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Ce titre est si peu poétique, je n’ai pu me résoudre à l’écrire en entier. Mais ça faisait un moment que j’avais envie de parler de cette mode étrange.

Quand j’étais ado, il était fréquent de parler entre filles, entre soeur de cela : rouler de la caisse. Cette fille roule de la caisse.

Certaines filles, le plus souvent celles qui se teignaient en blond platine, se maquillaient comme des camions volés, voulaient paraître 20 ans à 16 ans adoptaient cette démarche peu naturelle, ce déhanché exagéré, comme si elle voulaient à chaque pas envoyer valser quelque chose d’un coup de hanche. Bien avant qu’on invente le ” tape cul “, un chouiai violent et qui pouvait faire mal, j’ai toujous détesté ça d’ailleurs !

Bien entendu, on s’en moquait, on raillait, même si on comprenait le but (attirer l’oeil mâle) on ne voyait que le ridicule et pas trop l’intérêt. Elles devaient se fatiguer, incapable de marcher naturellement, et être trop concentrées pour penser à quoi que ce soit d’autre !

On s’amusait aussi à chanter : ça balance pas mal à Paris, ça balance aussi !

Je me souviens d’une d’elle, alors que nous étions en groupe qui nous disait : allez les filles, on roule de la caisse !
Nous l’avions regardée héberluée, car justement nous la trouvions ridicules et personne n’avait envie de l’imiter !

J’en ai connu une autre qui ne ” roulait ” que lorsqu’elle était en compagnie de son Jules. La main du monsieur autour de la taille suivait le balancement sans probablement se rendre compte de quoi que ce soit. Je me disais que c’était de la frime, la chose n’étant destinés qu’aux regards de ceux qui suivaient. De l’orgueil fréquent à cet âge : moi j’ai un mec nananère !

Mes soeurs me raillaient parfois en me disant que je ” roulais de la caisse ” ce qui était faux et vrai.
Faux parce que je ne l’ai jamais fait volontairement, j’en aurais été incapable, sans me faire un point de côté…
Vrai parce que j’ai probablement un déhanché naturel et sûrement très léger, que seules mes garces de soeurs remarquaient… ou d’autres plus tard mais pour d’autres raisons…

Parenthèse un : cette démarche n’a rien d’étonnant vu mes origines, mais j’y reviendrai, il vaut mieux un autre billet, sinon je suis partie pour 950 lignes.
Parenthèse deux : d’après ma grand-mère Jeanne, mon géniteur marchait en dansant, et Artémis a hérité de la même démarche, c’était flagrant dès l’enfance. La danse aussi est un autre sujet.
Jeanne, géniteur and co, je sais que le quart de la moitié du tiers de mes 5 lecteurs ne savent pas de quoi je parle, mais je ne vais pas refaire l’histoire, j’ai déjà tout raconté ici.

Bref revenons en au roulage.

Cette mode a passé. J’ignore d’où elle venait. J’ignore qui avait appris à ces filles ados qu’il fallait faire ça, à l’âge on en a envie de plaire, de s’habiller et se maquiller.
Cet héritage vient-il de l’après guerre, pourtant lointain ? D’une Arletty ou autre danseuse de French cancan ? Est ce qu’une grand-mère ou une mère un chouia vulgaire le leur a suggéré involontairement.

Ne parlons pas des films, je doute que cela influence les filles.

Car cette mode totalement stupide a perduré dans les films et les séries.  Et c’est international, aussi bien aux States que chez nous.
À contretemps, en décalage, sans raison. On voit une honnête et discrète mère de famille s’éloigner en roulant de la caisse. On voit sa gamine soi disant complexée et mal dans sa peau se déhancher. On peut comprendre quand il s’agit de l’intriguante de service, l’éternelle méchante séductrice, briseuse de ménage, mais on dirait que les scénaristes obligent tout le monde, même la vieille concierge de 70 ans à rouler !

J’ai même vu dans un film, reprise d’une pièce de théâtre, Josiane rouler ! Elle avait séduit et passé la nuit avec un homme magnifique, donc logique, le lendemain dans sa robe de chambre sans attrait, elle roule ! Tout le monde fait ça !

J’ai souvent envie de dire aux scénaristes, mais arrêtez c’est cliché, c’est nul. Une femme normale, dans la vraie vie, ne marche pas comme ça !

Mais je suppose que la plupart des gens ne le remarquent pas. Les femmes le remarquent, les hommes voit ce qu’il y a à voir (un bel arrière train) mais ne remarquent pas la démarche exagérée.

Il y a les podiums, mais là inutile d’en parler, la démarche est si peu naturelle que c’est pire que le pire. Il faut mettre un pied devant l’autre, mais réellement DEVANT l’autre c’est à dire en croisant les jambes, au risque de s’étaler en beauté, pour créer ce… truc.
Mais bon je ne m’attarde pas non plus, je n’aime pas les sacs d’os, j’aime les formes, les rondeurs, et regarder ces femmes me donnent la nausée…

à suivre