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J’ai toujours pensé que le jour où je trouverais l’âme sœur, j’allais beaucoup parler, ou plus exactement nous allions beaucoup parler ! 

Et c’est évidemment ce qui s’est passé avec mon ami d’enfance. Nous avons toujours beaucoup parlé. 

Bien sûr quand je dis parler il ne s’agit pas des choses basiques : nos parcours, nos projets, nos changements de vie importants ou non, nos petits et grands soucis…

Non je parle de nos âmes, de nos états d’âmes… De ce besoin irrépressible de se confier, de courir vers l’autre dès que quelque chose nous émeut, nous travaille, nous choque…
De ce besoin que j’ai eu pendant tant d’années… 
Un jour j’avais résumé cela en une phrase : 
Nous étions le psy l’un de l’autre…

Puis le temps a passé. En perdant mon ami, j’ai perdu cette possibilité de pouvoir courir vers quelqu’un quand j’avais des bleus à l’âme…

Mais on apprend tout de ses souffrances comme dit la chanson, on apprend tout aussi de la solitude. Au début je parlais à tout le monde et n’importe qui sans que cela ne m’apporte jamais le soulagement escompté. Et puis on comprends que les autres, même ceux qui se prétendent nos amis s’en contrefichent et ont d’ailleurs tout oublié (j’en ai même vu une qui avait oublié la mort de mon père quand je lui ai dit que Noël allait triste cette année !).

Alors on apprend, on grandit. On apprend à devenir sa propre meilleur amie, on apprend à faire la part des choses, on apprend qu’il y a beaucoup de bleus à l’âme qui guérissent tout seuls avec le temps, ou en écrivant. On apprend que si on fait le tri, il n’y a pas tant de blessures que ça dont on a envie de parler. 


Il n’en restait pas moins que je me disais qu’un jour je trouverai le bon, et que ce jour là je pourrais parler, que ce jour là nous pourrions beaucoup parler. 


Je me voyais aussi, déroulant mon passé, mon mariage, mon parcours amoureux, mon CV sentimental, comme souvent en début de relation. 

Oui je me disais ça, très optimiste que je suis, pourtant je sais bien que beaucoup d’hommes ne parlent pas ou si peu même quand ils vont mal !  Je savais encore plus que beaucoup d’hommes ne savent pas écouter, et même si ils savent écouter, ils sont fort maladroits ou très démunis quand il s’agit d’apporter un réconfort ou à défaut se souvenir de ce qu’ils ont entendu….

Je ne leur en veux, ni ne les juge ! Je constate ! Mais cela ne m’a jamais découragée, vu que j’ai toujours eu des amis hommes, et guère de difficultés de communication dans un sens comme dans l’autre ! 

Mais il est vrai que les choses ont changé ! Joseph, par exemple, très rares sont les fois où je l’appelle au secours parce que je vais mal ! Si j’ai un coup de blues, j’attends toujours que ça passe, et si vraiment ça ne passe pas, je l’appelle. Mais la relation que j’ai avec lui, n’a rien à avoir avec celle que j’aurais pu avoir avec un homme, dix ans plus tôt ! 


Puis je l’ai rencontré. Et nous avons parlé, bien sûr, nous avons fait connaissance. Quand est venu le moment de parler de nos âmes, je l’ai écouté. Car il en avait besoin, bien plus que moi. Au début je ne parlais pas parce que je ne voulais pas, je ne me voyais pas dans le rôle de celle qui a enfin trouvé un interlocuteur. Je parlais de moi bien sûr, mais pas tant que ça.

Et puis beaucoup de choses se devinent, beaucoup de choses se comprennent à demi mot. À quoi bon dire “moi je suis comme ça et comme ça” ça se sent…     

N’ai je pas senti qui il était sans qu’il ait à tout me dire ? 
Je n’ai eu aucune envie de raconter le passé, mariée, divorcée, il sait l’essentiel. Nous sommes aussi pudiques l’un que l’autre sur le passé amoureux. 

Et puis je suis bien là, dans ses bras. Et plus le temps passait moins j’avais envie de parler, parce que je n’en avais plus besoin ! 

Très souvent nous philosophons, mais ce n’est pas pareil que parler de soi, quoique ! 

Peut-être suis je loin de l’adolescence et de ce besoin de parler de ses états d’âmes. Peut être que mon premier amour parlait trop parce qu’il préférait les grands discours à la chair. 
Quand les corps se parlent, les bouches se passent de mots.