Reve­­­nons donc à Antoine que j’ai évo­­­qué dans ce billet

Nos filles étaient très copi­­nes. Je ne tra­­vaillais pas le mer­­credi. Fina­­le­­ment je le croi­­sais de plus en plus sou­­vent. Sa mère, la grand mère de Caro­­line habi­­tait près de chez moi. Par­­fois j’allais cher­­cher ma fille chez elle, et je le trou­­vais là, même lors­­que à priori il ne devait pas y aller.

Ou par­fois c’était lui qui venait chez moi avec sa mère. Il me par­lait beau­coup, de son métier, des ses sou­cis, de ses pro­jets. De sa femme je ne savais pas grand chose. Je l’avais croisé deux ou trois fois, elle ren­trait tard le soir, visi­ble­ment il s’occu­pait beau­coup des enfants. Elle était énorme au point que je parais­sais mince à côté.

Mes pre­miè­res impres­sions sur lui étaient plu­tôt miti­gées. Il parais­sait plu­tôt classe avec ses lunet­tes en écaille, son allure d’intello, sa façon de s’habiller. Mais la pre­mière fois qu’il a pris l’apé­ri­tif chez moi en gri­gno­tant il par­lait la bou­che pleine… Ensuite sa façon de par­ler lorsqu’il abor­dait un thème “cul­ture” m’aga­çait un peu. Ainsi un jour il me raconte après un voyage à Varen­nes, la fuite à Varen­nes, avec force détails, comme un pro­fes­seur à son élève. À quelqu’un de pro­che j’aurais sure­ment dit “c’est bon je con­nais mon his­toire de France, pour­quoi tu me fais la leçon”. À lui je n’ai pas osé. J’ai déjà raconté dans un autre billet, mes “rela­tions” avec les ins­tits, aussi ai-je mis cela sur le compte d’une défor­ma­tion pro­fes­sion­nelle. Il y a tout de même des gens bizar­res, c’est tout de même étrange de ne pas poser un mini­mun de ques­tions à son inter­lo­cu­teur du style : “vous con­nais­sez cette his­toire je sup­pose ?”

Une autre fois alors que je disais que je ne vou­lais pas voir ce film à cause de sa vio­lence (film retra­çant une his­toire réelle) j’eus droit à une réflexion du style, la vie ce n’est pas Dis­ney­land, encore une réflexion que l’on ferait à un enfant de CM2 !

Je ne sup­porte pas qu’on pense à ma place, ou toute autre réflexion qui sont des “intru­sions” pour moi, comme lorsqu’un par­fait inconnu se per­met de vous dire “c’est bien le sport vous devriez en faire” !

Mal­gré cela, la chair est fai­ble, la soli­tude est lon­gue, et il res­tait un très beau mec, un type que j’avais repéré de loin avant de le con­naî­tre et qui s’inté­res­sait visi­ble­ment à moi, et on ne peut pas dire que ça arrive tous les jours quand on a lar­ge­ment passé la tren­taine ! 

Il était clair que je n’allais pas tom­ber raide amou­reuse. Mais c’est devenu un petit béguin. Du moins au début. Je m’en vou­lais, mais je n’y pou­vais rien. Je me sur­pre­nais à sur­veiller si je croi­sais sa voi­ture. J’y pen­sais même quand je ne vou­lais pas…

Ça ne m’empê­chait pas par­fois de le trou­ver un peu col­lant, un peu lour­din­gue. Je ne men­tais pas tota­le­ment à mes filles quand elles se révol­taient, elles ne sup­por­taient pas qu’un homme dra­gue leur mère. Je leur disais que je n’étais pas inté­res­sée. 

Un jour il a croisé mes parents chez moi. Une autre fois, il a emmené sa fille chez mes parents où Athéna l’avait invi­tée pour je ne sais quelle rai­son. Il a croisé mes sœurs, tou­tes les deux m’ont dit qu’il était vrai­ment pas mal. Il n’avait rien d’un cou­reur de jupons, pas un regard pour mes sœurs, il res­tait fidèle à son pre­mier coup de cœur : moi !

Il me disait sou­vent en par­tant “merci pour l’accueil”.