouillement reprend tandis que l’homme parle d’heure et de tournée, avant de prendre congé. Paloma n’a pas tout compris, mais l’homme vient. Quand, comment, c’est une autre histoire !

à suivre
 

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19/05/2018

La chaudière (partie 3)

Réédition de décembre 2010

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Paloma sent ses pieds s’engourdir. Même sous la couette, même bien couverte, la maison n’a plus son côté accueillant et chaleureux. Et l’heure tourne ! Que faire ?

Finalement elle regarde une série, est prise par l’histoire pendant un petit moment et finit par s’assoupir. Quand elle ouvre les yeux, il est déjà 22 h. Et toujours aucune nouvelle du dépanneur. Et si elle appelait le maire ? Mais c’est gênant de le déranger à cette heure là. Quelle idée elle a eu de s’endormir, au moins elle aurait pu avoir le numéro du fameux Jean-Louis et le rappeler ! 

D’un autre côté comment faire pour passer la nuit dans ce froid ? Paloma songe au petit radiateur soufflant de la salle de bains, mais ça ne suffira pas à réchauffer la chambre.

Quand à la cheminée, là aussi elle s’en veut. Elle et son mari devaient la faire ramoner, vérifier si elle fonctionnait, et ils ne l’ont pas fait. Et de toutes façons, où trouver du bois ? Il y a bien quelques bûches dans la grange, mais elles doivent être humides, et elle ne sait même pas allumer un feu.

Soudain un bruit dans la cour la fait sursauter. Un bruit de camion ! Mon sauveur ! Oubliant le froid, elle jette la couette sur le canapé, et se précipite dehors pour faire signe au chauffeur. Le camion est garé, l’homme saute en bas. Elle s’approche tandis qu’il entre dans la lumière projetée par la lampe extérieure.

Il doit mesurer deux mètres ! Non n’exagérons rien, mais plus d’un mètre quatre vingt dix, c’est sûr. Il a une carrure d’athlète, une peau hâlée, entre 30 et 40 ans. Puis elle est surprise par le bleu porcelaine de ses yeux, comme une tache de lumière au milieu de tout l’ensemble. Il est habillé de couleurs sombres, il a des traces de cambouis sur les mains et le visage, les cheveux mouillés et décoiffés.

Paloma se dit qu’elle verrait bien cet homme en marin, en pilote de petit avion, en astronaute, en pompier, en soldat…
Mais pas en dépanneur de chaudière au fin fond de la campagne.

- Bonsoir Madame ! Je ne vous ai pas oubliée, désolé pour le retard ! Bon montrez moi où ça se passe !

Paloma guide Jean-Louis vers le cellier, et reste plantée là à regarder le géant se pencher vers la chaudière. On dirait que la maison n’est pas à sa taille, c’est devenu une maison de poupée. Elle ne peut s’empêcher de penser à Hervé, de taille moyenne, carrure moyenne, plutôt blond et raffiné.

- Allez vous mettre au chaud ! Je vous appelle dès que c’est fini.

Paloma revient sur ses pas. Avant de retrouver la couette et le canapé, elle passe par la salle de bains. Son maquillage a coulé, normal depuis le matin et après un somme. Elle regarde ses joues pâles, ses cheveux récemment teints en roux foncés. Ça va, je suis plutôt jolie. Un peu mince et fragile pour la campagne, c’est sûr. Heureusement que le dépanneur n’est pas un méchant. Elle se recoiffe, se remaquille et repart au salon.

Après quelques bruits étranges, quelques coups de clé à molettes par ci par là, l’homme sort de sa cale…  enfin du cellier :

- Voilà ma petite dame, c’était la voile arrière qui prenait le vent, du coup la barre naviguait de travers, et l’hélice se coinçait…

Bien entendu ce n’est rien de tout ça, des mots techniques que Paloma ne comprend pas, mais elle préfère imaginer Jean-Louis en marin.

- Merci mille fois ! Je ne me voyais pas passer la nuit dans ce froid ! Je peux vous offrir un café ?

- Ma foi, ce n’est pas de refus. Et moi je vais vous offrir un calva, ça réchauffe !

Il sort de sa caisse à outils une bouteille pleine et visiblement neuve :

- Cadeau d’un client cet après midi ! Vous avez du bois quelque part ? Pendant que vous préparez le café, je vais vous faire un feu, ça vous aidera à patienter en attendant que la température remonte.

Paloma est aux anges, cet homme est la providence même !

Ils se trouvent attablés devant un café et un calva. Jean-Louis s’est débarbouillé, elle le trouve encore plus beau sous la lumière de la cuisine.

L’alcool la réchauffe. Le feu crépite dans le salon. Jean Louis observe les poutres apparentes, tandis qu’elle regarde fascinée une veine de son cou :

- Vous habitez là depuis longtemps ?

Elle parle, elle raconte leur installation, leurs projets. Cela l’aide à ne pas trop fixer cet homme qui l’attire comme un aimant. Du calme ! Concentre toi sur la vaisselle sur l’évier !

Jean-Louis parle aussi, il lui explique où il habite, avec sa femme et leur petit garçon. Il dit qu’ils voudraient bien eux aussi une vieille maison à retaper, plutôt qu’une maison en lotissement, mais ce sera pour plus tard.

Le ventre de Paloma gargouille. Elle réalise qu’elle n’a pas mangé depuis le matin :

- Avec tout ça, je m’aperçois que je n’ai même pas mangé ce midi ! Ça vous dit de partager une omelette ?

L’homme se gratte le menton :

- C’est bien tentant ! Il est tard, je pense que ma femme n’a pas du m’attendre pour dîner. Et le petit doit être au lit. Je sors deux secondes, le temps de lui passer un coup de fil. Et merci de l’invitation !

à suivre

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20/05/2018

La chaudière (partie 4)

Réédition de décembre 2010 

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Pendant le repas, Paloma se sent bien. Après ces trois jours de solitude à la campagne, cette panne de voiture le jour où elle devait enfin revoir du monde, elle a l’impression de ne pas avoir vu d’être humain depuis un mois.

Elle parle, de tout, de rien, de la panne de voiture, de son travail, de son patron. Jean-Louis ne semble pas connaître la petite boîte où elle est comptable, pourtant la ville n’est pas grande. Il explique cela en disant qu’il est souvent sur les routes.
Elle parle de leur installation, de leur envie d’enfants. Du fait que depuis qu’ils sont à la campagne, ils ne voient plus trop leurs amis, alors qu’ils pensaient qu’une grande maison permettrait de faire des fêtes, d’inviter tout le monde à dormir. Mais finalement les gens sont toujours pris, et c’est loin, ça ne s’organise pas comme ça.

Il écoute, il sourit. Il a un beau sourire, une belle dentition pour ne rien gâcher. Il parle aussi, mais pas de sa vie. Il parle de la campagne, de la chasse, des cultures, des habitudes des gens, de leur radinerie parfois quand ils traînent pour payer ses services. Il parle du château abandonné qui a été racheté par un danois.

Après l’omelette, Paloma décongèle une compote qu’elle a faite elle-même, Jean-Louis la complimente, elle rit, c’est tellement simple.  Quand il se lève pour partir, elle le supplierait presque de rester.
Elle prie pour qu’une congère bloque le portail… Vous voulez dormir ici ? Oui bien sûr, dans mon lit, on se tiendra chaud !
Elle rougit intérieurement, mais l’homme n’a rien remarqué.

- Je vais jeter un œil à la chaudière.

Il entre dans le cellier, y reste cinq minutes :

- Bon ça a l’air de fonctionner. Je repasserai demain soir, j’ai un client à voir, à 2 kilomètres d’ici. Mais normalement vous n’aurez pas de problèmes.

Il est plus de minuit quand Paloma se couche, elle se rend compte surprise qu’elle a manqué 5 appels de son mari sur son portable. C’est vrai qu’elle n’a même pas pensé à le rappeler. Elle ne lui a même pas parlé de la panne de chaudière ! Mais pourquoi n’a t-il pas appelé le fixe ?

Paloma décroche le téléphone : aucune tonalité ! Il est bel et bien coupé comme dans les films d’horreur. Mais elle rit, le calva et le vin lui sont montés à la tête !

c’est pas fini ! 

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21/05/2018

La chaudière (partie 5)

Réédition de décembre 2010

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Le lendemain matin Paloma a presque oublié la voiture en panne. Elle se lève, s’habille pour aller travailler. Pendant qu’elle prend un café, elle se met à rêver que le dépanneur sera le même que celui de la chaudière.

À 8 h, une camionnette entre dans la cour. C’est un homme jovial, rondouillard, qui lui change sa batterie en deux temps trois mouvements, et laisse sa voiture tourner.

Paloma reprend le chemin du bureau, en ayant l’impression de changer de vie. Toute la journée, elle pense à autre chose, rêvasse, traîne, se demande si elle va préparer un repas pour Jean-Louis, rougit en y pensant.

Toute la journée elle oublie qui elle est, qu’elle est mariée, sérieuse, posée, sans fantaisie. Le midi elle a enfin eu Hervé au bout du fil. Elle a raconté son aventure, omettant bien sûr le dîner, et même le feu de bois… Hervé pourrait prendre ombrage du fait qu’un mâle allume un feu pour réchauffer sa belle, signe de virilité indéniable, alors que lui n’a jamais eu l’idée d’essayer la cheminée.

Elle invente qu’elle ne savait plus où elle avait mis son portable, qu’elle l’a finalement retrouvé dans sa chambre, mais du salon, emmitouflée sous une couette avec le son de la télé, impossible de l’entendre.

Petits mensonges, petits arrangements avec la vérité. Mieux vaut préserver la paix des ménages. Si ça se trouve Jean-Louis ne reviendra pas ce soir, elle ne reverra jamais, alors à quoi bon alarmer son mari ?

Mais Paloma souhaite quand même que Jean-Louis revienne ! 

Le téléphone fixe ? Ah son patron lui a dit que plusieurs foyers avaient eu des problèmes, la tour Hertzienne, il parait ! Pas d’inquiétude, cela va s’arranger, de toutes façons, elle ne va plus lâcher son portable.

Paloma rentre très tôt chez elle, comme si elle s’attendait à ce que Jean-Louis arrive dès 17 heures. Ensuite elle tourne en rond, nerveuse. Se remaquille dix fois, arrange une fleur sur la table, un coussin sur le canapé, sort des tasses puis les range, des flûtes à champagne, même combat… N’ayons pas trop l’air de l’attendre.
Mais le portail est tout de même ouvert.

À 20 h, le camion entre dans la cour. Paloma va à la porte. Jean-Louis entre en souriant :

- Vous allez bien ? Bonne journée ?

Elle bafouille tandis qu’il entre dans le cellier. Puis après 2 minutes, il ressort, se plante devant elle :

- Vous savez quoi ? Je n’avais pas besoin de revenir !

Et avant qu’elle ait pu dire un mot, il se jette sur elle et l’embrasse à perdre haleine.

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22/05/2018

La chaudière (fin)

Réédition de décembre 2010

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Ensuite c’est… indescriptible. Comme dans les films ! La table de la cuisine et son inconfort. Puis la chambre, puis de nouveau il fait un feu. Ils dînent en se regardant dans les yeux. Puis ils remontent dans la chambre et profite de chaque centimètres carré de peau, de chaque seconde.

Le lendemain matin, Paloma aimerait que la voiture ne démarre pas, que son camion non plus, que la neige ne cesse pas…

Mais après un café, un baiser appuyé, et pas trop de mots, à quoi bon les mots quand on sait que ce n’était qu’une parenthèse, un moment volé ? Après tout ça, donc Paloma reprend sa voiture et sa vie, lui son camion et ses tournées.

La neige fond, la semaine se termine, son mari rentre et la vie a repris son cours. Le dimanche, au marché, alors qu’Hervé est parti acheter le journal, Paloma croise le maire :

- Merci pour l’autre fois ! J’étais vraiment désespérée avec ma chaudière en panne !

- Pas de quoi, voyons ! Jean-Louis vous a arrangé ça ?

- Oui, il a été… Euh… Parfait !

- Tiens le voilà justement !

Le cœur de Paloma se met à battre tellement fort qu’elle croit qu’elle va tomber en syncope. Mais ce n’est pas Jean-Louis qui s’avance, mais un homme dans la soixantaine à la moustache grise.

- Té Jean-Louis, la dame dont je t’ai parlé qui avait la chaudière en panne, le jour où il a tant neigé.

Paloma, à peine remise de ses battements de cœur, bafouille :

- Mais… mais… Ce n’est pas vous qui êtes venu chez moi ! 

De stupéfaction, le maire en ouvre une grande bouche.

- C’était quand déjà ?  demande le faux  Jean-Louis… ou le vrai elle ne sait plus…
Ah oui ! Ça me revient ! Je ne pouvais pas venir, mon vieux père a fait un malaise ! Je vous ai envoyé mon apprenti.

Paloma visualise un gamin boutonneux, un apprenti c’est ça non ?

- Votre apprenti, mais…
Impossible ! Même si c’était un ” vieil ” apprenti, il lui aurait dit ” je viens à la place de Jean-Louis “…
Et il s’est laissé appeler Jean-Louis, même au lit. Quelque chose cloche !

Mais elle n’a pas le temps de poser des questions, le faux Jean-Louis tape l’épaule du maire :
- Tiens ya Dédé, là bas, il nous attend pour l’apéro ! Bon ben bon dimanche, Madame, l’essentiel c’est que la chaudière fonctionne !

Paloma hébétée voit revenir Hervé. Elle se promet de poser des questions autour d’elle pour savoir qui est cet inconnu. L’histoire la travaille un jour ou deux.

Plus tard Paloma a su qu’elle était enceinte et a oublié de poser des questions sur le bel inconnu.

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