Deuxième semaine de piqûres, deuxième semaine de prises de sang. Les infirmières ont toujours du mal avec mon absence de veines, mais sous anticoagulant le sang coule quand même. Elles ont du mal à me croire quand je dis qu’à l’hôpital, même si on trouve ma veine, le sang ne coule pas.

Les petites cicatrices se referment. J’ai finalement plus souffert de migraines au début que de maux de ventre. Je pense parfois à la suite, mais finalement le jour où je verrais le chirurgien je serai quelque part ” libérée ” des piqûres, des consultations à l’hôpital même si je dois passer par la case radiothérapie. 

Le temps est lent. La première semaine repos complet. Je n’étais pas au lit je me levais et je ne faisais pas grand chose. Les enfants rentrent le soir, le mercredi Artémis est en télétravail, je l’aidais à faire la mise sous pli. Je trouvais même ça amusant tous ces textes de loi et je lui posais des questions. La deuxième semaine j’ai commencé à faire des petites balades avec Artémis en promenant sa chienne. J’ai même visité un appartement, mais je vais le raconter dans un autre billet, ce n’est pas la même catégorie.
Je suis allée chez l’esthéticienne me faire faire mon vernis, enfin ! Le vernis est interdit à l’hôpital. Avant je faisais ça seule, mais à la campagne ce n’est vraiment pas cher et la jeune femme qu’Artémis m’a recommandée est vraiment adorable, et mérite bien d’être encouragée, d’ailleurs je laisse toujours des pourboires. 

Le temps est lent, je lis, je regarde des séries. il fait encore beau heureusement mais la campagne ce n’est vraiment pas pour moi. 

La cohabitation n’est pas toujours pas facile. Il n’y a pas de dispustes, ni de cris, mais j’ai du mal à me retrouver dans un statut de ” gamine “.
Je peux sortir les chips pour l’apéro ? Non on les garde pour demain. 
Ce n’est rien mais vous me comprenez. 

Je me souviens de ma grand-mère Madame Courbette qui avait vécu ses dernières années chez nous, chez mes parents. Elle avait gardé son appartement mais vivait avec nous suite à plusieurs malaises. Enfants nous nous moquions d’elle car elle n’osait pas demander une fourchette ou se lever pour en prendre une. Je la comprends mieux maintenant ! 

Il y a aussi le fait de vivre sous le regard permanent des mes petits. Les enfants ne sont pas avares de critiques ou de leçons. Tu devrais faire ci, tu aurais du faire ça, tu aurais pu. Tu ne devrais pas boire de lait, fais gaffe avec le beurre. Variante : pourquoi tu fais comme ci ou comme ça ? Ma fille c’est plutôt ça, mon gendre ce sont les conseils sur mon futur appartement, alors que c’est Artémis qui gère absolument tout (paperasses, prélèvements, comptes en banque) 

Si j’étais vache je leur dirai que j’ai du mal à comprendre qu’on soit aussi bordélique, et que je pourrais pas vivre dans un tel bazar !

Mais je ne suis pas vache justement et c’est sûrement le problème !
J’en ai parlé avec des amies et je me dis qu’avec le recul j’en ai trop dit en toute innocence à mes filles. Je n’aurais même pas du leur dire combien je gagnais, et combien je gagne en retraite.  Je n’aurais pas du leur parler de ma vie amoureuse, pourtant je n’ai pas eu de vie amoureuse durant des siècles, mais il y a eu l’époque Tristan (marié) et les jugements de mes filles. 

Au moins à l’avenir je parlerai moins. Tout cela n’est pas bien grave, mais contribue au fait que je m’étiole un peu, que j’ai hâte de retrouver mes meubles, ma liberté et ma tranquillité.

Cette semaine Artémis et Jérémy sont partis en Bretagne chez Benjamin qui vient de déménager pour une maison plus petite et de plain pied. Maintenant qu’il n’a plus sa femme et qu’il n’a plus que William à la maison. Enfin façon de parler ! William est pensionnaire la semaine. Sa petite amie fâchée avec ses parents s’est installée avec son chien chez Benjamin. Il a bon cœur mon père dit Artémis ! En effet ! Et aussi du courage !

Donc là je suis seule dans la maison, je garde le chat et les poules ce qui n’est pas trop contraignant.

Mais je m’égare, je ne suis plus dans la maladie, enfin si un peu dans la convalescence.