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Ce matin problème de train. Non pas le classique retard, ni les classiques grèves, ni les colis suspect, ni “zut je ne me suis trompée de train, va falloir changer à la prochaine”… Rien de tout ça :

A ma station la porte refuse de s’ouvrir. Nous sommes plusieurs à appuyer comme des tarés, des gens sur le quai essayent aussi, rien à faire. Nous courons à 6 ou 7 à l’autre bout de l’immense wagon, bousculant au passage ceux qui viennent de rentrer et foncent pour avoir une place assise. Trop tard ! 
Furax, je suis à deux doigts de tirer le signal d’alarme, mais j’aurais des ennuis et puis bon, une station de plus ou de moins…

Le train repart. Et là Aïe, aïe, vu que nous étions tout au Sud de Paris, nous quittons Paris !  Et qui dit quitter Paris, dit “fini les stations toutes les 5 minutes”. Pas de bol c’est un direct pour chépasOu. I
Désespérée je regarde défiler les gares. Le paysage est horrible en plus, des immeuble laids, tagués, des gares désaffectées. Pour couronner le tout, il pleut.
Moi qui déteste la grande banlieue ! Sauf si j’ai décidé d’y aller ce qui est différent ! 

Et le train roule, roule ! Un des jeunes otage malgré lui, finit par s’asseoir. Un homme consulte son portable pour voir comment nous allons repartir. Une jeune fille demande : mais où va où là ? 

Car nous voyons défiler toutes les gares sans jamais nous arrêter ! Je maudis tous ces truc-sur-Seine, Machin-le-Roi. L’Est et le Sud de Paris, où je ne mettrai jamais les pieds. Car oui j’ai mes têtes !  Et il y a des départements de l’Ile de France qui me font fuir rien qu’à les évoquer et pas forcément ceux que vous croyez. Non ce n’est pas les banlieues soit disant chaudes qui me font peur !

C’est plutôt la campagne moche, morne, plate, sans rien d’attirant, parsemée de petites ou moyennes villes sans cachets où tous les cafés sont fermés, et surtout d’immeubles sans âmes, empilés de ci, de là. Dans certaines de ces villes on a construit des villes nouvelles, croyant les faire revivre ! Des collections de ronds points qui se ressemblent tous, autour d’immeubles de bureau qui ont peut-être connu leur heures de gloire, et qui sont le cauchemar de leur employés. 

Les gares sont presque à l’abandon. 

C’est un peu comme quand on fait le tour du périph en voiture et qu’on se dit : ouh la la, j’aimerais pas habiter là ! 

Département que je ne fais que traverser pour aller à Petite Ville du Sud, et dont j’ai même ignoré jusqu’au nom pendant des années. 

Oui je sais je dois être snob, je suis née dans une ville de riches avec un centre ville historique. 

Un des otages nous dit qu’on aura un train à 8 h 55, sur le quai H et qu’il sera direct. 

J’ai l’impression de rouler depuis des heures, d’être dans un train grande ligne ! 

Sauf que dans le train grande ligne, au bout d’un moment, on finit par voir de jolis paysages. Mais rien de pire que les ” portes ” finalement ! Un peu comme si on arrivait dans une belle ville par un port de péniches mal entretenu, par la gare de marchandises où rouillent de vieux wagons, par la zone industrielle la plus laide… 
Cela fait souvent cet effet en quittant Paris en train grande ligne. 

Et cette pluie d’automne qui rend encore plus triste ce paysage. 

Enfin je sors dans une grande gare de triage presque civilisée, je cours dans le souterrain et je monte dans le train direct Paris. Il est bondé. Debout je regarde défiler les mêmes paysages qui me paraissent moins moches, et le voyage moins long. Quand je vois apparaître le béton qui signale une gare très récente, je soupire presque d’aise ! 

Mes filles se moquent de moi quand après un court ou long séjour à la campagne, je crie :  Enfin la civilisation ! 
Je suis capable de pousser des cris de joie quand j’aperçois un MaqueDalle, signe indéniable de civilisation. 

Mais bon c’est clair ! Aujourd’hui j’allais travailler, et je n’ai pas aimé être prise en otage ! 

Ma sœur m’avait prêté un livre sur la France oubliée. Il ne concernait pas la fameuse ” diagonale du vide ” mais n’en était pas moins terriblement triste. 

Certes je ne ressemble pas à mes filles et ne rêve pas d’habiter la campagne… Quoique même là elles sont différentes : Athéna ne veut pas un seul voisin alentour, alors qu’Artémis préfère un village comme Petite Colline avec Tabac, pharmacie, supérette and co. 

Mais je trouve ça catastrophique que ceux qui choisissent de vivre à la campagne, ou d’y rester voient leur village se vider de tout ce qui lui donnait vie. Plus de bistrot animés, plus de boulangerie, plus de pharmacie, 

Tristesse, solitude, ennui. 

Mais bon j’arrête là, mes filles vont me tomber dessus à bras raccourcis : mais tu arrêtes de critiquer la campagne ! Tu ne sais pas ce que c’est !