bayonne_by_louisianneDeux mois.

Bien sûr je ne pars qu'un mois. Mais j'ai l'impression de partir deux mois. Je m'explique : fin juin j'emmène mes filles, le copain de ma fille, ma maman, mon chat, la tortue dans la maison de vacances. Mes filles et ma maman y restent deux mois.
Je rentre et je "redescends" tous les week-ends, en fait tous les jeudis soir, et je "remonte" le dimanche. Le mois de juillet  passe vite, 14 juillet aidant. Puis je prends mon mois de vacances jusqu'au 27. Et rebelotte une dernière fois, le premier week-end de septembre, je "redescends" chercher mes filles, le copain de ma fille, ma maman, mon chat et la tortue.

J'aime bien ces expressions, monter descendre. On monte toujours à Paris. Il parait que même si on part de Lille, on monte à Paris ! Bon c'était juste une parenthèse.
C'est un peu compliqué, on me prend pour une fada, mais je ne fais rien comme tout le monde, je suis une grande rêveuse !

Donc dans ma tête je suis deux mois en vacances. Le bureau n'est qu'une parenthèse. Je vis au rythme des mes filles. Téléphone non stop (parfois même la nuit)
On va chez Noémie on rentre tard; ramène moi mon tee-shirt bleu; je peux inviter jérôme à dormir; j'ai un copain qui descend tu peux l'emmener?; tu peux me recharger mon portable; j'ai perdu mon chéquier; je te réveille ? comment ça il est deux heures? c'est grave si je rentre pas avec ma sœur en voiture ? mais oui il a le permis, mais non il ne boit pas; tu arrives à quelle heure ?

Heureusement la grand-mère (ma maman) ne reste pas longtemps seule avec mes ados, mes soeurs mon frère et leurs enfants arrivent vite.

Pendant les vacances des événements familiaux ont eu lieu. On dirait que le fait de se retrouver sous le même toit, la mère et ses quatre rejetons, (même si les rejetons en questions ont tous dépassé la trentecinquaine) accélère les événements, multiplie les émotions.
Et puis des évenements micro-familiaux aussi à savoir qui concerne ma fille aînée. J'en parlerai plus tard.

L'autoroute. La route que j'aime toujours. La route est belle. Comme un sas entre deux mondes.
Un peu de nostalgie au moment de partir. Mais finalement je ne suis pas fâchée de retrouver les "rails". La fête c'est bien, mais on ne peut pas vivre tout le temps comme ça.
A chaque chose son pendant, à chaque médaille son revers ! Aimerais-je les vacances si je ne travaillais jamais ? Aimerais-je tant l'été si il n'y avait pas d'hiver ? La fête si il n'y avait pas le quotidien ?
Sans compter que les souvenirs embellissent tant tout cela !

Ces choses qui n'existent jamais tant que le manque qu'elles ont laissé. Ce n'est pas de moi mais de Goldman.

On ne me verra jamais dans Voici, je détesterais le show biz et la fête perpétuelle !
Moi qui rêvais en juin de gagner au loto pour changer de vie. Là je me disais que je n'étais pas mécontente de savoir que mes filles, Athéna et Artémis allaient reprendre le chemin de l'école ! Que je n'allais plus dormir d'un seul oeil parce qu'elles sont sorties, ou me relever à 3 h pour aller les chercher. Que chouette je vais pouvoir dire : "au lit on se lève demain !".
Et puis ce n'est pas moi, c'est le très méchant état, la très moche éducation nationale qui dicte les règles.
Serais-je capable, moi la rêveuse, moi qui aime tant la vie de trouver "des rails", si je n'avais plus à gagner ma vie ? Serais je capable de dire non à mes filles juste pour qu'elles ne soient pas pourries gâtées ?

Non c'est clair, c'est décidé, je gagnerais au loto quand mes filles auront fini leurs études !

Petit pincement au coeur sur l'autoroute : nous ne sommes plus tous, ma maman, Athéna, Artémis, le copain de ma fille (Martin) et moi dans ma grande voiture. Il n'y a que ma maman et moi et tous les cartons de déménagement de Martin, qui quitte son sud natal parce qu'il est amoureux de ma fille. Athéna conduit sa voiture, et a embarqué Martin, Artémis et même le chat et la tortue.

Dès septembre Martin et Athéna vont s'installer ensemble. Une page se tourne. Mais je suis optimiste : ranger la maison, m'étaler un peu, récupérer une chambre, la route est belle !

Bien sûr rien n'est fini. Arrêt sur autoroute et repas tous ensemble, téléphone régulièrement sur la route. Bien sûr ils ont bien l'intention de revenir en vacances avec nous. Et je peux compter sur ma fille pour dire "allo maman" 2 fois par jour !

C'est le symbole sans doute, l'image, la métaphore. La voiture représenterait la vie, la maison.
Mon papa disait souvent qu'il n'y avait rien qu'il n'aimait autant que de partir en vacances avec sa femme et ses quatre enfants derrière. Sa famille c'était tout, chaque départ du foyer (surtout de ses filles) a été un déchirement. Il rêvait de vivre comme dans Dallas : que les gendres, belles filles et enfants s'installent dans son château !

Je dois lui ressembler un peu : je suis heureuse quand je conduis mes filles. Peu importe où. Comme le dit si bien Goldman : Ya que les routes qui sont belles. Heureuse même sur les petites routes quand on rentre tard des fêtes et qu'ils dorment tous, mes filles, leurs copains. Tous ceux qui vont dormir chez moi parce que leurs parents ne sont pas aussi tolérants que moi. Du coup je deviens la mère d'une dizaine d'ados.

Mais contrairement à mon papa je ne serais pas désespérée quand elles me quitteront.
Ma maman m'a dit : pour lui c'était dur, pour moi un soulagement, mais je ne peux le dire que maintenant !
Et elle m'a énuméré tous ce que nous lui avons fait subir (et que je subis aujourd'hui hihi !). Les notes de téléphone, les copains qui squattent, les angoisses quand les enfants rentrent tard, le bar et la cave à vin pillée (là c'est mon frère hein c'est pas moi !). Et bien sûr toutes les taches ménagères. Alors se retrouver tranquille avec son mari devant la télé (même si il déprime parce que les oisillons ont quitté le nid) ça fait du bien !

Je dirais que je me situe un peu entre les deux : triste et soulagée !
Et je vois la bouteille à moitié pleine. Il me reste Artémis, je vais être plus disponible pour elle, et elle en est ravie. Au point de rendre jalouse Athéna qui a peur que j'aime sa soeur plus qu'elle !