Je suis une grande rêveuse… Le rêve est un refuge, le rêve est une armure, le rêve est une force…
Dans une chanson de Jean-Jacques Goldman “Des milliers de baisers” oui je sais c’est Céline Dion qui chante, mais vous voyez ce que je veux dire ! il est question de souvenirs, de tout ce qu’on engrange et que parfois on aimerait retrouver…

Je voudrais tout ramasser dans des grands sacs poubelle
Les paroles oubliées des plus banales aux plus belles
Qu’aucun ne se perde de ces instants si précieux
Ces phrases ont été dites, ces moments ont eu lieu

Tout enregistrer ajouter le son les odeurs
ADN, empreintes, mais que jamais rien ne meure
Ces millions de films de nous, mais pas du cinéma
Toutes les scènes perdues que l’on ne jouait pas

Je ne rêve pas de sacs poubelles, ni de caméra, mais dans les pires moments de ma vie, si j’avais pu en appuyant sur “rewind” revivre ne serait-ce qu’une nuit magique.

Ces étreintes qu’en rêve on peut vivre cent fois (Veiller tard)
Toutes les peines, toutes, pour une seule de nos minutes (Quand tu danses)

Goldman le dit mieux que moi, et vu la pub que je lui fais, la moindre des choses serait qu’il me mette un commentaire non ?

Du temps de ma jeunesse insouciante, j’avais vécu une belle histoire éphémère… Ces histoires dont on sait qu’il faut les vivre, vite et fort, parce qu’il n’y a pas d’avenir possible. Les amants habitent loin l’un de l’autre, ou l’un des deux mariés, ou tout ça à la fois.
Des belles histoires que j’écris, mais en avais-je besoin pour les garder ? Pour le faire revenir ?

Plus tard, j’étais en vacances avec le garçon avec qui je vivais, celui qui a précédé mon mari. Je crois n’avoir pas été heureuse très longtemps avec lui. Je me souviens de ces vacances en Corse, dans un car, nous nous étions disputés comme souvent. Je me suis éloignée de lui, pour m’asseoir plus loin, moi à un bout de la banquette à l’arrière du car, et lui à l’autre bout… Et je rêvais… Je me rappelais de l’autre, je revivais la belle histoire, et j’avais presque envie de dire à mon compagnon “
- Je m’en moque de toi, du mal que tu crois me faire, de nos disputes… Si tu savais où je suis là, en ce moment !

Plus tard, durant mes années de mariage, l’homme de la belle histoire m’a souvent aidée. Je pouvais le reléguer aux oubliettes des mois durant, puis il revenait dans un rêve. Je savais bien sûr qu’il n’était qu’un rêve, un échappatoire, un idéal, celui que l’on sublime, que l’on idéalise… Mais par moment j’étais obsédée. Je voulais partir là, tout de suite, prendre le train, l’avion, le revoir ne serait-ce que cinq minutes. Je maudissais mes chaînes, mariage, enfants, manque d’argent, tout ce qui m’empêchait d’y aller…

La suite vous la connaissez ceux qui suivent, je n’ai pas eu besoin d’avion pour le revoir 11 ans après, et le revoir a été un tournant incroyable dans mon destin.

Et puis comme le destin n’est point un ingrat, et que cette belle histoire là ne remplit plus son rôle, que l’homme magique ne l’est plus, le destin me donne une autre belle histoire. Au sortir du mariage, dans la période où le cœur n’est qu’une cicatrice, un vaste champ de bataille.

Une belle histoire éphémère et impossible, celle du petit Prince. 

Cette belle histoire n’est pas un échappatoire, je n’ai plus à me refugier dans mon rêve pour échapper à un couple qui bat de l’aile… Et pourtant.

Comme pour toutes les belles histoires, je regarde de temps en temps son nom dans l’annuaire.
Où est-il ? Où vit-il ? Quel age ont ses enfants aujourd’hui ? A t-il quitté sa femme finalement ? Si oui il a en a sûrement une autre !

Et parfois je fais le chemin dans la tête. J’y vais, je veux le voir ! Lui, je n’ai aucune chance de le croiser par hasard !

Je me rends compte alors que les chaînes ne sont qu’une excuse : pas de mari qui s’étonnerait de me voir partir pour le Sud sans raison précises, des filles curieuses, certes, mais tout à fait capable de comprendre :

- j’ai envie de revoir un homme avec qui j’ai vécu une belle histoire !

Les chaînes sont elles une excuse pour que l’histoire reste belle ? Ou alors le moment n’est pas venu ?

Le voir, oui mais comment ? Le croiser ? Et s’il n’est pas seul ? Et si il n’est pas content de me voir ? Parfois on se prend à rêver que l’homme en question a un métier idéal pour l’approcher : il tient un magasin, ou il est docteur, pas dentiste, non merci !
Parce que, passer l’air de rien devant chez lui, oui j’ai essayé ça ado avec ma sœur, ce n’est guère facile surtout si il habite dans une impasse !
- euh je passais par là ! Il n’y a pas une boulangerie ?

Je m’envole. Mon coeur bat, mes jambes flageolent… J’y vais.
Car si je ne le fais pas, le destin ne m’enverra plus de belle histoire !