En quelques années les danses latino et la kizomba sont devenues incontournables. Tant mieux pour nous qui passions pour des extra-terrestres quand nous parlions de salsa.

Maintenant ce sont les autres les extra-terrestres !

Tous les bars y vont de leur petite soirée dansante avec cours avant la soirée. L’avantage c’est le choix ! Les lieux, les horaires, les jours, les profs, on trouve de tout à la Samaritaine.

L’inconvénient, c’est que les bars veulent tellement proposer un large choix de soirées, que la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Laissons de côté pour l’instant la qualité de l’accueil et des lieux, mais parlons plutôt des profs.

N’est pas prof qui veut, hélas n’importe qui s’improvise prof !
Les patrons de bar ne sont pas forcément aptes à choisir un bon prof. Ils font confiance à priori à celui qui vient se présenter, ou alors ils le connaissent de réputation, ou encore ils prennent ceux qui restent ! Car tous les profs sont très demandés.

On peut toujours tester un cours, et si ça ne nous plaît pas, on change de crémerie. Parfois il faut plusieurs essais pour se faire une idée. Mais nous ne sommes mariés avec aucun bar, avec aucun prof, vive la liberté de danser !

Là où ça devient plus embêtant à mon sens, c’est quand les écoles de danse et autres associations se mettent à faire les mêmes erreurs. Les écoles veulent proposer un large catalogue, du coup elles sont moins regardantes sur le choix des profs.

Bon à tout, propre à rien, le prof de valse s’improvise prof de salsa cubaine, le prof de rock, prof de bachata.

Sans doute qu’ils pensent qu’un bon danseur sait tout danser, apprend très vite et s’adapte très vite à n’importe quelle danse.

C’est sûrement vrai pour certains ! Ceux qui ont le sang dans la musique, comme dirait un ami danseur ! Hihi !

Mais ce n’est pas toujours le cas. Une danseuse classique ne sera pas forcément une bonne danseuse de bachata. Et puis elle ne sera pas forcément attirée par une danse latino. Du coup, victime de leur succès les danses latino subissent un nivellement par le bas.

Sans difficulté, on peut ” berner ” des élèves débutants qui n’y connaissent rien. Mais je trouve ça très dommage quand même de leur montrer ces danses sans aucun style, sans aucun besoin de perfection.

Quand aux autres, ceux qui ont un peu de bouteille et d’années de pratique derrière eux, ils sont très déçus, se demandent ce qu’ils font là et ont conscience de ne rien apprendre, de ne pas progresser, voire de régresser.

Ce qu’on peut pardonner à un bar, n’est pas admissible dans une école. Les élèves payent, souvent à l’année, du coup ils se forcent à venir sans plaisir, même quand ils ont compris qu’on les a trompé sur la marchandise. C’est une école, ils s’attendent à trouver des profs qui excellent dans leur domaine. Ils ne trouvent que des dilettantes, qui n’ont même pas un niveau plus élevé que le leur.

J’ai entendu un élève dire : lui c’est un juke boxe à passes ! Tu lui donnes un nom, il te sort la passe !

Sans passion, sans explications, sans perfection .

Et puis si j’étais le directeur ou la directrice, je préfèrerai avoir une réputation de bon niveau, qu’un catalogue bien garni. Il vaut mieux enseigner 3 danses très bien que 10 danses en dilettante.

Nous ne sommes plus au patronnage : on va occuper les enfants en leur faisant un saupoudrage de passes de rock.

…ou au Club Med : allez on apprend un kuduro en 30 minutes !