oreille_ane_by_louisianneTu me dis que tu déprimes, que tu n'aimes pas ta vie...
Que tu n'es heureuse que quand tu sors, quand tu vas danser avec tes copines, que tu n'es heureuse que le week-end.

Tu as 17 ans, tu es la plus belle. Quand je te vois rire et te préparer le vendredi soir avec tes copines, te maquiller, essayer mille fringues. Quand je te vois danser la tecktonik, souple et féline, quelle chance tu n'as jamais eu de problèmes de poids !

J'ai du mal à y croire, et pourtant j'ai été ado aussi, je sais qu'on peut rire, s'amuser et se sentir mal à l'intérieur. Tu me dis que tu veux essayer les antidépresseurs, que les psys ne servent à rien, qu'ils n'ont pas de baguette magique.

Je te réponds que tu n'es pas dépressive, tu es anxieuse, pessimiste, avec des périodes noires et des périodes bleues. Je te connais, dès que tu es fatiguée ou malade, tu vois tout en noir. Mais tu réponds que je n'y connais rien.

Tu dis que tu es consciente de ta chance, que tu sais que tes copines n'ont pas une mère aussi cool, n'ont pas une armoire aussi pleine. Mais tu m'en veux de t'avoir inscrite dans un lycée privé, méchante mère qui veut que sa fille travaille, méchante mère qui sait très bien qu'il faut te surveiller, t'encadrer. Je ne te dis pas que si je veux que tu travailles, c'est parce que je m'inquiète pour ton avenir, mais que je n'ai jamais voulu faire de mes filles des bêtes à concours, je veux juste qu'elles soient bien dans leur peau.

Je te dis que la vie ne peut pas être une fête perpétuelle, que l'été n'aurait aucun intérêt sans l'hiver, que les vacances n'auraient plus de charme si on ne travaillait pas. Je te dis qu'il y a sûrement des choses que tu aimes dans ton quotidien, des choses plus simples, moins trépidantes que tes week-ends.

Je ne te dis pas que ta déprime me fait mal, parce que je fais tout pour tu sois heureuse. Ta déprime me fait mal parce que je me demande si j'ai fait quelque chose de travers...
Culpabilité de la mère qui élève seule ses enfants et se demande ce que peut faire le manque de père, même si leur père, elles le voient.

Parfois je me dis que j'échangerais bien tes soucis contre le miens, ta place contre la mienne ! Et pourtant moi aussi je me demande maintenant comment j'ai pu autant me torturer l'âme quand j'étais jeune pour des broutilles, alors que si j'avais connu l'avenir, j'aurais su qu'il n'était pas si mal que ça !

Je me rappelle avoir dit la même chose à mon père un jour, en vacances : je n'aime pas le jour, je n'aime que m'amuser la nuit et si il n'y avait pas ça à quoi bon vivre ?
Je lui avais fait tellement de peine, que je n'en ai jamais reparlé... J'ai grandi et trouvé d'autres plaisirs plus simples...

Je ne te dis pas que même si j'ai de bons souvenirs de ma jeunesse, elle n'a pas été si dense que la tienne, je ne suis jamais autant sortie, je n'ai pas eu autant d'amis !

Toi tu ne connais pas l'avenir, mais moi je le connais ! Tu n'as pas de problèmes pour plaire, même si tu t'inventes des complexes. Tu ne seras jamais seule car tu es généreuse, tolérante, sans une once de jalousie envers tes amis. Tu aimes ta famille, la proche (Athéna et moi) comme la plus lointaine, cousins et cousines, tu n'es pas en rébellion contre les traditions familiales comme Athéna.
Tu as du mal pour le moment à exprimer tes sentiments, tu te crois mal aimée ou pas aimée du tout, mais tu apprendras tout cela. Tu es hyper sensible donc attentive aux autres.
Tu es intéressante, car secrète, mystérieuse, tu fais partie de ces gens qui ne dévoilent pas tout au premier instant, mais qui donnent envie de les connaître mieux. La plupart des gens ne voient rien, mais ceux qui t'aiment, t'aiment pour la vie.
Tu es attachante et tu ne le sais pas. Et tu auras une belle vie, car tu as du coeur.