Je me suis découvert une nouvelle passion. Enfin pas si nouvelle que cela.
J’ai toujours aimé les cartes postales anciennes, voir à quoi ressemblait un endroit que je connais bien… En noir et blanc, avec des robes longues et des charettes à cheval…
Je les ai souvent regardées dans les vide greniers, sans me fixer sur une ville en particulier, Petite Colline, Petite Ville du Sud, Ville Natale. Je n’en achète pas, je trouve ça hors de prix, j’en ai vu à 30 € mais je sais qu’il y a pire sur les sites d’enchères.
Mais je n’étais pas réellement passionnée. Et puis tout a commencé avec les groupes Face de Bouc. Vous savez ceux qui commencent par ” Tu sais que tu viens de Ville Natale quand… “.
Durant des années ils n’ont eu aucun intérêt. ” Tu sais que tu viens de Trifouillis quand tu mangeais des petits pois à la cantine “.
Sans compter les ” qui se souvient de M. Machin ” qui partaient en conversation dans les commentaires entre deux mamies 2.0 qui n’ont jamais entendu parler de MP. Tu ne serais pas la soeur de Machin Truc ?
Et puis des membres ont commencé à poster des photos anciennes, surtout sur Ma Ville, et un peu sur Ville Natale.
Mon intérêt pour Ville Natale a été de courte durée. C’est une trop grande ville, peu de chance de trouver une photo de ma rue. Et puis c’est une ville historique, très protégée, elle n’a pas beaucoup changé. Alors voir des vieilles voitures et des robes longues, sauf si on a connu l’époque, mouais.
En réalité ce qui manque est sans doute la vie, une certaine façon de vivre.
Eugène me racontait que quand il était petit, bien avant qu’on ne construire la piscine municipale, lui et ses copains se baignaient dans de grands réservoirs dans le parc du château. De grands réservoirs en béton étroits et profonds où l’eau paraissait noire. J’avais du mal à imaginer cela, d’autant que ces réservoirs existent toujours, mais sont interdits au public. Ces bains ont été fermés soi disant pour raisons d’hygiène (qui n’avait gêné personne jusqu’alors)surtout parce que la piscine venait d’être construite et était payante, elle.
Plus incroyable encore, ces bassins servaient de patinoire l’hiver, autant dire que la sécurité à l’époque n’était pas une priorité !
Aussi c’est avec une grande émotion que j’ai pu voir une photo de ces fameux bassins. C’est sans doute tout l’intérêt de ces cartes postales : voir une façon de vivre. Mais pour en ce qui concerne Ville Natale, je n’ai pas eu beaucoup d’autres coups de cœur pour les cartes anciennes. Cette ville est magnifique et je n’ai pas besoin de cartes anciennes pour m’en convaincre.
Mais pour ce qui est de Ma Ville, j’ai été tout de suite passionnée ! La première carte d’ailleurs est celle que m’a montré mon voisin : une photo de l’allée où nous habitions, une photo très rare. Deux exemplaires seulement connus : un à la mairie, l’autre chez mon voisin qui me l’a gentiment scannée.
Ma Ville, ma ville d’antan, c’est tout un charme que Ville Natale ne peut pas avoir. Quand le chemin de fer est arrivé, Ma Ville avec ses bois, ses étangs, ses guinguettes, ses jardins ouvriers est devenu la campagne des parisiens. En particulier des ouvriers de Renault qui travaillaient pas loin, sur l’Ile.
Ma Ville était la campagne, des vaches broutaient au bord des étangs. Et même si cette petite ville de campagne a subi des changements extraordinaires, de nombreux endroits n’ont pas changé.
Les balades aux étangs, les guinguettes, les jardins ouvriers qu’on venait cultiver le week-end, le chemin de fer pour se déplacer, tout cela c’est la vie que m’ont raconté mes grands parents, dont mes parents ont des souvenirs aussi. Les dimanches à la campagne, les dimanches seulement il y avait peu de jours de repos.
Un milieu populaire, une vie simple, les longues balades en forêt, les pique niques, les parties de pétanque, les femmes en chapeau qui surveillent leurs enfants sur un banc, tandis que les pêcheurs attendent que ça morde.
Ce décor champêtre et forestier paraissait extraordinaire à l’époque. Aujourd’hui même si les pêcheurs sont toujours là, ce décor paraît banal. Les gens sont blasés, le derrière dans leur voiture. Quand je parle de certains endroits de Ma Ville, ils ne les connaissent même pas, à part les cyclistes et les joggeurs. Les gens partent loin, un étang ? Ah bon, pourquoi faire ?
Je vous l’ai dit j’ai quitté Ma Ville pour Belle Voisine tout en restant dans le même quartier. Belle Voisine c’est la même chose, côté nature, mais beaucoup moins d’histoires et de cartes postales. Car Belle Voisine c’était un grand parc que se sont disputés des années durant le comte de Ma Ville et le Roi de Ville Natale. Comme certains départements, elle a appartenu à l’un ou à l’autre avant de devenir une ville.
Je collectionne donc les cartes postales. Mais virtuellement ! Une collection réelle, je ne saurais pas où la mettre, et je ne les verrais jamais. Je trouve les prix exagérés et puis à quoi bon ? Aujourd’hui on peut tout scanner et même les améliorer quand la qualité est mauvaise. Artémis m’avais offert un livre sur Ma Ville où on trouve toutes les cartes postales et l’histoire de la ville.
Je les ai toutes sur mon disque dur, un jour j’en ferai peut-être une livre photo photo ou des posters. J’ai eu la surprise de voir ma rue, celle où j’habite sans aucune construction, juste le pont de chemin de fer et la gare au loin.
Ce qui est drôle aussi c’est de voir des cartes plus récente. Ma Ville n’est pas touristique, personne n’aurait l’idée d’envoyer une carte postale souvenir. Et pourtant on voit des cartes avec des vues plus qu’improbables, datant des années 60 : une station service, un immeuble, la mairie, les bois ! La mairie et les bois passe encore, mais le reste ! J’en ai acheté une ou deux, d’ailleurs.
Ces photos ne m’appartiennent pas, mais certaines m’ont demandé beaucoup de recherches. En conséquence, je les garde égoïstement et je les partage peu. Mes filles se moquent de moi, les vilaines en disant que j’ai des passions de ” seniors ” !
Un jour j’aurais fait le tour, j’aurais toute la collection, il faudra que je trouve une autre ville, mais je ne vois pas laquelle. Car bien sûr il faut un certain attachement affectif.
