J’ai tendance à voir les gens plus beaux qu’ils ne sont. Je ne parle pas du physique. J’ai tendance à les parer de vertus qu’ils n’ont pas, à les revêtir d’une aura spéciale.

Il y a des niveaux. Mon ami Gwenaël, qui soit dit en passant voit aussi les gens plus beaux qu’ils ne sont, s’amuse de ma façon de mettre des niveaux partout. Par exemple le mot ami est galvaudé, du coup moi je dis ” ami du premier cercle “, du deuxième et je vous passe la suite, vous allez vous endormir.

Revenons-en à nos moutons. Il y a longtemps, une collègue qui avait l’âge de ma mère, me racontait sa rencontre avec son mari, et me disait à quoi elle rêvait quand elle était jeune fille :
- Je voulais un homme qui ne boive pas, qui ne joue pas, qui ne se bagarre pas !
J’ai ri et j’ai répondu : ” mais ça c’est le b.a ba ! “

Autre milieu, autre époque, Martine aurait sûrement dit la même chose, car les garçons qu’elle cotoyait dans son quartier n’étaient pas tous des enfants de chœur. J’imagine une jeune fille dire : je rêve d’un bagarreur, qui boit et joue l’argent du ménage au poker !

Là nous parlons de comportements, de choses relativement faciles à voir. Et si c’est le b.a ba pour moi ce n’est pas seulement parce que j’ai eu une enfance de petite fille modèle. Devenir alcoolique, me droguer, me shooter aux médicaments, ça dépasse mon entendement. N’allez pas croire que je juge.
J’ai eu de la chance, j’ai de la chance ou je suis née comme ça, inné, acquis que sais-je ?
En tout cas il m’est arrivé d’être très déçue en apprenant qu’une personne que je connais depuis longtemps a tel ou tel travers. Pas déçue par la personne, mais je vais y revenir.

Ensuite il y a les valeurs. Je crois pouvoir dire sans me tromper que c’est de l’acquis. Éducation des parents, cathéchisme le jeudi. Mon opinion est que l’éducation des parents est suffisante, la preuve, j’ai la faiblesse de croire que j’ai inculqué des valeurs morales à mes filles, sans pour autant passer par la case cathéchisme.
Si je leur demandais leur avis (ce que je ne ferai pas) elles vous diraient sûrement que je suis trop vieille école, voire psycho rigide ! Cet été elles m’ont avoué avoir commis un menu larçin chacune, piquer un petit truc au Noprix, et elles ne comprennaient pas que je sois choquée !
” Mais maman tout le monde l’a fait “. Puis ” Oui on sait pas toi, mais c’était dans les années 40 et tu étais super coincée ! “
Les garces !

Bon je m’égare encore.

Les valeurs. Je vois les gens avec des lunettes roses, je crois qu’ils ont des valeurs. Le bénéfice du doute ? Même pas, je n’ai pas de doutes !

Beaucoup de choses ne sautent pas aux yeux dès le début. L’humain est un animal sociable qui sait sourire et bien se comporter en public. Et pourtant je prends le temps de connaître les gens, je sais que c’est parfois long. Je n’ai pas envie de me limiter à la façade, au masque social. Je vous parle d’amitié, de relations, de connaissances. Je précise que je ne parle pas d’amour, c’est une autre histoire.

Le jour où je me rends compte que je me suis trompée je suis très déçue ! Je suis une grande rêveuse à qui on a arraché ses lunettes roses, j’ai perdu mes illusions.
Attention je ne suis pas déçue par la personne ! L’autre n’a rien fait, il a toujours été comme ça, c’est moi qui n’ai rien vu. J’ai foi en l’homme. J’ai pris des vessies pour des lanternes, la lumière d’un réverbère pour celle de la lune. Rêveuse, une âme de midinette !

Il m’arrive de repenser à une de ces personnes que j’ai vue plus belles qu’elles ne l’étaient. Un exemple pour faire plus simple, je sais que vous adorez mes histoires.
Appellons la Sidonie. Sidonie a été une collègue plus proche que les autres, presque amie pendant quelques années. Amie éphémère qui m’a déçue le jour où j’ai compris que je la voyais plus belle qu’elle n’était (et je ne parle pas de physique). Les phrases que nous avons tous pensées ou prononcées : ” Je n’aurais jamais cru ça d’elle, elle a a baissé dans mon estime..”
Bien sûr elle est sortie de ma vie sans heurts, comme tous ceux que vous prenez pour des amis mais qui se contrefoutent de vous.

Quand je repense à ces personnes (rarement heureusement). Je me dis que je n’aimerais pas les croiser. Pas seulement parce que je n’ai rien à leur dire, mais parce qu’elles me ramèneraient vers celle j’étais à un instant T, celle qui a cru au père Noël.

Avec le temps j’ai appris. À ne pas occulter les signes avant coureur, à ne pas m’attacher trop vite, à ne pas trop attendre des autres.

Et même si ce n’est pas dans l’air du temps de regarder dans le rétro, je suis contente quand je me dis : ça fait X années que je suis amie avec Y. Et je n’en savais rien au début ! Une belle amitié s’est construite.

Bref comme dirait Martine : il est urgent d’attendre !

nb :  les désillusions peuvent aussi arriver avec des personnes que je ne connais pas, je vous raconte ça dans un prochain billet, l’histoire de bébé Denis.