Réédition de décembre 2010 

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Pendant le repas, Paloma se sent bien. Après ces trois jours de solitude à la campagne, cette panne de voiture le jour où elle devait enfin revoir du monde, elle a l’impression de ne pas avoir vu d’être humain depuis un mois.

Elle parle, de tout, de rien, de la panne de voiture, de son travail, de son patron. Jean-Louis ne semble pas connaître la petite boîte où elle est comptable, pourtant la ville n’est pas grande. Il explique cela en disant qu’il est souvent sur les routes.
Elle parle de leur installation, de leur envie d’enfants. Du fait que depuis qu’ils sont à la campagne, ils ne voient plus trop leurs amis, alors qu’ils pensaient qu’une grande maison permettrait de faire des fêtes, d’inviter tout le monde à dormir. Mais finalement les gens sont toujours pris, et c’est loin, ça ne s’organise pas comme ça.

Il écoute, il sourit. Il a un beau sourire, une belle dentition pour ne rien gâcher. Il parle aussi, mais pas de sa vie. Il parle de la campagne, de la chasse, des cultures, des habitudes des gens, de leur radinerie parfois quand ils traînent pour payer ses services. Il parle du château abandonné qui a été racheté par un danois.

Après l’omelette, Paloma décongèle une compote qu’elle a faite elle-même, Jean-Louis la complimente, elle rit, c’est tellement simple.  Quand il se lève pour partir, elle le supplierait presque de rester.
Elle prie pour qu’une congère bloque le portail… Vous voulez dormir ici ? Oui bien sûr, dans mon lit, on se tiendra chaud !
Elle rougit intérieurement, mais l’homme n’a rien remarqué.

- Je vais jeter un œil à la chaudière.

Il entre dans le cellier, y reste cinq minutes :

- Bon ça a l’air de fonctionner. Je repasserai demain soir, j’ai un client à voir, à 2 kilomètres d’ici. Mais normalement vous n’aurez pas de problèmes.

Il est plus de minuit quand Paloma se couche, elle se rend compte surprise qu’elle a manqué 5 appels de son mari sur son portable. C’est vrai qu’elle n’a même pas pensé à le rappeler. Elle ne lui a même pas parlé de la panne de chaudière ! Mais pourquoi n’a t-il pas appelé le fixe ?

Paloma décroche le téléphone : aucune tonalité ! Il est bel et bien coupé comme dans les films d’horreur. Mais elle rit, le calva et le vin lui sont montés à la tête !

c’est pas fini !