Je me suis lancée un défi qui doît être terminé d’ici Noël. Ranger ma cave ! Quand j’ai déménagé, j’ai beaucoup jeté, beaucoup trié, jusqu’au jour où je me suis découragée, j’ai tout entassé dans des cartons pour ne garder dans mon appartement que ce qui est de première nécessité. Façon de parler ! Autour de moi beaucoup d’objets ne sont pas de première nécessité : livres, bibelots, photos, ordinateurs…
Ma cave est pleine du sol au plafond. De nombreux cartons mais aussi des tableaux, des outils, des chaises en équilibre précaire au dessus des cartons, des valises vides qu’il faut bien ranger quelque part…

Mon but est de tout vider, de monter l’armoire de bureau que Jérémy, épuisé par le déménagement a renoncé à monter, je pourrais ainsi la remplir des paperasses qu’elle contenait avant. Je veux aussi acheter des étagères et bien entendu trier, jeter.
Une tâche que Martine sera ravie d’accomplir avec moi.

J’ai beaucoup réfléchi mais je n’ai pas trouvé d’autre solution que de tout monter chez moi. Emprunter la cave d’un voisin, impossible, ils ont fait le plein aussi. Le coffre de ma vieille break serait trop petit, et puis je l’utilise ma voiture, je n’aimerais pas être obligée de trimballer mes trésors partout.
Seule solution, tout monter, quitte à vivre dans le bazar jusqu’à Noël. Ce sera plus confortable pour trier, surtout pour Martine, et ça me fera les mollets. J’habite au premier pour descendre au grenier il y a un étage de plus.

À ce stade du récit il faut que je précise que ma cave est un grenier ! Elle n’a rien à voir avec la cave sombre de mon enfance avec sa resserre à charbons et ses bouteilles de vin. Elle ressemble plutôt à cette pièce sous les toits que mon père appellait grenier qui regorgeait de livres, de bibelots, d’antiquités et autre trésors. J’ai tout raconté dans Le numéro seize…

Un blogueur que je connais voit très bien ce qu’est un grenier, mais je ne lui emprunterai pas son mot, je garde mon grenier !

Les trésors du grenier

Je me doute que cette tâche va être très longue ! Je me connais. Je vais révasser devant une photo, tourner les pages d’un livre. Dire  : Oh tu te souviens de ça ! Artémis avait adoré ranger avec moi avant le déménagement.

Je commence donc hier à monter d’abord les choses qui n’ont pas à être triées mais qui m’empêchent d’accéder au reste.

Après les chaises et les valises je m’attaque à quelque cartons. C’est là que la magie opère.

Mon vieux réflex argentique Canon. Je n’ai jamais pu m’en séparer. Je n’avais même pas enlevé les piles, ce que je fais.
Les films. J’en ai mis des films dans des boitiers, j’en ai rembobiné, avec une molette à l’époque. J’en ai même ” brûlé ” en ouvrant trop vite.

C’est tellement magique un film. Ce petit tube précieux qui renferme un mystère, car tant qu’il ne sera pas passé chez le grand sorcier, on ne saura pas ce qu’il renferme. L’impatience quand le photographe remettait la précieuse pochette, certains indiscrets ouvraient la pochette pour montrer si c’était bien à vous, j’avais horreur de ça ! Une dame s’était même permis de me donner des conseils sur une ou deux photos. Quelle violation de la vie privée, moi j’aimais être tranquillement dans ma chambre pour être la première à découvrir les photos. Les photos noir et blanc… Et le nombre incalculable de films de diapos que j’ai envoyé Rond point George Eastman… Là c’était le facteur que j’attendais avec impatience. Pour les grands événements, je faisais une pellicule couleur, une noir et blanc et une diapo. Cela coutait une fortune !

Mon vieux réflex me ramène encore plus en arrière. Mon premier Zenit. Je l’ai vendu, je n’aurais pas du. J’ai des souvenirs de photos, je prenais en photos des roses dans un vase, dans la verrière chez mes parents, avec un fond flou. C’était mon premier réflex, j’étais aux anges. C’était quoi déjà cette marque d’objectif garantis à vie ? J’avais acheté chez Quelle photo (encore un cher disparu) un télé objectif dans son étui en cuir, un vrai luxe. Bizarrement l’odeur me revient… Là à genou sur le parquet en regardant mon vieux Canon.

Un autre souvenir me revient. Je ne savais pas me servir de mon Zenit, j’étais avec mon précieux qui n’était pas encore mon précieux, je photographiais avec mon téléobjectif un match de foot dans un village. Marc avait aussi un Zenit et il m’a montré comment me servir de la cellule. Je ris encore de mon ignorance.
Cette histoire aussi je l’ai racontée ici.

Voilà que mon vieux réflex me réserve encore une surprise. Je n’aime pas l’objectif de mon Canon, j’ai acheté un kit où il y a un élément de qualité médiocre. J’avais demandé à un copain si les objectifs des argentiques se montaient sur les numériques. Il m’avait dit : oui mais ce sera pas autofocus automatique. Je n’avais pas cherché plus loin, en tout cas j’avais laissé mon argentique tel quel au grenier. Là je me pose la question. Mais pourquoi ce ne serait pas automatique ? Je monte l’objectif sur mon Canon, je bombarde l’arbre que je vois de ma fenêtre, Ouf on ne paye plus les films.
Tout fonctionne. Youpi ! Je suppose que le copain en question a du croire que je parlais d’un très vieil argentique alors que c’était déjà un Héosse truc autofocus et automatique…

Autre découverte. Une chemise épaisse en plastique contient du papier à lettres, des enveloppes et même des timbres. Je me souviens de ce papier à lettres épais en relief, des petits carreaux minuscules invisibles à l’oeil nu. Mais le papier crissait sous la plume de mon stylo plume, j’adorais ça. J’écrivais en violet bien sûr. J’ai cessé d’écrire. Les dernières personnes à qui je me suis donné la peine d’écrire ne me répondaient pas. J’ai pourtant écrit encore un peu mais avec l’ordinateur en signant à la main.
Il n’y avait plus que ma tante Liliane à qui j’écrivais encore une carte de vœux, une vraie. Elle ne pouvait plus écrire et me répondait par téléphone. La dernière carte que j’ai écrite pour elle en septembre est la carte de condoléances pour mon oncle et mon cousin. Tristesse.

Je retrouve un papier à lettres avec la mairie du mariage de mes parents dessinée dans le coin. Impossible d’envoyer une telle lettre, sauf à ma tribu. Sauf à ceux pour qui cela représente quelque chose.

Une série d’enveloppes pré-timbrées avec une photo de Saint Léon. Je n’ai jamais pu les utiliser ! Je ne pourrais l’envoyer qu’à Martine ou à mes filles… Je ne suis même pas sûre que ma fratrie soit attachée à Saint Léon. Tant pis pour les timbres, quelle idée aussi de fabriquer des enveloppes pré-timbrées ! Ma grand-mère me disait toujours : colle le timbre en dernier, ainsi si tu fais une rature ou si tu te trompes, tu prendras une autre enveloppe, tu n’auras pas gaspillé le timbre.

Des timbres oubliés aussi. Les timbres ” chiens de chasse ” sûrement destinés à Jérémy pour son anniversaire, et les timbres vitraux sûrement destinés à Martine.

Sans surprise je me rends compte que mon grenier c’est ma personnalité.
Écrire à la main puis à la machine. Il ne manque plus que ma machine à écrire Remington.. . Remplacée par les ordinateurs qui ne sont pas au grenier mais sont représentés par une grosse boîte pleine de cables disparates : ethernet, jack et ses potes usb.
Lire. Bien que j’ai fait du vide j’ai des cartons de livres par thèmes. 

Photographier. Je vais bientôt trouver des chariots de diapos prêts à être projetés, des centaines d’albums photos.
La musique représentée par des centaines de CD, ceux que je n’ai pas eu le cœur de donner, même si j’ai tout en mp3.
Quant aux films, hormis quelques trésors, ce sont plutôt les DVD de mes filles que je vais trouver.
Il y a aussi des passions un peu honteuses dont je ne peux pas parler ici.

Pour finir même si cela n’a rien à voir, mais c’est un grenier après tout, je suis tombée sur une petit phrase qui m’a amusée ce matin. C’était dans un livre conseillé par mon précieux.

- L’amitié a joué un rôle énorme, décisif dans ma vie, car c’est incontestablement ce qui vous manque le plus qui vous joue des tours…