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Comme dit la chanson de Patricia Kass, (dont les paroles sont de Jean-Jacques Goldmann, d'ailleurs).
Ya t-il un soir, un moment,
où l'on se dit c'est plus pour moi,
Tous les mots doux, les coups de sang,
Mais dans mes rêves j'y ai droit.

Quel que soit l'âge, même jeune, ce moment où on baisse les bras : terminé pour moi la séduction, la recherche de l'âme soeur ! Et tant mieux ! Na !

A l'adolescence avec ma soeur, on voyait même la vieillesse comme un soulagement : tu imagines, on pourra manger toutes les religieuses au chocolat qu'on veut, on ne se préoccupera plus de la balance, ni de plaire, chouette !
Nous ne savions pas encore qu'à l'âge de la retraite, l'appétit a déserté, mais  l'envie de plaire pas toujours !

Après une rupture, ou tout simplement parce qu'on avance en âge, qu'on est fatiguée de se poser des questions, d'aller de déceptions en déceptions, on se dit que finalement le sexe opposé on peut s'en passer. On se tient intérieurement un petit discours pour se motiver :

Je ne suis plus une ado obsédée par l'envie de plaire. Finie la période où je croyais que je n'avais rien pour plaire ! Un homme, d'accord c'est mieux avec, mais on peut aussi vivre sans ! Il y a des tas de choses qui m'intéressent dans la vie, et je ne veux pas ressembler à ma copine Carole qui n'a d'autre centre d'intérêt dans la vie que la chasse aux mecs ! Et puis quand je regarde autour de moi, je ne vois pas beaucoup de mâles qui me plairaient. Je ne sais pas pourquoi j'ai l'impression qu'ils se ressemblent tous, c'est pas bien de penser ça, je sais. Mariés, deux enfants, une grosse voiture, accro du boulot, sans humour, sans imagination. Le petit Arnaud de la compta ? Il est gentil. C'est justement ça le problème, gentil c'est tout, sans personnalité, sans couleur, sans saveur.
C'est sûrement moi qui débloque. Comme disait ma mère quand j'étais jeune :
- tu trouves des défauts à tous parce que tu n'as pas encore trouvé le bon !
- mais puisque je te dis que tout ça c'est plus pour moi !

Pour une femme seule avec des enfants, ce n'est pas trop dur d'avoir cet état d'esprit ! Elle a de quoi s'occuper, se libérer même pour une soirée peut s'avérer un marathon surtout si le père ne prend jamais ses enfants. Dans ces conditions, facile de dire la phrase que disait déjà ma grande tante : "pour le moment j'élève mes enfants, après on verra ! "

Et puis quelque part c'est reposant. Bien sûr on continue à se maquiller, s'habiller correctement, essayer des chaussures et des fringues. On ne se refait pas ! Et il y a aura toujours une soeur, copine, fille pour vous dire : ça te va drôlement bien ! Parce que ne nous leurrons pas, ce ne sont pas les hommes qui vont remarquer votre nouvelle tenue !

Pourtant, même dans ces périodes là, il y a toujours un moment, un soir de déprime, où je me pose des questions. Contradictions, ambivalence, comme toujours !
Toute une vie sans plaire c'est possible ? Comment font les pauvres gens qui ne plaisent pas ? Est-ce que je vais vraiment le supporter le jour où comme dit Benoîte Groult dans son livre La Touche étoile, je deviendrai invisible parce que trop vieille ?

Et puis un jour... Un beau mâle pointe le bout de son nez. Je dis beau, mais il peut être laid, peu importe. Disons un mâle qui me plaît. Au début je le vois de loin, je le connais un peu. Il est beau, mais ça s'arrête là, si je regarde bien il n'est pas parfait. Mais il s'approche, il s'intéresse à moi !

Et là tout change. Tout ça c'est plus pour moi, vous voulez rire ! La séduction revient à vitesse grand V. Est-elle jamais partie d'ailleurs ? Je m'aperçois que je veux séduire. Que je sais séduire sans en faire trop. Plus jeune je me sentais coupable, oh la la, mais tu fais quoi là, tu changes de comportement, ce n'est pas normal, tu dois rester aussi naturelle que si tu étais avec une bonne copine. Puis j'ai appris que la séduction était naturelle et pas un péché mortel et qu'en manquer était gênant !

Le geste, le regard, le sourire, tous les sens en éveil, comme après un long sommeil. J'avais oublié ce léger frisson quand il me touche le bras. C'est aussi dans un livre de Benoîte Groult que j'avais lu : "regarder une bouche et ne plus faire attention à ce qu'elle dit". Et bien sûr les petites peurs qui reviennent du fin fond de l'adolescence. Oh la la je parle trop là, il va me prendre pour une chieuse, aïe je ne parle pas assez, il va me prendre pour une godiche ! Quelque soit l'âge c'est toujours la première fois !

Et qu'importe la fin de l'histoire, comme dans les chansons, tout à coup, le ciel est plus bleu, le quotidien moins lourd à porter. Soudain radieuse, on séduit encore plus !

J'ai même vu un jour une mamie, lors de sa dernière année d'activité professionnelle, redevenir coquette parce qu'un jeune stagiaire charmant et bien élevé la complimentait sur ses tenues !

La séduction, l'envie de plaire, on ne peut vivre sans, finalement !