route_louisianneLa route, la vraie. La route des vacances pas la route pour aller travailler, pour les courses avec les embouteillages. D'ailleurs quand on dit "Je prends la route" cela signifie que l'on va loin, soit pour ses vacances, soit pour d'autres raisons. Mais on ne dit pas "Je prends la route" quand on va à Auchan ou travailler !

La route a bien changé ! Avant la route c'était une nationale. Il paraît que ça ne va même plus exister les RN, celles qu'on connaît depuis toujours.

La route était belle, bordée d'arbres énormes aux troncs noueux. Elle traversait des villages, des campagnes. On aimait regarder les fermes au loin, les prés avec leurs vaches, les immenses exploitations agricoles où une moissonneuse crachait un nuage de paille et de poussière. Ou encore les autres routes, les petites routes de campagne qui s'aventuraient si près de la nationale et où roulait si lentement une deux chevaux ou un tracteur.
C'était avant qu'on abatte les arbres devenus dangereux (ah bon ?) et qu'on invente des ronds points et des chicanes dans chaque périphérie de villes !

Bien sûr les hommes pestaient contre ces routes à deux voies qui devenaient rarement à trois voies et encore plus rarement à quatre voies ! Ils pestaient contre les camions qu'on ne pouvait pas doubler et qui nous faisaient profiter dans les montées de la fumée noire de leur pot d'échappement. Contre les feux rouges réglés pour une petite vie tranquille et qui ne servent pas à grand chose : pas de piétons, très peu de voiture qui coupent la nationale !

La route c'est aussi les arrêts. Dans ces petits villages si charmants. Avec des arrêts de prédilection : parce que c'est juste au milieu du trajet, parce que c'est celui où on se trouve à l'heure du pique nique ou du goûter. Parce que l'an dernier on a repéré un petit café sympa où la patronne était aimable. Je me souviens de l'arrêt d'Argenton sur Creuse,je crois que le café s'appelait le Pourquoi pas, et je crois même qu'il faisait face à un autre café. Je me rappelle aussi d'Uzerche, un café en plein virage au bord de la route, et oui incroyable ! S'asseoir à une table sur le trottoir et voir passer les voitures qui font le même trajet que nous ! On va aux toilettes à l'arrière du café, ce n'est pas forcément joli comme décor, mais c'est un café de village. L'arrêt c'était simple : on ne cherchait pas de place pour se garer : là sur un morceau d'herbe, sur un trottoir,sur une place libre (et gratuite bien sûr). Là à la terrasse on avait l'impression d'être déjà en vacances ou encore en vacances. Parfois on allait à la boulangerie acheter des viennoiseries pour le voyage.

Aujourd'hui la route est belle, mais ça ne veut pas dire la même chose ! L'autoroute est large, sécurisée, on peut doubler les camions. D'un bout à l'autre le paysage ne diffère pas beaucoup, sauf si on va à la montagne. Et les arrêts c'est l'enfer ! L'aire d'autoroute, annoncée par un pictogramme représentant un sapin, avec ses tables en bois et son parking (pas trop plein), passe encore ! Ils sont boisés, il arrive même que la vue soit belle, on a prévu des jeux pour les enfants. Oui mais voilà les filles veulent des bonbons (ou des viennoiseries industrielles), et vous vous prendriez bien un café. Sans compter que les filles détestent les toilettes à la turque !

Et les arrêts dans les stations essence, c'est l'horreur ! Sauf si vous arrivez à éviter les grands départs, ce qui n'est pas si simple quand on part en location et pendant les vacances scolaires. Déjà pour se garer je tourne en rond et je finis par me garer loin (les filles râlent) Puis il faut rejoindre la station à pied qu'il pleuve, vente ou neige. Ensuite à nous la file d'attente dans les toilettes. Quand je me lave les mains et que je me regarde dans le miroir, je constate à quel point deux trois heures de route peuvent rendre élégante, bien coiffée, bien réveillée une femme. Et bien que peu sauvage, je fuirais bien les néons et les regards pour les toilettes, même douteuse d'un petit café de village ! Si il y a un comptoir pour le café, je le choisis plutôt que les distributeurs. Mais boire un café perché sur un tabouret orange, avec vue sur le parking, ça me lasse très vite.

Allez on reprend la route !

Un jour de nostalgie je me dis que je quitterai l'autoroute pour aller dans un petit café de village. Mais peut-être que ça ne plaira pas !