Je ne vous ai peut-être jamais avoué cette tare particulièrement horrible : je suis fonctionnaire… (je ne vous dirais pas où il y a des limites à l’impudeur !).
Mais pour les besoins de ce billet, je dois le dire Argh !!!
Donc dans la fonction publique, on passe des concours… tout le monde connaît. C’est très bien pour l’égalité des chances, c’est très bien pour monter les échelons… Sauf que passé un certain âge et un certain nombre d’années dans la “boîte”, on se dit que passer encore des examens à l’âge adulte, ben bof !
Sans compter que dans certaines administrations les épreuves des concours internes (je ne suis pas téméraire au point d’essayer de changer d’administration) n’ont pas grand chose à voir avec le travail sur le terrain. Alors plancher sur une note de synthèse sur les tribunaux administratifs et passer un oral sur la réforme de l’Etat, ben voilà c’est un pensum….
Là vous vous dîtes, mais quel rapport avec le titre du billet ? J’y viens !
Donc j’ai gravi péniblement glorieusement les échelons, et lors de mon dernier succès, j’ai rencontré dans le stage dit “d’adaptation” (obligatoire même si ça fait 20 ans que tu fréquentes le même Ministère, mais c’est vrai que les Ministres changent) une copine de galère, Lisa. Nous somme restées en contact, et voilà que depuis le début de l’année, Lisa me motive pour passer un autre concours pour devenir chef cette fois ci !
Alors que moi je m’étais bien juré que c’était fini que je me contenterais de mon misérable énorme salaire en attendant ma non moins énorme retraite… Mais bon en même temps, elle n’a pas tellement tort, ce serait idiot de ne pas profiter de cette chance et si je n’avais jamais passé de concours, j’en serais encore à faire des trous dans des fiches cartonnées ! j’exagère bien sûr !
Donc nous voilà donc à nous auto encourager, à nous plaindre par téléphone des sujets lamentables et des correcteurs très mauvais… À comparer nos glorieuses notes, et nos mirifiques progrès…Bref, nous voilà revenues à l’école…
Il y a quelques jours, nous avons assisté à un concours blanc. Après la pause café, nous nous installons, nous étalons plutôt… La madame devant le tableau explique qu’elle va distribuer les sujets… Et mon amie et moi continuons à piapiater même une fois qu’il faut se taire…
Après coup je me retiens de rire : nous sommes bien des filles… se dit la mère qui lève un sourcil qui se veut sévère en lisant le bulletin d’Artémis :
- Comment se fait-il qu’il y ait écrit “bavardages” aussi souvent sur ton bulletin ?
Puis une fois plongée dans les méandres de mon esprit de synthèse et d’analyse, le stylo à la main, je lève parfois le nez et je regarde la salle. Les gens sont tous plus âgés que ma complice et moi. Plus que la cinquantaine, on dirait que certain n’ont pas quitté leur bureau depuis des lustres… Ça ne veut rien dire, mais je me dis à part moi (ouh la vilaine) qu’ils n’ont pas la tête de l’emploi !
Bon c’est pas beau, ça je ne le dirais pas tout haut !
Puis cette aprèm Lisa m’appelle parce qu’elle a eu sa note. On parle, on compare, on pense au corrigé, je me décourage : “non mais laisse tomber, aucune chance, je suis nulle !”
Elle proteste :
- je ne veux pas être méchante, mais tu as vu les gens dans la salle ?
J’éclate de rire ! Je n’osais pas et là, du coup j’ose !
Peut-être une manière de se rassurer ?
Peut-être qu’être fille c’est aussi être moqueuse. Hé ! Moqueuse c’est pas méchant hein !
Artémis a du mal à accepter ce côté moqueuse (que j’ai en commun avec Athéna), elle dit que je critique tout le monde. Alors que critiquer c’est différent, c’est plus méchant (et oui bien sûr ça m’arrive !). Pour moi critiquer c’est plus juger le comportement de quelqu’un !
Mais moqueuse, ça j’ai été à bonne école avec ma mère et mes soeurs. Je me souviens de ma mère à un feu d’artifice du 14 juillet, qui avaient déclenché chez ses 3 filles un fou rire ininterrompu :
- tu as vu la tronche de la femme du préfet ? Il doit pas rigoler sous la couette !