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Je n’ai pas éteint mon téléphone. J’aurais du, histoire de les inquiéter un peu. 

Finalement le téléphone sonne, c’est Martine. J’aurais préféré qu’une de mes filles m’appelle. Visiblement je ne leur manque pas.

Je pourrais ne pas décrocher, mais elle va me harceler. Je lui réponds que je n’ai pas envie de lui parler, elle me dit : pas grave, moi je vais parler ! Je ne devrais pas m’étonner, ça ne change pas, comme si c’était son genre d’écouter !

Elle me raconte une histoire incroyable : voilà qu’elle défend (et qu’elle déforme) l’histoire du pauvre Venceslas : ce pauvre type serait allé voir sa famille espérant être hébergé, et qu’on lui donnerait de l’argent, or on l’a foutu dehors et on ne lui a pas donné d’argent ! Elle me dit qu’il partira demain dès 10 h du matin, qu’elle veut bien lui payer son billet de train ! N’importe quoi ! Elle ajoute même que Venceslas lui a dit “je vais être payé demain”, or Venceslas n’a pas de travail, il ne touche pas le chômage non plus, il ne s’en est pas caché.

Je me doute bien que tout ça elle l’a inventé, le type n’a jamais menti, même si il est lourdingue. Sa famille lui a effectivement donné de l’argent, 15 €, sa mère ne pouvait pas plus (et puis ça doit pas être marrant qu’un mec de 30 balais ne soit pas autonome), et personne ne l’a foutu à la porte, il a raconté que comme sa sœur qu’il voulait voir n’était pas là, il est reparti pour revenir le lendemain… Repartir comment, ça il n’y a pas pensé !

Mais revenons à Martine, je lui réponds que je n’en ai rien à faire de Venceslas et de ses histoires, qu’elle préfère traiter sa fille et ses petites filles de S… et défendre un mec qu’elle ne connait ni d’Eve, ni d’Adam, et puis je raccroche. 

Elle me rappelle plus tard. Je pleure toujours, mais je commence à fatiguer. Je rentre. Arrivée à la Sauvageonne, je vais à la piscine. Artémis vient me voir. Elle ne dit pas un mot, elle est très digne Artémis.

Martine vient encore me voir, elle me dit qu’elle ne parlera pas, mais qu’il faut que je mange. Avec elle tout tourne autour de la bouffe : “tout le monde a mangé, viens je te fais une omelette, je ne parlerai pas”.

Je me laisse faire. Je vais dans la pièce, il n’y a personne, je mange. En fait Artémis a refusé de manger. Elle a fait cet affront à Martine ! Martine la voyant, lui demande pourquoi elle n’a pas mangé !

- Je voulais pas te voir ! Tu nous a traité de s…

- Mais ce n’est pas toi que je traitais de s…

- C’est pareil, c’est ta fille ! Tu la traites de s.. et après tu veux lui parler !

Je ris sous cape ! Très forte la petite !

Puis Athéna vient : elle pleure aussi. Elle m’embrasse : “maman je suis désolée, je t’aime, tu m’en veux ? “

Je dis non. Bien sur je l’aime ma fille ! Et je ne supporte pas qu’on soit fâchées ! Je peux tout lui pardonner !

Le midi Venceslas nous explique que la maison de sa grand mère est à l’abandon qu’il va rester un peu pour la remettre en état.

Le lendemain Athéna a voulu emmener Venceslas à la gare, sauf que sa voiture n’a rien voulu savoir. Elle a du prendre la mienne ! Et quand je l’ai appelée parce que c’était long, elle m’a dit que finalement, elle l’emmenait à Goudron, elle ne voulait pas que Martine paye son billet ! Là c’était mon essence, moins grave, non ?

Mais on a été débarrassée de Venceslas ! Deux jours après il n’était pas du tout chez sa grand mère, mais à GrandevilleduSud, il proposait à Athéna de le voir, elle a refusé, il n’a pas reparlé de venir à la Sauvageonne heureusement !

Et le lendemain on est enfin allée au resto ! Quand à Martine elle a alimenté bien des sujets de conversations, car elle a été pénible tout l’été !