assume0.JPG
 

Parmi les mots utilisés à tort et à travers et bien trop souvent, il y en a un qui m’agaçe c’est ASSUME !

Assumer, à priori on sait tous ce que ça veut dire. Tout petit on vous l’a déjà dit, même si le mot n’était pas encore à la mode :
- Comment ça tu accuses ton frère alors que c’est toi qui a renversé le bocal de bonbons ? C’est pas beau !
Si vous avez beaucoup de choses à vous reprocher, vous irez même à confesse, assumer vos actes.

C’est la même chose à l’âge adulte : je me suis énervée sans raison, j’assume, j’ai donné un coup de pied au voisin, son chien aboyait trop, le voisin m’en veut,
j’assume !

Donc assumer cela veut dire que l’on a fait quelque chose de pas très beau, que l’on a quelque chose à se reprocher, que l’on est coupable.
mais cela peut être aussi quelque chose d’anodin comme oublier un anniversaire.

Assumer ce n’est pas toujours facile, même si on est seul face à soi-même. C’est peut être pour ça que le mot est devenu à la mode, une mode où on psychanalise tout même la façon de mettre nos chaussettes dans le panier à linge !

Assume ! est devenu une sorte de leçon de morale, le doigt levé bien haut, on veut te faire comprendre, que tu es grand maintenant alors assume au lieu de chercher des excuses ! 

Asssume permet aussi de couper court, un peu facile : comment ça tu avais la grippe, une jambe cassée et tu n’es pas venue au brunch de tante Huguette ?
Tu n’es pas venue c’est tout : assume !

Mais là où je sors vraiment de mes gonds c’est quand j’entends :

Comment ça tu ne veux pas dire ton âge ? Assume !

Là ça dépasse les bornes ! Quitte à plomber l’ambiance en philosophant, c’est sûr je vais répondre :

- Pourquoi je devrais assumer ? Je n’ai rien à me reprocher ! Quel acte ai-je commis ? Je n’ai rien demandé moi ! Je n’ai pas demandé à vieillir, à changer de chiffre tous les ans ! Si je ne veux pas dire mon âge ça peut être pour un tas de raisons comme par exemple : “ qu’est-ce que ça peut vous faire je vous connais à peine, pourquoi vous voulez le savoir, et pourquoi est-ce la seule chose qui vous intéresse chez moi et aussi la seule chose que vous allez retenir de moi ? “. Bref, oui je sais je ne suis pas brève du tout, là : qu’est-ce qui vous permet de croire que je suis une personne qui ne sait pas assumer ses actes, quand acte il y a, et que je devrais assumer ?

Ce genre de discours cloue le bec aux moralisateurs de tout poil.

Il y aussi le même genre pour le poids :
- Quoi t’es grosse, ça te boudine ben assume !
Là ” à la rigueur ” je dis bien à la rigueur entre guillemets, on peut supposer que la grosse (ou le gros) sont un tantinet coupables, d’avoir trop mangé, de s’être négligé, de ne pas avoir fait de régime..

Mouais… Faut-il vraiment stigmatiser ces prétendus coupables ? Et est-ce vrai d’ailleurs, le moralisateur le doigt levé bien haut sait-il tout de la vie de la personne en surpoids, sa santé, ses raisons ? Le ” assume ” me parait bien cruel !

Idem pour ceux qui n’ont pas envie d’être sur la photo. Assume !

Assumer quoi ? De ne pas aimer se voir en photo ? De se trouver moche aujourd’hui ? De ne pas aimer poser ? De ne pas aimer son image ?

Là aussi de quoi suis-je coupable ? Qu’ai-je à me reprocher ?
 

assume1.JPG
 

 

Tiens pour conclure, une petite anecdote. Un jour au boulot j’ai mis les pieds dans le plat. Cela faisait trop longtemps que l’on remettait à demain un petit changement tout bête qui arrangait tout le monde (tous sauf un  : ce qui terrosisait le chef à trois plumes).

Donc vu que j’étais au début de la chaîne et que cela facilitait mon travail, j’ai opéré ce petit changement. Je m’attendais à ce que le chef à trois plumes me convoque dans son bureau, oui j’assume ! Et j’avais mes arguments tous prêts à servir..

Sauf que non point du tout. D’abord le chef n’a rien vu jusqu’à ce qu’un collègue (le seul qui ne voulait pas que ça change) court me dénoncer.
Le chef a convoqué un de mes potes, le soupçonnant de m’avoir poussée au délit. Pour finir le chef à trois plumes m’a envoyé un mél avec copie à tout le monde, pour rappeler que c’était lui le chef et qu’il ne savait pas si j’avais pris la décision toute seule… et qu’on allait faire une réunion pour en parler …sauf que ça faisait deux ans qu’on l’attendait la réunion.

Ce qui prouve bien que même quand on assume ça ne sert à rien !
Par contre l’acte en lui-même a bien donné le résultat escompté… faire bouger les choses !