Dans un grand café à Paris. Le décor est joli.

J’ai pris un café, lui une bois­son. Le ser­veur amène nos con­sos. Je sors le sucre de son sachet, et un petit tas de sucre s’en échape. Il est là, à ma gau­che. Je fais un petit tas, mais je ne le jette pas par terre, bien qu’il soit minus­cule c’est de la moquette.

Il parle, j’écoute, il a de lon­gues mains élé­gan­tes. Je fais bien atten­tion à ce petit tas de sucre, à ne pas met­tre le coude dedans, je l’oublie, puis j’y repense, ne pas dépla­cer un volume de sucre égal au poids de mon coude.

Lui il a son ter­ri­toire. La table est étroite, mais nous avons cha­cun nos ter­ri­toi­res invi­si­bles, c’est ainsi. Ses mains, les mien­nes, nos avants bras, rien ne vient s’aven­tu­rer sur le ter­ri­toire de l’autre.

Et puis pris par son récit, il s’est rap­pro­ché. voilà que ses mains sont sur mon ter­ri­toire, que ses avants bras sont sur la table de cha­que coté des miens.

Et d’un geste large et rapide, il envoie val­ser par terre le petit tas de sucre. Je me retiens de ne pas écla­ter de rire.

Et du coup je suis plus déten­due.