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J’ai lu entendu tant de choses sur l’amour ! Conjugué à tous les temps, comparé à un animal ou une personne. On dit qu’il nous fuit quand on le voudrait, qu’il arrive sans prévenir, qu’on le cherche, qu’on l’attend.
C’est lui qui décide… on ne fait que semblant…
Comme un fil entre l’autre et l’un, invisible il pose ses liens, (Jean-Jacques Goldmann : On n’y peut rien)


Les mots d’amour on les prononce déjà tout petit. Mais si on parle aussi souvent de cet animal bizarre qu’est l’amour, on ne parle pas du désir. Est ce parce qu’il a été longtemps tabou ? Ou parce qu’on pense que c’est moins poétique à évoquer que l’amour ?

Et pourtant ! Le désir est un animal bizarre lui aussi.

Elle est jeune, elle est ado.  Elle donnerait n’importe quoi pour faire l’amour, mais ça ne se dit pas. Faire l’amour ça doit être bien, elle ne s’en lassera pas elle en est sûre ! Lui là il voudrait bien, mais il ne lui plaît pas du tout. Elle désire ce beau garçon là, mais il ne la regarde pas. Le désir l’empêche de dormir la nuit. Elle envie ses copines qui ont un petit copain attitré. Elle se dit que ce sera génial le jour où elle aura enfin un garçon dans son lit tous les soirs ! Ah quel bonheur !

Elle ne se doute pas que dans quelques années, après des années de vie commune, le désir la fuira. Tout bien réfléchi une ou deux nuits en solitaire ça ferait du bien. Faire l’amour oui c’était bien au début, mais là comment dire… Comment lui dire ?

Le désir nous surprend quand on ne l’attend pas. Flûte qu’est-ce qui m’arrive ? Du calme c’est un collègue et je ne l’apprécie même pas. Parfois il s’introduit dans nos subconscient sans prévenir et un rêve érotique nous laisse pantoise, honteuse comme si on était responsable. Comment ai-je pu rêver de mon beau frère alors que je ne l’ai jamais regardé ? Enfin pas de cette façon ! Et ce type improbable, le serveur de la caféteria je ne le vois même pas à force de le voir tous les jours…

Le désir on l’apprivoise aussi. Avec un ami homme. Il y a des femmes qui vous disent que non, elles ne désirent jamais un homme à part le leur. Moi je veux bien les croire.

J’ai appris que c’était normal que je ne suis pas une ignoble perverse,  et que ” ça se gère ” comme disent les psys à qui je n’ai rien demandé. Parce que le fameux cliché selon lequel on ne peut être ami qu’avec une personne qui ne nous attire pas physiquement je n’y crois plus depuis des lustres.

On l’apprivoise aussi quand on pense à l’être aimé à un moment incongru et qu’une vague nous submerge.

Le désir n’est il pas la clé de voûte de l’amour, la condition sine qua none ? On dit souvent qu’un homme ne peut aimer une femme que si il la désire. Mais pourquoi seulement les hommes ? À part dans les livres, l’amour chaste qui le pratique ?

Bien sûr le désir coexiste tellement avec l’amour qu’on ne s’en rend pas compte. Quand on tombe amoureux un raz de marée d’émotions nous assaille et le désir est bel et bien omniprésent. L’amour, à la maternelle j’avais déjà compris de quoi il retournait, d’ailleurs j’étais amoureuse. Plus tard aussi. Mais l’amour le vrai, je m’aperçois qu’il est arrivé quand j’ai été en âge de ressentir du désir.

Le désir peut même nous rendre fou. Un couple sans désir est-il vraiment un couple ?

Le désir s’invite tout seul, mais ne veut pas venir quand on le souhaiterait. Il ne vient pas sur commande en claquant des doigts, le méchant. En plein chagrin d’amour on croit même qu’il ne reviendra jamais. Désirer un homme moi, beuh plus jamais ! D’ailleurs le désir de l’autre, celui qu’on a pas demandé peut nous dégoûter. Pire encore quand il s’agit du pervers dans le métro, le désir de l’autre dans ce cas c’est presque un viol. Le regard lubrique, malsain c’est du désir dont on se passerait.

Il peut être tellement beau pourtant le désir ! Pourquoi tant de personnes ont du mal à l’exprimer, à le dire à l’autre. Pourquoi je t’aime et pas je te désire, oui même les femmes peuvent le dire ! Le désir comme l’amour c’est tellement beau quand c’est réciproque et partagé !

Oui le désir aussi est un drôle d’animal.