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Loïc habite en banlieue. Une maison en lotissement, une maison qui ressemblent à toutes les maisons de ses voisins, à part peut être les fleurs dans les jardinières, la voiture devant le garage. 

Autour de lui, il y a des familles, comme la sienne avec des enfants en bas âge. Plus rarement des couples plus âgés dont les enfants sont partis. Comme tout le monde il a 40 ans, une épouse, deux enfants, une grosse voiture noire qu’il prend tous les matins pour aller travailler. Son épouse ne travaille, ils avaient fait ce choix il y a longtemps, à cause de l’éloignement de son travail, des transports, des frais de nourrice et autres problèmes. Ils avaient fait ce choix quand ils s’étaient installés dans cette maison en lotissement. 

La maison la plus proche de la leur a été vendu en hiver. Les voisins se sont présentés à eux. Un couple la cinquantaine, avec leur fille qui doit avoir 25 ans. La maman a dit que sa fille a trouvé du travail et qu’elle devrait bientôt trouver un appartement en ville, elle en a assez des transports. Mais bien sûr comme c’était l’hiver, LoÏc n’a pas beaucoup croisé ses voisins. 

Là c’est l’été, cela fait plusieurs week-end qu’il fait beau. Et Loïc lit le journal dans un fauteuil de jardin, les enfants s’amusent gentiment, son épouse est partie faire les courses. Dans le jardin voisin, la jeune fille lui fait un petit signe de main puis retourne à ses occupations. Il constate qu’elle est jolie, pas très grande, des cheveux bruns mi-longs bouclés, une frimousse juvénile avec des taches de rousseur. Ni trop grosse, ni grosse mince, souriante. 

Elle s’appelle Nadine, il a entendu sa mère l’appeler. Et voilà que de plus en plus souvent le dimanche, il guette le moment où Nadine va sortir lire dans le jardin, ou éplucher des haricots avec sa mère, ou encore trier des photos, coudre, prendre le thé. Parfois elle garde des enfants aussi. 

Loïc se surprend à orienter son fauteuil pour avoir une vue suffisante, pas toujours facile, il y a des arbres, la haie. Parfois la jeune fille déplace la table de jardin pour être à l’ombre, et parfois aussi il pleut. 

Un lundi, alors que Loïc est en voiture, il voit Nadine qui attend le bus. Il s’arrête à sa hauteur et lui demande où elle va. Elle indique que son bureau se trouve dans tel quartier. C’est assez loin du bureau de Loïc, mais ça ne le dérange pas, il dit avec un à propos qui l’étonne lui même : 

- Je travaille juste à côté, rue Parmentier (en fait il s’agit de l’adresse d’un de ses clients), je vous dépose ? 

à suivre