C’est le début de l’été et Aude se promène sur sa plage préférée. C’est l’aube encore, à part une mouette solitaire, et un vieux pêcheur, il n’y a encore personne. Il fait encore frais.

Aude a l’intention d’aller boire un chocolat, dans ce petit café si sympathique, au bord de l’eau. De loin, on dirait qu’on a repeint la vitrine, mais en s’approchant, elle s’aperçoit que c’est une grande pancarte : fermeture pour travaux. Elle hésite un instant : c’est tout de même bizarre, elle a parlé au patron, hier, avant hier, si il y avait vraiment eu des travaux et une fermeture, il en aurait parlé !

Elle regarde à travers la vitre sale : le bar est en zinc, le carrelage est noir et blanc, derrière le bar des pancartes métalliques, vermouth, pastis 51. Aude croit rêver !
c’est impossible ! Le bar semble dater des années 50, hier, elle en est sure il n’était pas comme ça !

Il était comment d’ailleurs ? Elle doit faire un effort de mémoire : voyons, banal surement. Le carrelage ? Gris ? Noir ? En tout cas pas ces grands carreaux blanc, avec les coins noirs, qui forment un petit carré ! Et le bar en lui même ? Pas en zinc, non elle y a trop souvent posé sa tasse, elle l’aurait remarqué !
Et derrière le bar ? Des bouteilles la tête en bas sur des distributeurs, des verres…
Cela n’a pas  pu changer en une nuit ! On tourne un film ici ! Je ne vois pas d’autres explications ! Soudain Aude voit de l’animation au fond du bar, un homme en bleu de travail qui tient une grande rallonge électrique, et un autre, entre deux ages, grand, efflanqué… Ses vêtements sont étranges, sans forme, passe muraille.

Aude se rend compte soudain qu’elle est indiscrète, et recule précipitamment. Mais c’est presque trop tard : l’homme étrange s’est approché de la porte et il l’ouvre :

Monsieur X :  Bonjour Madame ! Désolé pour le dérangement ! Nous allons ouvrir bientôt !

Aude :  Ah ! Je comprends ! Mais où est M. Delblanc, le patron ?

Monsieur X:  Le patron ? Mais c’est moi Madame, je viens de racheter ! Et vous devez vous tromper, le café n’appartenait pas à un M. Delblanc !

Aude :  Je ne comprends pas trop… Il n’a rien dit ! Enfin ce n’est pas grave !

Monsieur X :  J’espère que ça va aller vite ! Les ouvriers de nos jours ! Pourtant je les paye bien, si vous saviez ! Tenez pas moins de 5 000 francs pour mettre une prise de courant, vous imaginez !

Aude sourit : 5 000  francs ? Vous êtes surs que c’est des francs ?

Monsieur X : Ah je vois ! Vous vous moquez, je n’arrive pas à me faire aux nouveaux francs ! Non je voulais dire 500 bien sur ! Cela fait un an pourtant, j’aurais du m’y habituer ! Vous vous êtes jeune, c’est plus facile, vous y arrivez ?

Aude : Euh ! Vous avez un humour très spécial ! Mais oui je me suis bien faite à l’euro !

Monsieur X : Leuro ? Bon je ne m’ennuie pas, mais je dois surveiller les travaux ! Revenez quand vous voulez !

Aude : Avec plaisir, Phil Amant doit venir me voir bientôt, je vous le présenterai !

Monsieur X : Filament ? Vous aussi, vous avez un humour spécial, Madame ! Aurevoir !

Aude s’éloigne un peu surprise, pressée de raconter tout ça ! Tout à coup l’homme la rappelle :

- Madame !

Aude :  Oui !

Monsieur X : Si jamais je n’étais pas au bar, n’hésitez pas à me demander : je m’apelle Adrien Delsuc !

Bonus : Billet écrit (et publié) chez Aude, à l’occasion de son bloganniversaire !