Après je ne pense plus. Je me laisse aller. Je suis collée à sa joue, et je brule d'impatience...
Il va oser m'embrasser ou pas ?

Il faudrait que je compte un jour, combien de slows, combien de fois ces mêmes pensées dans ma tête !
Mais vas y, mais vas y ! Ose !

Il ose ! Plus tard il me dira qu'il avait eu peur. Qu'il ne voulait pas aller trop vite pour m'embrasser, mais que si il ne le faisait pas, il avait peur de ne pas oser me donner un autre rendez-vous, peur de ne pas oser revenir me parler une autre fois, alors c'était maintenant ou jamais !

Ce premier soir je suis presque dans un rêve. Les images se bousculent dans ma tête. Nous allons nous asseoir sur un muret, à quelques mètres de la musique. Il me demande mon âge, me dit que je fais plus jeune.
Je ne sais plus de quoi nous avons parlé.

Ensuite nous sommes retournés vers la foule, il me tenait par les épaules, ma sœur roule des yeux ronds.
Puis ses copains après quelques blagues, arrêtent les commentaires.

Jérôme a toujours été très naturel. Peu importe la différence d'âge. Il n'était pas toujours libre la journée, il travaillait aux champs. Je le voyais au lac, où je passais le voir en fin de soirée après sa journée.
J'avais une voiture, pas lui bien sûr.

Il était toujours drôle, toujours en ébullition, une idée par minute dans la tête. Je le regardais attendrie.

J'ai toujours pensé, toujours su que j'aurais des enfants. J'ai dorloté mon petit frère, ma petite soeur.

Mais pour la première fois, je comprenais un garçon éveillait en moi l'instinct maternel. Je comprenais que l'on pouvait être attiré par quelqu'un, et en même temps voir en lui le petit garçon.

Un désir qui se mêle à une envie de protéger, de dorloter... Sans doute qu'avant j'étais trop jeune pour le ressentir.

Bien souvent il m'est arrivé de dire en parlant d'un garçon "non pas beau, je te l'accorde, mais attendrissant". Toutes les femmes ne réagissent pas ainsi, je l'ai appris plus tard.

Je le voyais au lac, ou le soir devant chez lui. Donc pas vraiment seuls.

Je lui apprenais à conduire sur les petits chemins et il était tout fou. Et un jour, alors que nous nous sommes arrêtés, pour que je reprenne le volant, il me dit :

- attends, rien ne presse !

Et il m'emmena dans l'herbe, où nous nous sommes allongés.