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Cette pre­mière let­tre est une grande joie pour moi ! Patrick me pose beau­coup de ques­tions, il croit m’avoir déjà ren­con­trée, me donne des noms de vil­lage, des fêtes dans les­quel­les on aurait pu se croi­ser.

Il faut me tirer de ce piège, sans dénon­cer ma copine, ni mon stra­ta­gème, mais j’ai une ima­gi­na­tion débor­dante. J’ai quel­que chose à lui dire que je pré­fère lui dire en face, et je réponds à ses ques­tions sans y répon­dre, j’étais là et là, j’habite un petit vil­lage pas loin de Petite Col­line, je vais sou­vent à la pis­cine.

Nous nous écri­vons régu­liè­re­ment. J’attends ses let­tres plei­nes de poé­sie, je l’ima­gine quand il ma parle des semailles, et plus tard des mois­sons. Un rêve sans doute, tout comme je suis un rêve pour lui tout auréo­lée de mon mys­tère de pari­sienne.

Puis l’été arrive enfin. Il me donne un pre­mier ren­dez vous auquel je ne peux pas aller, je reçois la let­tre trop tard, et le 1er juillet, je suis encore à Paris. Nous con­ve­nons d’un autre ren­dez vous, il m’atten­dra sous l’énorme pla­tane du café de France, bizarre alors que les jeu­nes, et moi la pre­mière pas­sons notre vie dans celui d’en face, le café du Cen­tre.

Je suis morte de trouille ! Je vais en ville accom­pa­gnée de ma sœur et d’une copine, qui bien sur me quit­te­ront le moment venu !

Sauf que Patrick, le cré­tin n’a pas le même rai­son­ne­ment que moi ! Il est bien assis à la ter­rasse du café… mais avec toute sa bande de potes !

Ceux là pour des cris dès qu’une fille (ou 3 comme nous) pas­sent dans la rue : “Pari­sienne ! Paris”

C’est gagné ! je n’y vais pas ! Com­ment peut on être aussi bête ?

Plus tard j’appren­drai par ses copains son anxiété et com­bien de fois il avait regardé sa mon­tre. Je ne lui dirai jamais que je suis pas­sée, que je l’ai vu en pas­sant. Je lui écrit et il me fixe un autre ren­dez vous dans une salle des fêtes, un samedi soir.