Vous vous souvenez de Pierrick ?  Cours de rattrapage ici.

C’était l’été dernier. J’étais avec Camomille et Martine à la messe à PetiteColline, ce qui n’arrive que deux fois par an, quand je ne sèche pas la messe de minuit.

À la sortie nous voyons Mme B, la maman de Pierrick qui a l’age de ma mère. Nous nous parlons comme chaque été, et elle dit à Martine : ” vous avez de la chance d’avoir des enfants en bonne santé… il va un peu mieux, mais il a encore des traitements “

Martine répond, Camomille et moi pensons qu’elle parle de son mari et prenons un air compatissant sans dire quoi que ce soit de peur de faire des gaffes.

Puis une fois seule avec Martine, nous lui posons des questions. Elle nous apprend que Pierrick a eu un cancer de l’estomac et qu’elle le sait depuis Pâques. Ma sœur et moi lui passons un savon ” tu aurais pu nous en parler, imagine si on avait rencontré Mme B ou Pierrick, nous aurions l’air malignes ! “

Martine nous répond que ça l’avait choqué et qu’elle n’en avait pas parlé. Ce qui est faux bien entendu. Martine peut répéter dix fois la même chose, et oublier l’important. Elle n’a même pas l’excuse de l’age vu qu’elle a toujours été comme ça.

Je suis furieuse. Je lui demande comment elle l’a su à Pâques, elle dit qu’elle a vu Mme B. J’ai une mémoire d’éléphant, c’est faux, elle a du l’apprendre par nos voisins agés, quand je l’ai emmené boire le café.

Martine s’en prend plein la figure par ses deux filles. Mais avec sa mauvaise foi habituelle, elle continue à dire qu’elle n’a rien dit parce que ça la choquait donc qu’elle n’a pas parlé, alors qu’elle est incapable de tenir sa langue, surtout pour une chose aussi grave. Martine est prise en flagrant délit de son incapacité à écouter les autres. Donc à retenir ce qu’ils disent !

Puis je l’abandonne et je pleure seule dans la rue, je rejoins Athéna au café du centre et je lui raconte ce que je viens d’apprendre. Les souvenirs reviennent, même si Pierrick m’a déçue car depuis nos mariages respectifs, quand je le croise ça se limite ” Ça va bien et les enfants ils vont bien ? “
…il n’empêche qu’il reste l’ami connu à 18 ans avec qui j’ai tant de souvenirs.

Quelques jours passent, c’est le 14 juillet. Athéna et moi, nous avons décidé d’aller écouter le fanfare et le discours du maire de PetiteColline, à condition d’être attablée à la terrasse du café.

En arrivant sur la place je tombe sur Pierrick. Athéna très discrète file faire une course. Pierrick me dit aussitôt qu’il va mieux., Heureusement que j’ai eu l’information quelque jousr plus tôt sinon j’aurais pu faire une super gaffe. Il me parle, j’écoute, il s’est arrêté de travailler un an, a vécu la joie des rayons et des hôpitaux, me parle de sa femme et ses enfants. Il a les cheveux très courts. Il dit que pour lui mourir ce n’est pas grave, c’est pour ses enfants que ce serait dramatique. Je lui dis arrête tes conneries, et je caresse sa joue. Puis Athéna revient et nous nous quittons.
Athéna me dit : je voulais te laisser, je savais que tu voudrais lui parler. Je la remercie son intuition et de sa discrétion. Puis nous allons au café. Plus tard Athéna verra le fils de Pierrick qui a beaucoup maigri. Surement que ça marque cruellement une famille, ce genre d’épreuve.