J’ai du mal à reprendre le fil de juin et pourtant je m’étais promis d’être plus présente ici !

La fin de l’année arrive pourtant ! Enfin ! Année scolaire bien sûr ! Cédric me disait l’an dernier que l’on devrait faire un réveillon le 30 juin, dire Bonne Année, lancer les confettis, déboucher le champagne !

Car nous sommes nombreux à fonctionner comme ça ! L’année scolaire, la coupure c’est l’été, la reprise c’est septembre. Et peu importe que l’on parte longtemps ou non, que l’on ait des enfants d’âge scolaire ou non !

Beaucoup d’entreprises connaissent un ralentissement l’été, même si Paris au mois d’aôut n’est plus vraiment l’accalmie qu’on a connu, même si le temps où on peut se garer en ville dure de moins en moins longtemps !

Et si comme moi vous faites des activités, que ce soit de la boxe, du dessin ou de la danse, quel que soit l’âge des adhérents, des élèves, la rentrée est en septembre et la fin des cours en juin.

En ce moment ce sont les soirées de fin d’année, les buffets apéros pour fêter le dernier cours. La plupart des soirées récurrentes s’arrêtent en juin, parfois en juillet, même si d’autres “de plein air” prennent le relais et on reçoit déjà des méls pour les inscriptions de septembre !

Juin c’est aussi le mois des invitations, celui où vite on remplit son agenda : zut depuis le temps que je dois inviter la famille Ursule, il faut que je le fasse avant les vacances ! Et pour ceux qui ont la chance d’avoir un jardin ou un petit bout de terasse, c’est toujours moins de tracas de faire un barbecue !

Côté tribu toujours beaucoup de choses à gérer. Après un court séjour en maison de repos qui s’est révélé catastrophique, Martine est retourné à l’hôpital en gériatrie cette fois. La maison de repos n’était pas responsable du fait qu’elle soit repartie en urgence, c’était évident qu’elle était sortie trop tôt de l’hôpital. Beaucoup trop faible et pas autonome. Et les résidents sont vraiment seuls. Nous avons du faire un scandale mes soeurs et moi pour que le médecin se décide à intervenir. Depuis le vendredi nous avions signalé qu’elle allait de plus en plus mal, et c’est seulement le samedi soir qu’elle est partie en ambulance aux urgences.

Elle ne mange pas ! Elle ne mange pas, on fait quoi ? Voilà la phrase que nous avons du répéter cent fois, depuis décembre d’ailleurs, avant même sa première hospitalisation, sans jamais avoir de vraie réponse. Pour tout le reste, oui, pour ça non.

Une seule fois pourtant, quand Martine avait arraché la sonde qui la nourissait on m’avait dit qu’elle ne pouvait pas rattraper seule ses carences, qu’il faudrait qu’elle mange toute la journée ! Et pourtant une semaine après on lui retirait les perfusions et on l’envoyait en maison de repos !

Je précise que je n’ai absolument rien contre le personnel hospitalier ! Ils sont tous dévoués, courageux, à l’écoute. Le seul problème vient de plus haut : les internes. Ce n’est pas qu’ils ne soient pas compétents, c’est qu’ils sont débordés et qu’ils changent trop souvent de service. On ne voit jamais le médecin chef, le grand ponte. On sait qu’il a dit ça et ça, qu’il y a des réunions pluridisciplinaire. Un jeune interne charmant m’avait même dit qu’il n’avait pas accès à toutes les données concernant le cancer.

Bref, Martine revient en gériatrie où on lui remet une perfusion et elle reprend du poil de la bête à vitesse grand V. Servane m’écrit qu’elle a vu la gériatre qui lui a dit : elle a 2, 5 l par jour, elle ne pourrait jamais faire ça toute seule. Et elle me dit un peu étonnée : mais on t’avait déjà ça non ?

Je dis oui. Alors pourquoi est-elle sortie ? Une semaine et demie sans perf, et elle a dépéri, dans une maison soit disant “médicalisée” personne n’a vu qu’elle était tombée à 9 de tension ! Et pourtant j’avais vu qu’on lui avait mis une couche ! On avait bien remarqué qu’elle ne pouvait même plus se lever pour aller aux toilettes pourtant juste à côté de son lit !
Il y a vraiment des abérhations !

Mais en gériatrie la doctoresse est une femme qui a de la bouteille, elle est charmante. Un jour elle nous reçoit tous les 4. Nous en avons marre, Martine aussi : nous voulons la sortir de l’hôpital. Elle a eu plusieurs permissions de sortie le dimanche et elle est revenue transformée. La doctoresse a bien compris qu’elle est bien quand elle est entourée de sa famille, le meilleur remède.

Alors nous posons mille question : la Sauvageonne c’est possible ? Le voyage ? Et après le retour, une infirmière à domicile ?

Nous avons le feu vert mais il reste un délicat problème. Ce satané système de poche qui fuit tout le temps, panique Martine, use le personnel hospitalier et nous panique aussi.

Puis le miracle arrive. Le chirurgien qui la jugeait trop faible jusque là accepte d’opérer Martine. Servane saute au plafond de joie. Elle qui disait au docteur : mais bon sang opérez là ! Elle était dix fois plus faible quand elle est arrivée ! Et elle a subi 4 opérations ! Débarassez-la de ce truc !

Servane disait souvent aussi : mouais finalement tout ça n’aura servi à rien ou pas grand chose : elle n’a toujours pas d’appétit et elle a toujours les mêmes problèmes de transit qu’en décembre !

Depuis mardi on a rebranché les ” tuyaux inernes” de Martine. Et débranché les perfusions. Elle doit sortir la semaine prochaine. Elle n’est pas en grande forme, elle marche doucement, elle est faible, mange peu, mais elle est heureuse de sortir.

Elle dormira chez Cédric en attendant le départ. Car bien qu’on nous promette monts et merveilles : une ambulance oui bien sûr c’est pris en charge, ceci cela, oui bien sûr c’est pris en charge…Mouais en fait à part l’hôpital rien n’est gratuit, et la mutuelle, que pourtant Martine a payé toute sa vie sans jamais être malade rembourse avec parcimonie selon des critères toujours complexes…

Après avoir juré leurs grands dieux que Martine ne pouvait voyager qu’en ambulance et critiquer ma vieille break, ma fratrie a finalement trouvé que c’était bien que j’emmène Martine comme tous les ans…
En même temps personne ne s’est proposé et j’ai doucement rigolé !

- ça va c’est bon, je vais rouler de nuit, Martine allongera le siège et dormira, ainsi que Jolinette et Manivelle. Pas de soucis, dis-je, dans la voiture tout le monde dort sauf moi !

J’ai même entendu quelques machos critiquer ma conduite (beau-frère, neveu). Je suis trop cool, il parait. Je m’arrête trop souvent, toutes les deux ou trois heures. Je ne fais pas la course, je met plus de temps qu’EUX à descendre, EUX ils se vantent de ne mettre QUE 6 ou 7 h.

Laisse parler les gens me disent mes filles. J’y compte bien ! C’est drôle de toujours penser que la vie est une compéttition ! Et qu’une grande rêveuse est forcément un peu à la ramasse, et du coup on la met toujours à la table des enfants, des ados ou des mamies.

Bon je vous rassure c’est seulement la vision d’une partie de ma tribu !

Je vais terminer ce billet fil de juin par une petite anecdote émouvante :

Dimanche dernier c’était mon tour de “prendre” Martine pour qu’elle voit mon nouvel appartement. Elle avait déjà vu des photos mais pas en vrai. Elle avait raté un long et important épisode : des premiers cartons jusqu’à l’installation. Martine s’était beaucoup inquiété de mon sort et s’était vraiment fait des noeuds à l’estomac au propre et au figuré !

Le jour J, je m’arrête près de la petite allée, Artémis prend le bras de sa grand-mère pour l’aider à monter l’unique étage, pendant ce temps, je gare la voiture au sous-sol. J’ai rejoint ma mère et ma fille, et ce n’est que beaucoup plus tard qu’Artémis m’a dit :

- Martine a pleuré de joie en voyant l’appartement !