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Je n’en suis pas à une contradiction près et vous allez bien vite comprendre pourquoi.

Jeune j’ai souvent reproché à mes parents de ne pas avoir d’amis, ils ne fréquentaient que la famille. Je vous rassure, les fêtes, les invitations il y en avait beaucoup !
Mon père Eugène avait gardé ses amis d’enfance, mais c’était plus eux qui le relançaient que l’inverse. Beaucoup d’hommes sont comme ça, si Madame ne pense pas à inviter, ils n’y pensent pas non plus, mais pour Eugène c’était la corvée de les voir et pourtant ils les aimait bien ! Mais il aimait surtout rester en vase clos dans sa famille nucléaire  !

Voilà donc la discussion philosophique que j’ai eue avec Athéna :

Qu’est ce que l’amitié ? A t-on vraiment des amis ? Qui nous écoute vraiment ? Qui se soucie vraiment de nous ?
Quand ils déménagent on les perd de vue, mais a t-on vraiment envie de les revoir et de garder le contact  ? Là c’est Athéna qui parle, moi je garde toujours le contact, mais je finis par me lasser si c’est à sens unique. 

Qui sont ces gens dont on était si proches, et qui ne répondent même pas quand on les invite pour notre anniversaire, moment important ils devraient le comprendre ?
Qui sont ces gens qui ne demandent même pas de nos nouvelles, après un deuil, un accident, une tuile ou autre ?

La question que je me posais et que je partageais avec ma fille était : suis-je vraiment faite pour l’amitié ? Est-ce que je ne ressemble pas à Eugène finalement ?

Je constate que les gens qui n’ont pas de famille, comme mon amie Didou arrivent à créer des liens très fort avec leurs amis.

Par exemple quand Didou a été hospitalisée d’urgence, ce sont deux amis qui sont allés chez elle lui chercher des vêtements. Honnêtement je ne connais aucun ami assez proche (même ceux et celles qui viennent chez moi) pour leur demander ça.

Si je devais  être hospitalisée d’urgence, mon réflexe serait forcément de contacter un membre de ma tribu, fille, mère, sœur, frère, comme la plupart d’entre nous.

Mais les gens comme Didou n’ayant pas de famille sont en quelque sorte obligés d’avoir des amis aussi proches.

Certains les appellent d’ailleurs ” vrais amis ” mais pour moi il n’y a pas de faux.

De plus en plus souvent je dis ” copain - copine ” car pas plus qu’il ne faut salir le mot ” amour ” il ne faudrait salir le mot ” amitié ” !

J’ai souvent dit que je n’aime pas les amies femmes.

J’ai tort ? Peut-être mais je ne peux rien y changer. Je suis comme ça. J’ai des copines et quelques amies qui sont d’ailleurs atypiques !

C’est peut-être la raison pour laquelle je vois l’amitié différemment. Mes amis hommes sont totalement craquants. Ils m’invitent au resto ou me font la cuisine, il peut nous arriver de boire comme des trous, de rire comme des fous, je peux les appeler si j’ai un meuble à déplacer.

Je n’ai jamais encore essayé le ” je suis à l’hôpital, pourrais tu aller chez moi chercher deux strings, un SG à fleur, un collant et deux tam*pax ? “

Mais bon pourquoi pas ! Après avoir éclaté de rire, ils le feraient sûrement !

Un ex m’avait dit que j’étais changeante dans mes amitiés, est ce vrai ? Nous évoluons dans la vie, nous changeons de milieu, de passion. Il y a cinq ans je n’avais pas d’amis danseurs, maintenant la plupart de mes potes fréquentent ce milieu de près ou de loin.

Sans doute que ce qui nous interpellent ma fille est moi, c’est cette ” interchangeablité “
Quelqu’un part, on est triste, on se dit que ça ne sera plus pareil sans lui. Et puis quelque mois après on s’étonne d’avoir oublié si vite !

Et dans mon esprit interchangeabilité a toujours rimé avec copains ! Pas avec amis !

Je parlais plus haut de la famille, car on peut considérer aussi que la famille élargie (et non nucléaire), ce sont aussi des amis : pourquoi on s’entend plus avec cousin Marc qu’avec cousin Patrick ? Tout simplement parce que ce sont des amis et qu’on les a choisi ! Dans la famille, certes, mais choisis quand même !

Et cela peut durer des années !

Des années durant mes parents ont vu régulièrement deux ou trois couples de leur famille avec leurs enfants. Des deux côtés : frère d’Eugène, cousine d’Eugène, une sœur de Martine, un frère de Martine. Des plus proches que les autres.

Des Noël ensemble, des dimanches à la maison de campagne, des dîners chez les uns et les autres, des vacances à la Sauvageonne où les enfants ravis voyaient débarquer une tribu de cousins et faisaient les 400 coups.

Nous sommes du genre chaleureux, mes sœurs, mon frère et moi avons invité nos cousins à nos mariages respectifs, ils ne nous ont pas rendu la pareille.
Deux des couples oncles et tantes invités à mon mariage n’ont pas daigné se déplacer, la Sauvageonne c’est trop loin… C’est trop loin en avril, mais pas l’été !

Puis les enfants grandissent et s’en vont. Plus de raison de faire Noël ensemble ? Plus envie d’aller à la Sauvageonne quand on peut voyager à deux ?  Même pas pour faire plaisir aux hôtes ? Non, rien de tout ça ?

Martine et Eugène ont cessé d’avoir des nouvelles. Martine est seule maintenant et aucun de ceux qui étaient si proches ne songent à lui rendre visite.

Quant à nous, nous n’avons plus de contacts avec ces cousins si proches, même si nous avons tout essayé : invitations, fêtes. On s’aime bien ce n’est pas la question : on est toujours heureux de se croiser…. aux enterrements !

Camomille, lasse de cet état de fait a proposé d’organiser une cousinade annuelle, histoire de ne pas se voir qu’aux enterrements.
Devant la léthargie et le manque de motivation, c’est tombé à l’eau.
Je note cependant que des années durant, nous avons fait des fêtes immenses pour l’anniversaire de Jeanne (ma grand mère qui a eu 10 enfants et 27 petits enfants) mais il a été impossible de faire durer la fête après sa mort.

On dirait que les amis ou la famille n’en sont que si il y a une bonne raison de se voir : être voisins des années durant, avoir des enfants du même âge, une maison de campagne pas trop loin et bien pratique.

Je ne leur jette pas la pierre, c’est la vie comme dirait l’autre.

Mais quand on entend : ” Ah que de bons souvenirs, on en a fait des choses ensemble “  pourquoi ne pas continuer ? Est-ce parce qu’on a plus rien à partager ?

J’essaie régulièrement de créer l’événement, d’instaurer des traditions puisqu’il n’y a que ça qui  marche, mais en vain !


J’ai fait une digression, je ne suis plus dans le ” suis je vraiment faite pour l’amitié ” en tout cas je viens de prouver que je suis faite  pour la fête !


Athéna, à la fin de notre discussion m’a dit : la vraie relation d’écoute et de partage, c’est la relation amoureuse ! Avant  quand j’étais jeune (??!!!) je croyais que c’était l’amitié !

Vous avez sûrement raison, jeune déesse !