Quand on grandit, on apprend vite, on comprend vite.

Que notre vie, ce ne sera pas “ils vécurent heureux jusqu’à la fin de leur vie”… et encore ça c’est seulement si tu te maries et que tu as beaucoup d’enfants, parce que sinon, pour le bonheur, tu repasseras !

On comprend aussi que ce ne sera pas la petite maison dans la prairie, ni l’île aux enfants, ni Disneyland.

Il faut faire avec… le quotidien ! Parlons en justement du quotidien !

Là aussi j’ai compris que ce n’était pas folichon, qu’on a pas tous les jours une bonne journée, ou une bonne nouvelle, ou un petit truc qui fait plaisir : un coup de fil, une lettre (de plus en plus rare) un mél, une satisfaction quelconque.

Et pourtant bien souvent, j’aimerais que le quotidien ne soit que le quotidien !

Rentrer et se dire : je vais m’écrouler avec un plateau télé. Ou je vais passer un samedi cool, je n’ai rien d’urgent à faire.

Mais non ! Il y a toujours un ou plusieurs grains de sable !
Le médecin qui vous dit que quand même depuis juin, vous n’avez pas trouvé le moyen de prendre rendez vous au labo pour cet examen sanguin !
Mentalement on ajoute ça à liste des corvées !

Côté ados, on a de quoi s’amuser aussi, une lettre de l’orthodontiste qui me dit que je n’ai jamais payé la radio d’Artémis, c’était quand ça, qu’est ce qu’elle a fait du chèque que je lui ai confié ?

En parlant d’Artémis, il y a aussi son lycée, méga moderne, qui m’inonde de SMS, Artémis est arrivé en retard au cours de 10 h, a manqué un cours de 11 h à 12 h. Si elle manque la journée, j’ai droit à 3 SMS, un pour le retard, un pour le midi, un pour le soir. Suivi de la phrase : vous êtes priés de prendre contact le plus rapidement possible avec la conseillère bla bla.
Sauf qu’ils sont modernes, mais il ne faut pas répondre par SMS. Il faut soit téléphoner, soit écrire une lettre, soit remplir le carnet. Et là parfois j’ai envie de leur dire : mais qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? Quand elle est malade, je préviens, pour le reste…. Ben oui elle a séché, je le savais pas ! Je l’engueule, mais je ne peux pas inventer de motif pour le lycée ! Et puis elle a 19 ans, à 19 ans, j’écrivais mes mots d’excuses toute seule, je n’embêtais plus mes parents !
Préparer une liste d’excuses toute prête : ma fille a raté son train, et ne voulait pas en prendre un autre sans sa copine, du coup elle a eu la flemme et a fait demi tour.

Une fuite dans la cave ! Encore ! Appeler le plombier !
Il faut en trouver un disponible et pas trop cher. Et puis il va me proposer de venir un jour en semaine, quand je travaille.
Ajouter à la liste des corvées.

Une facture, c’est quoi ce cirque ? Il y a une erreur ! Penser à appeler. De la maison impossible, ils dorment dans ce service à 8h, et à 18 h ils sont fermés ! Du bureau, impossible c’est un 08. Claquer 3 euros de communication via mon portable.

Et puis il y a la panne du PC ou du lave vaisselle, la voiture et ses messages bizarres, et j’en passe !

Voilà pourquoi parfois, j’aimerais que le quotidien ne soit que le quotidien !

Je n’aspire qu’à être tranquille, avec mes livres et mes écritures, prendre et trier des photos. Bien sur qu’au bout d’un moment j’en aurais marre et alors ? J’aurais envie de faire la fête, mais surement pas d’appeler le plombier pour mettre du sel à mon quotidien ! Quoique si ça se trouve, c’est un joyeux drille !

Vous allez me dire, mais de quoi elle se plaint ? Qu’elle aille donc voir dans d’autres pays si c’est mieux !

Il y a longtemps j’avais assisté à une conférence sur le journalisme. Plusieurs journalistes, de radio, de journaux, venaient raconter leur expérience, chacun dans leur domaine. L’un deux était un grand reporter spécialisé dans les pays en guerre. Il avait à cœur de toujours aller “écouter” les deux camps, afin de rester neutre. Et bien sur d’aller à la rencontre des civils, des gens qui luttaient pour survivre.

Il avait eu cette phrase que j’avais retenu : Politique, dictateur, tout ça, les journalistes en parlent. Mais on ne dit jamais une chose essentielle : Tout le monde veut vivre tranquille !