cafeJe me fais souvent une réflexion étrange, ces temps ci…

Souvent j’appelle ma maman. Bien sûr ma maman peut m’agacer, bien sûr nous ne nous ressemblons pas, bien sûr elle parle trop, n’écoute pas assez. Il n’empêche !

Au moindre petit souci, je l’appelle. Et même cela m’énerve si elle n ‘est pas disponible, partie garder une petite fille :
- maman je n’ai pas le moral, plus de sous, je suis malade…

Je dis bien ” petit souci ” parce que si j’en avais un gros, ou si j’apprenais quelque chose susceptible de lui donner du souci, je la ménagerais comme nous le faisons de plus en plus, mon frère, mes sœurs et moi. Quand sa maman prend de l’âge, quand on sait qu’elle est seule, qu’elle ne travaille plus, donc ressasse bien plus qu’avant, on fait le tri dans ce qu’on lui dit ou pas.

Alors maman rassure, écoute, console, dit des mots simples et banals… “ne te fais pas de soucis, ça va s’arranger” ou encore montre le côté positif : ” d’accord tu n’as plus de sous, mais tu n’as plus de dettes, c’est mieux que l’an dernier, non ? “

Et ça marche ! Parce que c’est maman !

Et puis Athéna m’appelle : ” maman, je n’ai pas le moral, plus de sous, je suis malade…”
Artémis est différente : plus secrète sur ses états d’âme, et plus bébé : elle m’appelle en larmes parce qu’elle s’est trompée de bus, qu’elle est perdue, ou que sa sœur l’a laissée tomber dans la discothèque, ou qu’elle a perdu son portable (3 fois déjà ! )

Alors Louisianne rassure, console, dit des mots simples et banals : ” ne te fais pas de soucis…”, ou encore agit : ” je m’en occupe “. Et ça marche !  Parce que c’est maman !

Un jour alors qu’Athéna 11 ans, m’avait déjà dépassée en taille, elle m’a dit :
- ça ne te gêne pas que je te dépasse ?
- non ! Je suis contente pour toi ! Et toi ça ne te gêne pas une mère petite ?
- tu es peut être petite, mais tu es rassurante quand même !

Et quand je me surprends à prononcer les mêmes mots que ma maman, à changer de rôle, cela me fait drôle.
Je me dis que je suis le maillon d’une chaîne, le maillon de la chaîne de la vie.

Petite fille car on l’est toujours tant qu’on peut pleurer sur l’épaule de maman ou de papa (papa, hélas je ne peux plus) et la mère qui rassure et qui console et parfois s’en étonne, s’étonne de ce pouvoir, alors qu’à une autre heure du jour, la mère était la petite fille.