Je n’ai pas d’amis. Si on dit ça on passe tout de suite pour une asociale, limite autiste. Et pourtant !
Je pense être d’une compagnie agréable. Ouverte, sociable, gaie. Sans être extravertie, ni cabotine, ni mondaine, (sinon je ne serais sûrement pas là en train d’écrire) je ne suis pas non plus celle qui reste dans son coin et ne parle à personne. J’aime trop parler pour ça.
Cette tare (je n’ai pas d’amis) ne se voit pas forcément ! Par exemple au bureau, personne ne le soupçonne : j’ai une famille nombreuse, donc de nombreux repas de famille, des fêtes (communions ou autres), je passe mes vacances en famille, ainsi que les réveillons. J’ai toujours des choses à raconter. Je vois aussi des copines croisées dans des stages, que je ne vois jamais en dehors du travail.
Mais chacun sait que la famille ça ne suffit pas. Même proches, nous sommes différents.
La solitude, je ne la fuis pas, je l’apprécie même. Mais pas tout le temps !
Les amis disparus
Bien sûr ça n’a pas toujours été comme ça. Des amis j’en ai eu, et plus d’amies bien sûr. Les amies d’adolescence : on grandit, on évolue. On s’aperçoit que l’on ne se ressemble pas tant que ça. J’ai toujours vécu assez douloureusement ces deuils, mais on n’y peut rien, c’est la vie. Les amies qui, une fois mariées, ne font plus rien sans leur mari ou leur famille. Il faut se voir à quatre ou plus avec les enfants. Pour peu que nos maris respectifs n’aient pas d’atomes crochus, c’est difficile. Et puis pour de nombreuses femmes, où est le plaisir quand on reçoit ? Savoir qu’il faut préparer un dîner, se lever entre chaque plat, débarrasser, vous savez que vous ne profitererez pas beaucoup des conversations, ni de la soirée.
Dans le même style, il y a ceux qui ne sortent jamais sans leurs enfants. J’ai beau être une mère poule et adorer mes filles, je ne comprends pas ça. Imaginez vous invitez deux couples (2 enfants par couple), avec vos enfants, ça en fait 6 ! Vous les casez où quand vous est logés à l’étroit ? Pour peu qu’ils soient petits, les parents passent plus de temps à les surveiller, (voire à vous déranger pour faire chauffer biberons, petits pots) qu’à discuter avec vous, ce qui était tout le même le but ! (cette réflexion pourrait aller dans plan galère, voir plus bas)
Les amis du couple, ceux qui disparaissent après le divorce pour diverses raisons. Les perdus de vue, pas d’effort, pas d’envie. Ceux qui ont déménagé en province, on se déplace une fois chacun et on s’oublie.
Les coups d’épée dans l’eau
Le jour où vous vous retrouvez une femme seule à élever ses enfants, c’est là sans doute que vous réalisez le mieux que le vide s’est fait dans le carnet d’adresses. On invite pas forcément une femme seule, sauf si c’est une très vieille amie, presque de la famille.
Quand on a pas beaucoup d’argent pas facile de sortir. Les filles font des activités, parfois deux activités, moi je passe après, c’est à dire jamais. Mais je ne suis même pas sûre que cela changerait quelque chose. Chaque fois que j’ai connu un groupe sympa, réunis par quelque chose de commun, (stage, voyage, cours de langue) j’ai proposé d’organiser quelque chose : ” allez on se fait un repas au resto, on se revoit, on s’invite “. Toujours partante pour organiser, réserver une table, envoyer des méls à tout le monde en proposant des dates, ça se termine toujours de la même manière : trois qui ne répondent pas, 4 qui disent oui, puis non, se trompent de date, ont oublié un rendez vous, annulent. Sur les quatre qui restent deux annulent à la dernière minute. Et si par miracle les retrouvailles ont lieu, ce sera une fois mais pas deux.
Il y a aussi les parents des amis des enfants. Seulement là aussi pas facile pour une femme seule. Un ami à moi parti en province avec femme et enfants, a mis deux ans à se faire de nouveaux amis, et les a trouvé par le biais des enfants. Mon frère a changé de ville avec femmes et enfants. Ils ont connus deux couples, parents de copines de leur fille aînée. Mon frère court ou fait du vélo le dimanche matin avec les hommes. Ma belle sœur, plus occupée et plus réservée ne voit les femmes que lorsqu’ils dînent ensemble. De là à penser qu’il faut un homme pour se faire des amis, il n’y qu’un pas à franchir… que je ne franchirai pas.
Je n’ai pas renoncé, j’ai essayé. Quand les gens étaient sympathiques, quand on se croisait trop souvent sans avoir le temps de parler, je les invitais, à prendre l’apéritif ou à dîner. Seulement je n’étais jamais invitée en retour.
Plus simple en théorie : une femme avec qui je sympathise. On se met à parler cinéma, théâtre, je propose une sortie. ” oui bien sûr bonne idée “. C’est comme ça que je me suis retrouvée souvent avec deux places de spectacle à inviter à la dernière minute, ma vieille maman ou ma petite sœur !
Quelque part j’ai gardé en moi une part de jeunesse ou de disponibilité que sais-je ? Je suis toujours partante, toujours d’accord. On m’invite à une fête à Marseille la semaine prochaine, je pars. Seul mon porte monnaie me retient ! Mais les gens me déçoivent par leur immobilisme. Ils vous trouvent bien sympa, bien agréable, ils ont l’air terriblement dynamiques et ouverts, tant que vous leur ne demandez pas de bouger leur fesses.
Ceux qui ont déjà essayé d’organiser une fête ou un mariage savent de quoi je parle ! Il y a des gens pour qui c’est très compliqué de réserver une chambre d’hôtel, on dirait qu’on leur demande la lune.
Les plans galère
Jusque là j’ai parlé de personnes à priori sympathiques, ceux que j’ai eu envie de connaître, vers qui j’ai eu envie d’aller. Mais à force de solitude, on accepte parfois sans le savoir des plans galère. Ça m’arrivait du temps où je disais les choses qu’il ne faut pas dire ” je n’ai pas d’amis “. Du coup on se voit proposer des plans, sans savoir qu’ils sont galères !
Une copine que je connais depuis longtemps, sans la connaître. Je m’explique. Célibataire endurcie, c’est une baroudeuse, elle a fait le tour du monde. Femme de tête, sérieuse, relativement solitaire, peu portée sur la confidence, pas vraiment boute en train. Ce qui fait qu’il n’y a jamais vraiment eu d’intimité entre nous, donc je la connais sans la connaître. Bien sympa elle me propose un jour un voyage de trois jours en Italie, avec une autre copine à elle. Bien sûr j’ai apprécié le paysage, j’en ai profité. Mais un soir il y a eu une soirée dansante. Elles n’aimaient pas danser, et tiraient la tronche aux deux hommes du groupe qui voulaient sympathiser. À tel point que j’en étais gênée : Excusez les !
Pas facile de faire des choses avec des gens avec qui on a pas d’affinités.
Au bout de trois jours, en manque de fous rires, j’aurais fait le pitre sur une table pour me défouler !
Autre plan galère, j’avais accepté une randonnée du dimanche matin avec des copines de ma sœur. Sauf que j’ai bien vite compris que la randonnée ce n’est pas mon truc, et que j’ai eu du mal ensuite à refuser les gentilles invitations.
À choisir parfois, la solitude est préférable !
Résignation
Les coups d’épée dans l’eau, j’ai laissé tomber. Je n’invite plus personne. Quand les gens sont sympas, je me dis c’est bien, mais je n’attends plus rien. On dirait que les gens ont leur quota d’amis. Et surtout pas envie d’en faire plus, d’en faire trop. Ce qui fait que parfois vous croyez rêver quand une personne que vous connaissez à peine propose de vous rendre service. Je comprends mieux qu’on me prenne pour une fada parce que je le fais spontanément !
Les plans galère j’ai arrêté aussi. J’ai compris qu’il y a des choses qui ne se disent pas. Je n’ai aucune envie de faire pitié.
Résignée mais pas désespérée. J’aurais peut-être de bonnes surprises un jour.
2 réactions
1 De An' - 14/12/2009, 16:20
Je comprends aussi. Parfois je me dis que je dois prendre des nouvelles de mes amis alors je prends mon téléphone et je passe des coups de fils. Mais je trouve que mon téléphone à moi ne sonne pas souvent… Et du coup, quand il sonne ça romp la routine et presque ça dérange. On s’est habitué à tout faire par e-mail aussi alors que c’est si sympa une conversation à deux.
Il n’y a pas que les gens avec des familles qui deviennent casanier. Le célibataires sont aussi durs à secouer. ça perturbe leur emploi du temps vide! C’est un problème de notre époque?
2 De Louisianne - 14/12/2009, 18:19
♥ An’ : Oui peut être un problème d’époque, et pourtant il y a tout de même des gens qui aiment bouger ! Je commence à en rencontrer !