Après un long voyage vendredi, ma maman, mon chat et moi dans une voiture, Athéna et Artémis dans une autre, à se téléphoner (pire que des routiers avec leur CB) :
- je m’arrête à l’aire des hérons chasseurs !
Artémis (la musique à fond dans la voiture) : “des hérons quoi ? blagueurs ?”
Ou encore Athéna : “fais moi un coup de warning si tu vois un radar ! Au fait j’ai acheté trop de trucs à la station ! J’ai oublié qu’il y a une deuxième péage ! Tu m’attends au parking juste après ?”

Nous voilà quand même arrivées à la maison du Sud.
Après avoir allumé le compteur électrique (dans une grange), opération périlleuse, car il faut ouvrir la serrure avec la lampe torche à la main, glisser la main au milieu des toiles d’araignée, chose qu’Athéna ne ferait jamais, entendre râler Artémis qui attend devant la porte de la maison et trouve que ça ne va pas assez vite !
J’ouvre la maison et regarde l’autre grange, celle qui a été fracturée… La lumière est allumée, ce qui n’arrive jamais, sans doute celui qui est venu la fermer, aura appuyé sur le bouton sans le vouloir, à moins que ce ne soit les voleurs !

Artémis, qui plane tellement qu’on dirait qu’elle n’habite pas avec nous, demande comment c’est possible que la grande porte ait l’air fermée. Une baguette blanche, le montant de fermeture, est détachée, elle est par terre.

En général, vu qu’il est 2 h du mat, on ouvre une seule porte, on se couche et je fais le reste le lendemain. Comme la lumière est allumée, je vais ouvrir la grange. Avec la torche nous allons inspecter les lieux.

Nous rentrons par la porte du bas, la porte ancienne, inviolable…  La porte du haut est une porte de garage, 4 battants. 

Tout est impeccable. Les fauteuils de jardin, la table de ping pong pliée, si on ne savait pas qu’il y avait une moto, on n’aurait jamais cru que quelqu’un était rentré. Deux montants des crémones en haut ont cédé. La poignée a disparu.
La porte a été bloquée par une échelle penchée et bloquée par une grosse pierre, un vrai miracle, je ne sais pas comment s’y est pris l’ami qui a fait ça ! Car il ne pouvait ressortir que par la porte du haut !

Monter une moto de ce poids par un petit escalier en bois sans laisser de traces, c’est possible… Ben oui. Je retrouve 2 morceaux de plastique noir. Athéna est incapable de me dire quels morceaux de sa moto ça peut être.

Le samedi après midi, j’appelle le charmant gendarme. Nous y allons, ma maman, mes filles et moi. Toutes les deux ont sorti leurs plus belle robes, persuadées que les gendarmes enquêteront mieux comme ça !

Le charmant gendarme n’est pas du coin, je le devine vite, il a un léger accent, mais il connait le lieu de naissance de ma mère dans les Yvelines !
Pour répondre à Marcus  : le charmant gendarme a la trentaine, il a des enfants, (j’ai répéré les dessins sur les murs) il est marié (ma mère qui n’a l’air de rien a repéré l’alliance !)
Mais bon je suis une grande rêveuse, mais une grande blagueuse aussi ! J’ai mis du piment dans mon blog, mais je ne m’attendais bien entendu pas à trouver le grand amour en portant plainte !
J’ai arrêté les Harlequin  !

Il nous explique qu’il a convoqué les deux loustics que je soupçonne. Je ré explique pourquoi je suis persuadée qu’ils ont quelque chose à voir là dedans. Mes filles parlent de leur relation avec eux. Il nous parle de son enquête et me fait une impression cent fois meilleure que celle que j’ai eu des policiers lors de la fugue de Luigi. Il va sur des site Internet (style e*bay) de vente de la région. Le modèle de moto de ma fille est assez rare et se vend bien.

Il dit à mes filles que les affaires du coin sont toujours résolues. Que même si la moto a été démontée, un jour ou l’autre on retrouve une trace. L’été arrive, les motos sont de sortie. J’apprends aussi que celui qui l’aurait acheté (à mes yeux pas coupable) l’est quand même !
Quand on achète 300 € une moto qui en vaut 1500, on peut être accusé de recel, sauf si on va voir tout de suite les gendarmes pour dire “j’ai acheté ça, j’ai un doute”… Ce que moi en tant que parent, je ferais forcément si je voyais mon fils revenir avec une moto achetée à un pote !

Il est allé chez les deux loustics mais, bien sûr ils ne sont pas bêtes au point de cacher la moto chez eux. Il nous dit qu’ils sont souvent convoqués à la gendarmerie.
Bien sûr il recommande la prudence, ça peut être quelqu’un d’autre, ils peuvent avoir juste donné le tuyau etc…

Il fait bien la leçon à mes filles : “prévenez moi de jour ou de nuit, si vous la voyez, voici mon portable”.
Il doit avoir peur qu’elles fassent la justice elle-même ou appellent leurs copains (les copains sont déjà tous prévenus, avec Msn pas la peine d’attendre de les voir !)

Les filles enregistrent consciencieusement le numéro de portable du gendarme. Puis nous partons.

Le lendemain il fait très chaud. Nous allons au lac du village. À peine allongées sur le sable, deux copains Romain et Clément viennent voir les filles, puis repartent plus loin. Au bout d’un moment, Artémis me dit que Michel, l’un deux loustics est là pas loin. Il nous regarde régulièrement, se cache derrière un copain. Artémis lui jette des regards assassins. Puis nous voyons l’autre, encore plus discret, allongé, levant à peine le nez. Artémis râle :
- tu vois bien qu’ils sont coupables ! Ils venaient toujours dire bonjour avant ! C’est quoi ce cirque ! Ça va saigner !

Je la calme !

Louisianne  : peut-être qu’ils nous en veulent d’avoir été interrogés à cause de nous ! Et puis ce sont des gamins, ils ont peur de se faire engueuler !

Artémis : oh toi maman, tu les excuserais presque !

Louisianne : mais non ! De toutes façons, un jour ou l’autre, je tomberais sur eux et je leur parlerai !

Athéna : pas intérêt ! Même pas tu leur dis bonjour !

Louisianne : mais si ! Et je leur dirais que c’est normal que je les soupçonne !

L’attention des filles est détournée par l’arrivée de plusieurs jeunes en 50 cm3. Elles attendent que les chauffeurs rejoignent leurs potes, et enroulées dans leur paréos, en allant acheter une glace, inspectent discrètement les motos… Verdict : non rien à voir.

Puis elle rejoignent Romain et Clément sur leurs serviettes, les seuls copains qui ne sont pas au courant du vol de la moto. Presque en face de leurs ennemis qui les dévisagent, elles racontent leur malheur. Romain est un ami d’enfance de Michel. Mais il a fini par le fuir : Michel faisait les pires bêtises, comme voler la mobylette d’une amie à une fête, et Romain n’avait pas envie d’être impliqué dans ses magouilles.

Les filles me rejoignent ensuite. La théorie de Romain rejoint celle de tous les autres : aucun des deux n’aurait fait ça seul, pas assez de courage, ni de force physique.

Le dimanche soir, je reprends la route. Vers 21 h Athéna m’appelle :
- je suis au café du centre ! J’ai vu ma moto, le même carennage, mais des gardes boue orange ! Beurk !
-  si tu l’as vu, tu la reverras ! Ne t’inquiète pas, on la retrouvera !

Elles me font rire ! Elles vont passer l’été à enquêter !