coquelicot1Depuis que ma tribu et moi sommes allés chez Laurent, en avril, à part quelques coups de fils, je ne l’avais pas revu.

C’est Camomille, ma sœur qui avait proposé de les inviter, car Laurent, sa femme Léa et Benoît son frère, n’avaient jamais vu la maison de Camomille.

Bien sûr ce fut très compliqué, moi jouant les intermédiaires “
- allo Laurent, Camomille propose 3 dates, tu demandes à ta femme et ton frère et tu me rappelles !
- allo Camomille, bon je sais juste que la date du x novembre c’est mort
En effet Camomille est une grande mondaine, ses dîners sont prévus 6 mois à l’avance, alors bloquer 3 dates au cas où c’est impossible, elle me harcelait pour que je harcelle Laurent !
Puis il y avait encore Benoît : “allo Benoit, Laurent t’a dit pour le 6 ? C’est bon ? Ok !”

Mais bon on y arrive ! Je suis chez ma sœur avec ma tribu, mes deux sœurs et leurs conjoints, mon frère et sa femme, et je ne vous redis pas tous les noms… Comme d’hab Laurent m’appelle 2 fois sur mon portable pour me dire qu’il est coincé dans les embouteillages….

Laurent plaisante souvent sur le fait que nous habitons “le grand Ouest” et lui “le grand Est”. Ce qui est bien sûr exagéré, il n’empêche qu’il faut tout de même se taper le périph Est Ouest, et que Laurent part toujours en retard. Nous le savons aussi, raison pour laquelle, on lui dit 20 h 30 et pas 21 h…

Laurent, Léa et Benoît arrivent enfin.

Dans l’entrée, Laurent et Léa offrent des fleurs à ma sœur, Benoît du champagne.

Laurent pose un sac noir avec des étoiles, plat sur la table de l’entrée. Un cadeau ?

Je n’y peux rien quand il offre un cadeau à ma sœur, même si c’est très rare et du aux circonstances, (son mariage ou une invitation à son anniversaire) je ne peux pas m’empêcher d’être jalouse, la gamine qui est en moi pointe son nez :

Laurent est mon ami, à moi na !

Mais j’oublie vite le cadeau qui reste là, j’ai du me tromper, ce n’est pas un cadeau, c’est un sac à lui.

Nous passons à l’apéritif, puis nous visitons la maison.

Je parle un peu à Léa des enfants, je la trouve toujours un peu distante, mais plus ça va, plus je me rends compte que ça n’a rien à voir avec moi. Elle est souriante, agréable, mais elle n’a rien de spécial à nous dire. En deux mots, elle est mondaine, les classiques “prise de nouvelles” : comment va votre Maman, où en sont vos travaux” mais rien d’autre. Pas grand chose à voir avec moi ! Pas étonnant qu’elle s’entende mieux avec Camomille !

À table, je suis à côté de Laurent. Moi en bout de table, lui à ma droite. Tout le monde parle ensemble, je parle peu avec Laurent, même si il y a parfois des apartés.

Là encore je retrouve la gamine qui est en moi. J’ai beau savoir qu’il se restreint en présence de sa femme, si Laurent ne montre pas un minimum de tendresse et d’affection à mon égard, je suis frustrée, inquiète.

C’est Gaël qui m’a fait comprendre ça sans le savoir : au début de ma relation avec lui, Athéna acceptait mal cette amitié. J’en avais parlé avec Gaël, en toute innocence, ce qui fait qu’en présence de ma fille, je le trouvais très froid, et était chaque fois persuadée qu’il men voulait. J’ai vite analysé le changement de comportement loin de ma fille. Et ça n’a pas duré, car Athéna est vite passée à autre chose.

Nous évoquons des souvenirs et des petites choses transpercent la carapace des apparences :lorsque nous parlons de l’appartement de leurs parents  à Paris, Camomille dit : oh on a du y aller une seule fois !

Moi beaucoup plus mais je ne le dis pas ! 

Lorsque nous parlons des problèmes d’embouteillages, Laurent dit :

- quand je venais vous voir à Versailles, je venais toujours en scooter !

Benoît lève un sourcil étonné, je lui dis :

- il y a longtemps, quand il était jeune !

Pas si jeune que ça mais bon ! Sans compter que ce n’était pas nous qu’il venait voir, mais moi !

Puis la fin du repas arrive. Nous nous retrouvons dans l’entrée à parler.

Et soudain Laurent prend le cadeau : “oh j’avais complètement oublié”

…et il me le donne, le livre, son livre !
je ne rentre pas dans les détails, il ne s’agit pas d’un roman de lui, mais d’un ouvrage collectif en rapport avec son boulot !

Toute contente, je lui demande une dédicace, il retourne à la table où je le suis. Je le prends en photo.

Quand il a fini, je lui fais une grosse bise. Je suis toute contente.

Puis la soirée se termine.

Ce soir là, dans mon lit, j’ai pleuré comme en avril, mais pas de tristesse, de joie, d’émotion !

Le lendemain, Athéna voudra voir la dédicace métaphorique, voudra même des explications, et la trouvera un rien ambigüe et coquine !