Toussaint_018

Mon souvenir d’été, je pensais le revoir en été. J’aurais une robe légère, je serais bronzée et j’aurais l’esprit léger. Et puis après j’aviserais. Il me dira quelque chose, et je verrais ce que j’ai envie de répondre. Ou alors il ne me dira rien.

Seulement voilà ce n’est pas Louisianne qui décide, c’est le destin, ce vieux farceur !
C’est la Toussaint, il fait froid, je n’ai pas de robe légère, mais un gros manteau. Je vais faire un tour au marché et je vois Marc… et sa femme. Je dis bonjour à sa femme en premier, elle me dit qu’elle m’a aperçue au supermarché mais qu’elle n’était pas sûre que c’était moi. Puis elle s’éloigne aussitôt pour parler à quelqu’un d’autre me laissant seule avec Marc.  Elle n’a jamais essayé de me connaître, ni de me parler.

Nous nous retrouvons face à face à parler. De la difficulté de chauffer les maisons en pierre du pays, de nos enfants. Les siens qui s’ennuient à la campagne, les miennes qui s’amusent bien car elles ont plein de copains ici. Il me regarde tout de même intensément. Je suis gênée, mais je pense que ça ne se voit pas. Comme dans un film défilent devant mes yeux, les images de cet été, le mur de l’église en pierre, la nuit d’été, jusqu’à la robe que je portais ce soir là. Je me surprend à fixer ses lèvres, signe indéniable chez moi, à le trouver beau, à le détailler comme il le fait aussi.

Cela m’agace un peu tout ça. De se parler comme avant, alors que ce n’est pas comme avant, car entre temps il y a eu cet été. J’ai l’impression de faire des mondanités : pire de me moquer complètement de ce qu’il raconte… Lui aussi sans doute. Puis je finis par m’éloigner, à bientôt, à Pâques peut-être ?

Ensuite je n’y repense plus. J’étais un peu gênée mais pas troublée. Et puis je n’ai personne à qui en parler, alors je passe à autre chose.

Puis de retour chez moi, j’appelle un ami, il raconte ses vacances, je raconte les miennes, et puis bien sûr je dis : “devine qui j’ai vu ?”.

Je lui ai raconté, il riait, m’a demandé si j’étais stressée (non ce n’est pas le mot) si la présence de sa femme me gênait, (pas vraiment puisqu’elle m’ignore et ce n’est pas la première fois que je discute avec Marc).

Je lui ai dit que j’aurais préféré le voir seul à seule et être fixée… Il m’a dit : “plutôt que de discuter comme des gamins”. À mon tour de rire !