Il y a longtemps (j’ai du rechercher dans les archives) j’avais écrit deux billets :
Apprivoiser la ville,
et , où je parlais de Grande-ville-du-Sud.

Je ne me souvenais pas que c’était si loin (2007), mais je me souviens bien de la pression que me mettait Athéna pour que nous déménagions. Elle me menaçait de partir seule y habiter, ce qu’elle a finalement fait quelques années après.

Je voulais relire ces billets avant d’écrire l’actualité, ce qui va encore donner un long préambule, et j’ai été surprise de voir que certaines choses ne changent pas, et d’autres si. J’ai lu des souvenirs oubliés, presque des surprises.

Les choses qui ne changent pas, la phrase du film ” l’Auberge Espagnole ” on se souvient toujours de la première rue, du premier quartier. Je cite souvent cette phrase. J’en ai parlé à Marc mon précieux, pour moi c’est un quartier tout proche du fleuve…
il va falloir lui trouver un pseudo au fleuve), la Gailuronne, tiens ! Quelle réactivité !
Ce quartier restera ma porte d’entrée à Grande-ville-du-Sud.
Les choses qui ne changent pas, ce sont les obstacles majeurs pour partir. Et aussi quand j’avais dit à mes filles : ” si je gagne au loto demain, j’achète un appartement et j’y vais souvent jusqu’à ce que je l’ai apprivoisée “.

Les choses qui changent, je disais à l’époque qu’Artémis contrairement à sa sœur aimait l’Ile de France, n’avait aucune envie de partir, mais me rassurait en me disant : ” Si tu pars avec ma sœur, je viendrais souvent vous voir ! “
Depuis ces billets Artémis est tombée amoureuse d’un garçon de Petite Colline et vit  avec lui dans le Sud au bord de la Louvoise.

J’ai lu avec surprise que je pensais déjà partir à Grande-ville-du-Sud quand j’étais jeune fille.
Mais oui je me souviens maintenant ! Je disais à mes parents les mêmes âneries qu’Athéna m’a dit :
- C’est nul Paris, c’est nul Ville Natale, le Sud c’est mieux, mais comment avez-vous osé me faire naître dans la grisaille ?

J’ai aussi découvert que j’avais aussi pensé à déménager lorsque je me suis retrouvée seule avec mes filles…
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Et après avoir commencé à apprivoiser la ville, ma vie a du prendre un autre virage, ou alors je me suis résignée puisque je n’y peux rien mon Ministère ne changera jamais de ville ni de fleuve.

Mais il est évident que Grande-ville-du-Sud m’appelle encore et toujours, comme un amoureux patient, comme un amant, comme un aimant.
Viens, viens prends ton temps… Quoique tu fasses, quoique tu dises, tu viendras. C’est moi Grande-ville-du-Sud qui t’apprivoise et pas l’inverse.
C’est une musique magique qui résonne à mes oreilles.

Ses briques chaudes, sa lumière, les reflets sur la Gailuronne, le souvenir d’un soir d’été caniculaire, où je portais une robe légère jusque tard dans la nuit, ces moments où l’on se dit : JE REVIS !
Bien sûr il n’y avait pas que la ville, mais chut  !

J’ai recommencé à apprivoiser la ville. Ce quartier porte le nom d’un saint du Sud. Un prénom rare que j’aime autant que le nom du lieu dit de la Sauvageonne. D’ailleurs j’avais appelé le chat comme ça, un chat que les fermiers siamois avaient donné à ma famille quand j’avais 20 ans.

C’est donc dans ce quartier Saint Martial que je continue à apprivoiser la ville, et où je me vois bien m’installer. J’ai encore un peu de mal à me repérer, même si les souvenirs reviennent vite.
Ah oui, là ça me dit quelque chose, mais j’aurais été incapable d’y retourner à pied.

Vendredi dernier, Athéna et Jim sont venus me rejoindre pour aller au restaurant. Jim s’est cassé le pied, il a des béquilles, il fallait donc trouver un resto pas trop loin du parking de Saint Martial. Athéna et Jim avaient repéré un restaurant indien pas loin. Nous marchons sur cinq pattes.

La nuit est tombé, Athéna essaye de repérer l’adresse sur son tél, moi aussi. Jim se moque de nous :
- même avec un GPS vous êtes nulles !

Athéna me montre la rue du pont des bars. Je suis surprise :
- ça veut dire que là bas les lumières que l’on voit c’est le pont des bars ?
- c’est évident maman puisque nous sommes dans la rue du pont des bars !
- oui d’accord, ça j’avais compris, mais je n’aurais jamais cru être si près de la place des bars !

Pour ceux qui suivent j’ai souvent parlé de la place des bars du temps où je faisais le taxi pour mes filles…

Je ne pense pas avoir un sens de l’orientation très développé.
Mais je sais bien trouver des repères, exemple : là je tourne à droite il y a une maison rouge qui fait l’angle, donc au retour je tournerai à gauche quand je verrai la maison rouge. Basique mais efficace !

Parenthèse : En ce qui concerne le sens de l’orientation, j’ai vu pire :
Je me regarde je me désole, je me compare je me console…
Je vous laisse chercher sur Gogol l’auteur de cette phrase bien souvent citée mais très souvent déformée.

J’ai vu pire et ce n’est pas forcément ce que l’on croit : les hommes viennent de Mars et savent lire une carte à l’envers : mon frère est une vraie catastrophe, le pire c’est qu’il est persuadé d’avoir raison quand il explique un itinéraire !
Et si vous voulez tourner en rond toute la nuit, je vous conseille Martine comme co-pilote ! Hihi !
Je m’égare, je m’égare !

Pour finir le restaurant indien était fermé et nous sommes revenus sur la place près du parking dans un joli bistrot au décor authentique, j’ai aimé le grand buffet plein de livres.
J’ai profité de l’occasion pour questionner Athéna et Jim. Jim a vécu à Grande-ville-du-Sud dans un quartier moins excentré que celui où Athéna a eu son premier studio, avant qu’ils ne partent tous les deux pour la campagne. Ce resto c’était dans quel coin ? Et la pizzeria où vous m’emmeniez tout le temps ?
Mais pour eux cela semblait encore plus loin que pour moi, et à part un ou deux repères je n’ai pas avancé beaucoup.

Comme je ne sais pas comment conclure ce billet, voici une chanson qui me fait penser à Grande-ville-du-Sud, que j’ai découverte grâce à mon précieux. Tout à l’heure je l’ai fait passer trois fois de suite dans la voiture, elle ensoleille mes journées et me fait sourire toute seule.