merisier_louisianneLorsqu'on sort d'une longue relation, c'est comme si on était à nouveau vierge... Je n'ai pas oublié la musique, mais j'ai oublié les pas... Je suis aussi effarouchée que si on me déshabillait pour la première fois... Lui aussi a peur... de décevoir, de n'être pas à la hauteur. Il me le dira plus tard.

Je me retrouve ainsi dans mon lit de jeune fille. Non pas celui que j'ai partagé avec mon conjoint, il y a beaucoup de lits ici. C'est mieux.

Nous sommes tous les deux blessés par une histoire d'amour qui a mal fini, pas encore cicatrisés, incertains de l'avenir. C'est sûrement pour ça que c'est si merveilleux.

Nos corps se parlent comme si nous nous connaissions depuis toujours. Je pleure même d'émotion, je ne savais pas que c'était possible, en tout cas pas dans cette situation. Sans qu'il ait besoin de le dire je sens son besoin de tendresse, d'amour, je sens l'homme qui a été aussi négligé que je l'ai été.

Nous nous endormons serrés l'un contre l'autre à étouffer, jusqu'à ce que les crampes nous obligent à changer de position. En pleine nuit, je descends chercher du jambon (oui nous avons oublié de manger) et nous le mangeons avec les doigts en riant comme des gamins.

Nous nous réveillons très tard le lendemain et traînons encore au lit. Puis après une douche nous allons vite faire les courses avant la fermeture, c'est la campagne ici !
En faisant les courses, dans la voiture, tous les gestes du quotidien s'enchaînent sans que je ressente une gêne quelconque, comme lorsqu'on se retrouve avec des gens qu'on connaît peu. J'ai l'impression qu'il fait partie de ma vie...

Il parle toujours, dit que ma peau dorée ressemble aux champs de blé au coucher du soleil, il invente des poèmes juste pour moi... Je rêve...

Au retour je lui fais visiter la maison, je prépare le repas, nous parlons. Je suis si bien. Pourquoi me suis-je tant torturée avec un homme qui coupait les cheveux en 4, qui m'a fait tant souffrir, pourquoi ai-je prolongé une relation conflictuelle, alors qu'il y a des relations si simples ?  Alors que j'ai l'impression de passer un week-end avec un homme que je connais depuis 10 ans, et que cette impression ne s'arrête pas au sortir des draps.  Lui aussi il m'en parle...
- mais tu étais où toutes ces années où j'ai vécu sans toi  ?
Je sursaute. Cette phrase je m'étais toujours promis de la dire un jour.

Nous nous promenons dans la campagne. Mais le temps change il pleut. Le soir nous décidons de dîner au champagne. Il m'appelle pour me montrer un arc en ciel. Nous parlons longtemps avant de monter...

Ce soir là le champagne m'a désinhibée... Et j'ai changé d'univers... Nous sommes moins épuisés que la veille, nous n'avons plus la notion du temps... J'ai l'impression de n'avoir rien vécu avant. Tous les bons souvenirs sont si loin...

Mais le temps passe vite. Le dimanche, je suis triste, je pleure après le repas du midi, la fatigue y est sans doute pour beaucoup. Je ne veux pas que ça finisse. Pour conjurer le mauvais sort, je lui dis qu'on refera ça en hiver, avec un feu de cheminée.

En partant dans la voiture, en admirant les champs de blé labourés, je me sens comme la petite fille que j'étais, triste de quitter la campagne, triste de rentrer en ville le dimanche soir.

Et tant d'épreuves m'attendent encore ! Le retour au bureau. Il ne reste qu'une semaine, le pot de départ, nous n'aurons pas à faire semblant longtemps, mais ce sera dur quand même. Ensuite il y a le mariage de ma soeur Servane, à la maison de campagne début septembre, et Laurent y sera.

Nous rentrons en ville. Je le ramène chez lui. Et je retrouve mes filles qui viennent de rentrer chez mes parents... Elles sont volubiles, prennent toute la place... Je n'ai pas le temps de penser...