tasse_by_louisianneLe mois d'août passait vite. Il y a eu un week-end où j'ai rejoint mes filles en train, et où Alexis rejoignait sa famille en train aussi.
Le lundi matin nous nous sommes retrouvés tous les deux très tôt au bureau, arrivant directement de la même gare parisienne...

Il restait peu de temps avant la fin de son stage, peu de temps avant le retour des autres collègues, peu de calme en fait.

Un midi nous sommes allés déjeuner au restaurant tous les deux et les choses se sont accélérées...

Les histoires d'amour commencent toujours par les pieds. Non on ne se faisait pas de pied sous la table. Mais il avaient emprisonné mes pieds entre les siens, puis les genoux, puis les jambes. Et nous avons parlé encore plus que d'habitude... Mais là nous passions aux choses sérieuses : où ? quand ?
Tout en restant très lucides. Nous savions tous les deux que c'était une belle histoire éphémère à vivre vite et fort...  Qu'il repartirait pour le Sud. Qu'il allait changer de travail mais pas pour venir à Paris. Qu'il était en pleine séparation, mais que ses enfants ne le savait pas encore et qu'il ne savait pas ce qu'il attendait, qu'il avait peur de ne plus voir ses enfants.
Il ne restait qu'un week-end de libre. Un week-end où un vieil ami de ceux qu'on ne voit jamais, mais qui tout d'un coup se manifeste, passe un coup de fil : "tu es seul à Paris, viens donc à la maison !". Il refuse.

Le soir en partant, je vais le voir dans son bureau. J'ai réfléchi. Il habite une chambre de bonne minuscule, et propose l'hôtel à Paris. Chez moi, je n'en ai pas envie, peur que le téléphone sonne, et puis il y a trop peu de temps que mon mari a fait ses valises, je ne serais pas détendue...

Je lui propose la maison de campagne. Loin de son univers, du mieux, coupés du monde. Il est tout heureux à l'idée de passer tout un week-end avec moi. Et là je ris presque et je me dis qu'à part nos pieds, nous ne nous sommes pas touchés. Je lui dis "embrasse moi". Il court presque pour faire les 3 pas qui nous séparent.
Après il me dit qu'il est si heureux qu'il est capable de sauter par la fenêtre pour courir sur les toits.

Le vendredi soir il a une réunion et je l'attends dans mon bureau. J'ai peur. Qu'il ait changé d'avis, qu'il soit rentré chez lui. Où ?  Pas de portable, je ne sais même pas où le joindre. Et puis il faut encore passer chez lui chercher des affaires, aller chez moi chercher la voiture. Et si mon ex-mari me faisait une mauvaise blague et soit venu chercher la voiture ? Et si...

Enfin il arrive avec un grand sourire. Le temps est long... et court ensuite. Le voyage dans le métro à s'embrasser comme des ados. Le passage chez lui, où il voudrait bien essayer le lit à une place, mais je préfère attendre d'être "dans mon rêve". Le train de banlieue et le passage chez moi, puis la voiture enfin. Je le laisse conduire et nous partons.

La maison de campagne n'a pas été ouverte depuis 2 mois. Le portail grince, nous nous garons sur la pelouse. Ça me fait drôle d'ouvrir la porte, des toiles d'araignée traverse la pièce. Les tomettes sont fraîches, le vent fait murmurer les feuilles des arbres...

Le calme, le temps de la fin août en Normandie que j'aimais tant retrouver quand j'étais enfant après des vacances brûlantes au Sud... Un sas entre deux mondes, après les mois d'été, avant la rentrée quand les vacances duraient jusqu'à septembre... Un soleil reposant...

Mais là, la maison pour nous seuls, c'est encore mieux... La nuit va tomber. Nous n'avons pas faim, c'était trop long le préambule jusqu'ici. Je l'emmène au grenier où la fenêtre mansardée donne sur les plus hautes branches du merisier. En face on ne voit pas une maison, juste la campagne. Je veux changer les draps mais il m'en dissuade, pas le temps. Et pourtant il prend tout son temps.

Je lui avais dit que j'aimais lire. Alors il me parle du petit prince. Un petit prince qui lui ressemble avec ses cheveux frisés. C'est un poète, il me raconte des histoire extraordinaires, me parle des arbres, des sables du désert, du désert du petit prince, de la rose du petit prince...

Et il me fait des tas de compliments. Je revis. Je suis une jeune fille qui a profité de l'absence de ses parents pour emmener un garçon à la maison de campagne...