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Lorsque j’étais enfant, nos éducateurs (parents, instituteurs) mettaient un point d’honneur à nous expliquer ce qu’il ne fallait pas dire ! Transformant ainsi un enfant spontané en petit être timoré, toujours à se demander si c’était bien comme il faut avant d’ouvrir la bouche… Pourquoi je n’ai pas le droit de dire à la dame qu’elle est moche, et qu’elle ne peut pas avoir des cheveux de Barbie à 70 ans ?

J’exagère à peine !

Et puis les années “ communication ” sont passées par là. D’où est venue la vague, je l’ignore, mais on a coutume de dire que tout vient de mai 68. À moins que ce ne soit l’influence du Big Bazar de tous ces mouvements de hippies aux fleurs dans les cheveux, où l’on a décidé que tout le monde est beau est gentil, et que c’est bien  aussi savoir dire ce que l’on pense et ce que l’on ressent.

Bien sûr c’était plus facile pour les jeunes que pour leur parents. Des parents guindés voyaient avec surprise leurs enfants se faire si facilement des amis, sans aucun préjugés ni tabous.
Le langage était plus libre : Ah bon tu as dit à Henri que sa veste ne lui va pas ? Pour lui rendre service ? Et il ne s’est pas vexé ?

Et tout comme on entend des phrases que l’on aurait bien aimé inventer, nous avons appris des phrases toutes simples, qui coulent de source, et dont on se demande pourquoi on ne les as pas utilisées avant.
Un grand malheur frappe un proche, un de ces grands choc qui laisse sans voix, comme le décès d’un être trop jeune.
“ Je ne sais pas quoi dire ” accompagné d’un geste d’affection.
Tellement simple, tellement évident…

Récemment un ami encore jeune me disait qu’une de ses collègues avait perdu son père. Il se sentait maladroit, sans mots comme je l’étais probablement au même âge. Je lui ai dit qu’il ne devait pas se sentir obligé de dire quoi que ce soit.
Écoute, pose des questions éventuellement, ne commet pas l’erreur de comparer.  Surtout pas “ le frère de l’oncle de mon beauf est mort aussi d’une crise cardiaque ”.

Plus tard la communication étant devenu un fond de commerce, nous avons vu les vitrines des librairies se remplir de livres de conseils, “ Comment devenir un bon collègue, un chef parfait ” ” Comment communiquer avec son conjoint “.

Puis des stages que j’ai suivis, certain avec amusement, jeux de rôles par exemple, d’autres avec un sourcil froncé et circonspect.
Si la sauce est américaine et si c’est trop norminatif je ne digère pas.

À nos enfants nous avons appris aussi à communiquer et aussi à comprendre les relations humaines.  On ne leur dit plus comme j’ai entendu : Lucie ne veut plus te parler ? Ça prouve que c’est une bécasse, oublie là !
Variante : elle doit être jalouse de toi !
Réponses qui n’aident absolument pas l’enfant.
On essaye de comprendre et d’expliquer. Pas toujours avec bonheur bien sûr. Nous ne sommes pas tous des professionnels de la communication.

Mais toutes ces phrases là, toutes ces phrases qui vont sans dire, j’ai presque envie de les remercier !