Parc_de_Bercy_073♥ Le cœur ne vieillit jamais….

J’aime bien cette expression vieillotte ! Et tellement vraie ! Bien sûr il faut vieillir un peu pour le vérifier.
Tomber amoureuse à 40, 50, 60 ans et se retrouver avec le cœur qui bat et les jambes qui flageolent, une timidité et des hésitations oubliées depuis nos 15 ans…

Le cœur ne vieillit pas. Moi j’élargirais l’expression vieillotte… Le cœur, c’est joli, mais ça veut tout dire et rien dire.

Moi je dirais que c’est plutôt “les émotions” qui ne changent jamais.
Émotive, à fleur de peau, persuadée qu’on ne m’aime plus à la moindre dispute, j’ai déjà parlé de tout ça…
Et ça non plus ça ne “vieillit” jamais. On s’endurcit peut être un peu, on relativise plus en grandissant, je ne fonds plus en larmes si j’assiste à un accident, je suis émue certes, mais ça dure moins longtemps et je réagis vite pour essayer d’aider…

De longues années à être plus mère que femme, à avoir moins de raisons d’être “dirigée” par mes émotions.
À croire que je n’en avais plus…

Tout commence par un malentendu… Un malentendu avec mon ami. Ça tombe mal, très mal. Juste après le dernier week-end dans le sud, juste après un super week-end justement.
Un lundi…

Une phrase… quelques mots (mal interprétés par moi ? mal dits par lui ? )
L’appeler ? Impossible puisque je crois qu’il ne veut plus me voir.
Je lui envoie un mél pour lui dire ma peine, mais je sais qu’il est trop débordé, il déménage, c’est la rentrée…

Trois jours de larmes. Trois jours à me faire des films, à pleurer en regardant les photos.
À Athéna qui me voit les larmes au bord des cils, je dis que c’est le stress de la rentrée, les soucis d’argent (ce qui n’est pas totalement faux), comme une ado qui ment à ses parents.

Je perds l’appétit et le sommeil. Je n’arrive pas à suivre les conversations de mes collègues à la cantine. Je suis dans mon monde, celui des émotions. D’ailleurs je zappe la cantine le deuxième jour pour aller pleurer sur un banc en mangeant un sandwich..

Tout ce qui est positif j’y pense pourtant : dix milles photos de lui et moi, toutes ces attentions, ces mots, ces bons moments, mais ils n’arrivent pas à sécher mes larmes.
Je crois que j’ai fait quelque chose d’irréparable, mais quoi ?

Je serais capable de mourir de chagrin tant je suis douée pour ressasser. Bien sûr au delà de 3 jours, j’aurais repris le dessus, je ne peux pas être “dirigée” par mes émotions si longtemps.
Le malentendu n’aurait pas été dissipé mais je l’aurais caché dans un coin.

Je prépare un deuxième mél pour le cas où il ne chercherait pas à me parler. Je surveille inlassablement Msn, maudissant l’époque où le seul objet que l’on pouvait insulter était le téléphone !

Mercredi soir 22  h 12. Mon portable sonne. Je n’ai pas besoin de voir sa photo s’afficher pour savoir que c’est lui.

- Louisianne, ça va ?

Dans ces 3 mots il y a tellement de tendresse que je n’aurais presque pas besoin de plus de mots.
Il vient seulement de lire mon mél, pas très précis d’ailleurs !
Il me demande  : qu’est ce qui s’est passé ? qu’est que j’ai fait ? J’ai tué quelqu’un ?

Il a oublié ! Un comble ! Ça fait trois jours que je pleure et il a oublié la phrase en question !
Et quand j’essaye de lui dire, il ne comprend rien au début, parce que je pleurniche dans le téléphone.

Nous nous expliquons. Rien n’était irréparable. Il a été maladroit et je me suis fait un film. Il me dit qu’il est désolé, mais qu’il doit vraiment se coucher, il se lève tôt demain. Je lui dis que je le rappellerai un autre jour. 

Je passe quand même la tête à la porte de la chambre pour dire à Athéna que je vais mieux, qu’il a appelé. Elle ne sait pas de quoi je parle, mais je ne pouvais pas lui mentir. Artémis saura le lendemain. Et demain je pourrais enfin penser à autre chose !

Je suis trop épuisée pour sauter au plafond. Mais je m’endors sereine.
Tout cela aurait pu être évité. Mais je sais que cela devait arriver car le hasard n’existe pas !

C’est une victoire toute personnelle, c’est surtout pour ça que j’ai envie de sauter au plafond !

Pour moi c’est la plus grande des victoires : j’ai définitivement remplacé Laurent…