Il y a des personnes comme ça, très douées pour vous proposer des plans foireux. Pourtant on devrait s’en douter.

Autant certains sont débrouillards, rendent de vrais services, on sait que l’on peut compter sur eux, autant pour d’autres on se pose des questions. Mais vous avez foi en l’homme et vous voulez essayer quand même.

Scène I

Vous avez fait un super reportage en Afrique, avec textes et photos, et vous aimeriez bien le faire publier (ça marche aussi si vous avez écrit une belle chanson). Et voilà que Josette, une copine du cours de gym, vous dit qu’elle connait quelqu’un qui travaille au magazine ” Géographie du monde ” et qui pourrait vous aider.
À priori vous trouvez ça un peu bizarre, Josette est téléconseillère chez Larnaqueur, et quand elle parle de ses amis, ils n’ont pas l’air de graviter dans le milieu des journaleux. Mais sait on jamais, il arrive qu’on ait une amie d’enfance qui fasse un métier atypique. Vous acceptez de rencontrer cette amie, Véronique.

Josette vous propose un café un samedi matin à 9 h 00, à BanlieueduSud, alors que vous habitez BanlieueduNord. Pas le choix, Véronique embauche de bonne heure, et après elle part pour 6 mois en Patagonie. Qu’à cela ne tienne, vous tenez à votre projet.
Il faudra vous lever à 6 h mais le jeu en vaut la chandelle.

Lorsque vous arrivez, Véronique est très sympathique. Vous posez des tas de questions : elle est webmastrice chez Monde du Tapis. Vous insistez, sans comprendre ce que vous faites là. Elle non plus ne sait pas pourquoi vous la rencontrez, elle interroge à son tour Josette, Géographie du Monde ? Oui elle y a bien fait un stage en août, mais côté informatique !
Des contacts ? Euh… Peut être, elle veut bien appeler Bill, mais ne promet rien.
Vous comprenez que Josette vous a entraîné dans un plan foireux… Et à part pour se faire mousser vous ne voyez pas le but.

Scène II

Vous avez une armoire et un lave vaisselle à déménager. Vous songez à louer un camion. Le lave vaisselle tiendrait à la rigueur dans votre break, mais vos amortisseurs sont morts. Mais voilà Fred, votre sauveur ! Il vous dit qu’il a un petit camion, c’est un copain à lui qui lui prête souvent il n’y a aucun problème. Vous calez une date avec lui. En effet c’est votre cousine qui récupère le lave vaisselle et l’armoire, et il faut qu’elle soit chez elle pour réceptionner le matériel.
Le temps passe, vous n’avez pas de nouvelles de Fred. Puis il finit par vous appeler : son copain était en vacances, mais pas de problèmes, il rentre jeudi, le camion sera disponible samedi. Vous avez confiance.

Le samedi arrive. Vous attendez devant chez vous. Une demi heure de retard, puis une heure. Fred est injoignable sur son portable.

Fred arrive enfin ! Mais pas au volant d’un camion, mais de sa fourgonnette Rino. Vous tombez des nues. Il vous raconte une histoire fumeuse comme quoi le copain a vendu le camion. La vérité c’est qu’il ne l’a jamais appelé… D’ailleurs est ce vraiment un copain ?
Quand vous protestez que l’armoire et le lave vaisselle ne tiendront jamais dans sa camionnette, il vous explique que l’armoire dépassera un peu, pas grave, et le lave vaisselle pas de soucis, puisque vous avez un break !
Ah bon ? Et pourquoi vous ne pouvez pas prendre votre break ?
Vous renvoyez Fred dans ses foyers et la prochaine fois, vous irez à l’agence de location louer un camion !

Scène III

Du vécu : c’était l’époque où on commençait à utiliser les messageries dans l’administration. Il est question de familiariser les gens avec la messagerie, pour éviter le papier, le Grand Chef à Trois Plumes enverra les convocations de la réunion au sommet et l’ordre du jour par messagerie. Familiariser les gens n’est pas inutile : entre ceux qui croient que leur adressé mél n’est utilisable qu’en interne, et ceux qui croient qu’un accusé réception veut dire ” oui je viens à la réunion “.

Pour cela on crée un groupe de travail.

Le chef de groupe me demande d’être son adjointe car je maîtrise la messagerie depuis un bail, et que si j’explique aux gens comment ça marche, ça passera mieux que si c’est un chef à deux plumes. Un groupe de travail en gros, c’est deux personnes qui bossent : le chef et l’adjointe. Les participants sont contents d’être là, ont lu l’ordre du jour, quand on leur dit : pour la prochaine fois, proposez des idées, et notez les, on en discute. La fois d’après ils n’ont pas eu le temps ou ont oublié.

Long préambule, mais on arrive au plan foireux !

Je dois donc rédiger un mode d’emploi, faire une démo. Le chef de groupe dit qu’il n’y a pas de raison que je fasse tout toute seule, et me dit d’aller voir Vieugarçon qui fait partie du groupe, il le connait, il a travaillé avec lui, il pourrait me donner un coup de main. Je ne connais pas Vieugarçon, alors pourquoi pas.

Il travaille dans une annexe, je dois prendre le métro, et perdre un après midi. Je pars avec mon ” mode d’emploi ” déjà bien avancé, tapé dans Word. Mais dès que j’ai parlé trente secondes avec Vieugarçon, je comprends où je suis tombée.
Vieugarçon maîtrise parfaitement Word et me propose des tailles de police, des idées de soulignement. Le reste ? Niet !

Je repars furieuse, et je demanderai au chef de groupe pourquoi il m’a envoyé voir ce type et quelles sont ses compétences exactement ?
Il n’en savait rien, il voulait juste qu’il me donne un coup de main !
Je ne connaissais pas Vieugarçon,  mais je connaissais le chef de groupe, j’aurais du me méfier !


Maintenant je me méfie des plans foireux ! Je me suis toujours méfiée des gens sur qui on ne peut pas compter ! En réalité, il faut s’en méfier doublement ! Si ils vous proposent un plan, l’aide de leurs relations, c’est la même chose que si ils vous disent oui pour vous rendre service : FUYEZ !