flou_gaussien

Ma maman est myope comme une taupe… Jeune elle ne voulait pas mettre ses lunettes, mais elle a rencontré mon papa qui n’appréciait pas vraiment qu’elle ne le reconnaisse pas quand elle le croisait dans la rue ! Finis les complexes !

C’est sûrement grâce à elle que je suis myope aussi. Myope très jeune, vers 7 ans, ma soeur Camomille m’a suivi de près. Les deux autres traitres ont été relativement épargnés…
Sauf qu’il parait que la vie moderne fait le bonheur des opticiens, Cédric et Servane ont eu des lunettes à 30 ans. Mais pas grand chose à voir avec moi, parce que quand j’essaye leurs lunettes correction -1, j’ai envie de rigoler et je leur demande à quoi ça leur sert !

Revenons donc aux sources… Les lunettes pas vraiment le top… Et oui à l’époque, il n’y avait pas dans les classes 5 bigleux… Il n’y en avait souvent qu’une : moi… Et quand il y en avait deux, pas de chance, c’était souvent la débile de service. Et quelle chance nous avions les mêmes lunettes !  Parce que je n’avais guère le choix, c’était lunettes sécurité sociale ou rien. Et pour ceux qui connaissent vous savez qu’il n’y a rien de plus gracieux ! Anémone en porte dans le film Le grand chemin

Il n’était pas rare que l’on m’appelle “serpent à lunettes” ou qu’on fasse des blagues idiotes…
Par exemple Clarence, le lion de Daktari, oui je sais je suis un dinosaure, parce que bizarrement à l’époque, on associait lunettes et strabisme, alors que je n’ai jamais louché !

Bref, quand on est timide on se passerait bien de ces moqueries ! J’aurais surement oublié cet ustensile sans les blagues. Je ne suis pas trop le genre à faire une fixation sur quelque chose ! Bien sûr la coquetterie serait venue un jour ou l’autre, mais le complexe ? Qui sait !

À 13 ans, j’ai tout de même tapé sur la table et refusé les lunettes sécurité sociale, qui ont fini par disparaître à la vente  !
J’ai eu des lunettes en plastique transparent, discrètes jolies, ma vie a changé. Camomille, la garce, myope à 13 ans a échappé aux lunettes sécurité sociale et s’est offert des lunettes cerclées de métal, lunettes d’intello.

Mais ça n’a pas duré. Dès que j’ai eu envie de plaire, j’ai abandonné les lunettes, préférant vivre dans un flou gaussien, je n’ai pas inventé le mot, voir la photo pour comprendre ! Je mettais mes lunettes au lycée, pour regarder la télé, jamais en public. Camomille portait les siennes accrochées à une chaîne, sauf pour sortir le soir.
Les joies de la myopie : pas mal celui là, dis-je à ma sœur (en réalité tout ce que je vois c’est un visage rond et blanc sans traits précis, deux trous noirs pour les yeux, une masse de cheveux noirs, une silhouette en jean)
Pire : on ne se rend pas compte que l’on dévisage le visage blanc sans traits pour essayer de deviner les traits… Le voilà qui s’avance…. Euh non finalement il n’est pas terrible !

Je me souviens un jour d’être allée voir mon cousin à l’hôpital, il avait eu un accident de mobylette. Il était dans une chambre avec 3 garçons. Nous avions bien ri, je les voyais assez bien, la distance était relativement réduite, mais pas assez. Au bout de trois jours, je me suis cachée dans les toilettes, la porte entrouverte, pour mettre mes lunettes et regarder lequel je préférais ! Hihi ! Aucune importance, je ne les ai jamais revus ! Bon mais j’avais 15 ans OK !

À l’époque, les lentilles restaient chères, et pour une obscure raison, ce n’était pas avant 16 ans, maintenant  même un enfant peut en mettre pourvu qu’il soit soigneux.
L’ophtalmo était une amie d’enfance de mon père et se demandait comment je vivais dans mon flou gaussien sans rentrer dans les murs. Il est vrai qu’à l’époque je ne prenais pas le train, sinon j’aurais sûrement pris le mauvais !

Un jour Françoise, mon ophtalmo dit à mon père :
- Tu ne peux pas laisser ta fille comme ça, elle a 16 ans ! Ce n’est pas cher les lentilles !
Mon papa se laissa convaincre (en fait c’était cher). Et me voilà à essayer mes premiers verres de contact (on ne disait plus ça, mais c’était tout de même un morceau de verre qu’on se mettait sur l’œil) Et à pleurer à chaudes larmes dans la salle d’attente, pas de joie, ni de tristesse, mais le temps que mon œil s’adapte…

Ma vie a changé.  Il se trouve que je faisais partie des gens à qui on aurait pu mettre “une soupière dans l’œil” dixit mon ophtalmo. Je supportais sans problèmes les lentilles dures. Bien sûr je connus les horribles aléas. Les perdre, cela arrivait souvent : je me souviens d’une branche dans l’œil alors que j’étais à cheval, l’horreur ! La poussière dans l’œil : ce qui est tellement insupportable qu’il faut enlever la lentille et la nettoyer, et cela arrive toujours au mauvais moment : en cours, dans le train etc… C’est aussi souvent à cause de la poussière qu’on perd la lentille parce qu’on cligne trop des yeux.

Mais à part ça, c’était le rêve. Camomille attendait avec impatience ses 16 ans et en attendant me disait :
- celui là, tu en penses quoi ? Il est beau ou c’est parce que je suis myope ?
Bien sûr je prenais le risque de me faire engueuler si je le trouvais beau et pas elle, mais bon j’étais capable de lui dire quand même : non horrible, regarde ailleurs !

Puis Camomille m’a rejoint au club des lentilles dures, puis des semi rigides qui ne changent pas grand chose, mais sont plus embêtantes à entretenir : le morceau de verre, on peut le passer sous l’eau du robinet, voir se le coller sur l’œil tout sec sans  problèmes ! 

Nos aventures, nos astuces, nous les avons toujours partagées. Un jour je suis passée aux souples contre l’avis de mon ophtalmo : les souples apportent un grand confort, mais plus d’infections, de conjonctivites. Quand on supporte les dures, autant les garder. Sauf que j’en avais marre des inconvénients !
Ma sœur et moi avons tout connu aussi : la machine barbare qui chauffait les lentilles une fois par mois, la batterie de produits très élégants dans la salle de bains. L’eau distillée et les produits les moins cher “eau saline” que les opticiens ne recommandent pas : prenez le plus cher, c’est mieux pour vos lentilles !

Jusqu’à la libération totale : une révolution digne de la pilule, les lentilles jetables !  J’ai même essayé les lentilles couleur mais vu qu’il les fallait adaptées à ma myopie, c’était cher !

Artémis ma folle de fille, pas du tout myope, s’embêtent à mettre des lentilles fluo vertes, bleues, rouges pour sortir en boîte !

Jusqu’à 20 ans, j’aurais préféré être torturée que d’avouer ma myopie. Les complexes de l’école primaire étaient restés ! Jamais je ne portais mes lunettes sauf en famille. Si j’avais mal aux yeux, une conjonctivite, n’importe quoi, je ne portais qu’une lentille ou vivait dans le flou gaussien. L’été j’ai toujours eu des solaires à ma vue, car les lentilles ne plongent pas dans l’eau chlorée ou salée.

Puis j’ai grandi. J’ai toujours préféré les lentilles parce qu’on voit bien, que le champ de vision est grand. Les lunettes me gênent, me font transpirer, la buée qui attaque l’hiver quand on rentre au chaud, c’est pénible. J’ai une oreille un chouia plus basse que l’autre, ça ne se voit pas, mais ça fait mal, et aucun réglage de lunettes n’arrange mon problème. De plus je n’ai jamais été une surdouée du nettoyage de verre, comment font les autres ? Moi mes lunettes ne sont jamais nettes !

Tout ça pour dire que maintenant je n’ai aucun problème à mettre mes lunettes les jours de fatigue (il paraît même que ça me va bien), aucun problème à dire que je porte des lentilles, ce n’est plus par simple coquetterie, c’est par confort…
Ça complique un peu la vie, certes : des lunettes de soleil “normales” pour mettre avec les lentilles. Des lunettes normales, et des solaires (les verres photo truc j’ai essayé et pas aimé) mais on s’y fait. Et on sait ce qui convient : conduire le jour c’est lentilles et lunettes de soleil, la nuit c’est lunettes parce que je vois mieux avec…

Seulement voilà, je savais qu’un jour la presbytie me guetterait. Et là je ferais quoi ?
Comme ma copine Didou qui refuse les lunettes et porte une lentille pour voir de loin et l’autre de près, ouh la la ça doit faire mal aux yeux !
Comme ma copine Françoise qui ne porte qu’une lentille pour la myopie ouh la la ça doit faire mal aux yeux !
Je me disais, non allez moi j’accepterais mon sort et je me mettrais aux lunettes 24 h/24 !

Il y a deux jours je vois mon ophtalmo : les lunettes ça va, mais les lentilles, je ne peux plus lire… Il me dit que c’est comme ça qu’il a arrêté les lentilles.
- il faut rajouter des lunettes ! Des demi lunes + 1, en pharmacie…
- Bof !
Côté lentilles on ne peut pas faire grand chose pour moi. Je suis astigmate (un animal bizarre) et les lentilles ne corrigent pas cette tare. Donc déjà ma vision lentilles n’est pas top. J’avais entendu parler de lentilles vision progressive, mais il ne m’en parle pas.
Il me prescrit des lunettes progressives, et zut je venais de refaire l’an dernier solaire et blanches ! Mon cas n’est pas encore trop grave, et pour les lentilles, je dois rajouter des lunettes + 1.

Renoncer aux lentilles ? Ben non il est trop tôt ! Redemandez moi dans 10 ans !

Devant cet horrible constatation de ma déchéance future, et après avoir vérifié que mes cheveux sont toujours noir de noir sans teinture (on ne sait jamais), je réfléchis, déprime un chouia, remonte la pente !

Je trouve ça plutôt classe moi les lunettes sur le bout du nez, le petit geste pour les remonter !  Quand je rencontrais une personne qui se plaignait de porter des lunettes à 40 ans, et qui n’avait jamais été myope, je l’engueulais :
- quoi j’ai des lunettes depuis l’âge de 7 ans, et toi tu râles, alors que tu n’auras à les mettre que pour lire !

Pourtant je me tate !

Ce n’est pas que ça me gêne d’acheter, bien au contraire, j’ai toujours lorgné les mini lunettes de pharmacie (et même failli en acheter pour m’amuser) mais bon que de complications ! 
En plus des lunettes de soleil que j’ai en triple exemplaire : dans ma voiture, dans mon sac à main, dans mon cartable, il va falloir que je trimballe des lunettes demi lunes toujours avec moi ! Dans mon sac à main, au bureau, et puis dans mon cartable, tant qu’à faire autant en avoir partout !
Et que dire des vacances ! Quand il faudra emmener mes lentilles, mes lunettes de soleil “normales”, mes lunettes blanches, mes solaires, et puis des demi lunes !
Sûr je vais me reconvertir, Louisianne opticien pour vous servir !

Le choix je ne l’ai pas trop, à part me renseigner sur les lentilles progressives… Et alléger mon sac en optant pour des lunettes aux verres phototruc… Les verres progressifs et phototruc, une vraie mamie !

Le plus drôle c’est que ça m’arrive juste après un week-end très rock en roll dans le Sud, où je me suis couché à 6 h du mat ! (je raconte bientôt !)

Bon du nerf, Louisianne, tu as encore tes cheveux noirs et tes… trucs !

Edit du 08 septembre 2008 : Je ne pensais pas en écrivant ce billet, faire venir sur mon blog des personnes intéressées par les lentilles, la myopie et qui se retrouvent dans mon témoignage !

Depuis mon retour de vacances, j’ai surfé sur la toile : ce n ‘est pas parce que mon ophtalmo ne m’a pas parlé des lentilles progressives (solution idéale pour éviter de transporter toutes ces lunettes) que ça n’existe pas.

J’ai vu beaucoup de sites. Il y a bien sûr ceux des opticiens qui ne parlent que de leur propre marque. Mais j’ai trouvé ce site intéressant : Lentilles de contact online, il y a bien sûr un comparateur de prix, mais aussi des infos sur la chirurgie, les maladie, les types de lentilles etc…

Il me reste à tester les lentilles progressives !