Tout le monde dans le sud, et pas seulement les chasseurs a une histoire de chevreuil à raconter… Ou bien de sanglier ! Combien de surprises en plein hiver, d’animal qui déboule dans le brouillard, combien de voitures à la casse, et de grosse frayeur !

Nous en voyons souvent les filles et moi, surtout la nuit et sur les petites routes de campagne en revenant des fêtes. C’est plus rare sur la départementale, celle qui dessert la Sauvageonne, beaucoup de circulation, et puis les collines sont séparées de la route par des champs cultivés, donc les animaux sont trop à découvert, ils préfèrent se cacher.

Bien sur nous sommes “gaga” quand nous en voyons, Artémis n’aimait pas que son petit copain (chasseur) lui raconte qu’il en avait tué, ou que lorsqu’il percutait un sanglier, lièvre ou chevreuil, comme la plupart des gens là bas, il le ramasse pour le manger !

Nous pour nous c’est plutôt : Oh c’est trop mignon ! Et si on pouvait s’approcher assez près pour caresser la bête, nous serions aux anges !

Par un bel après midi, nous revenions de Petite Colline. Artémis conduisait, Athéna à la place du passager, et moi derrière. Artémis n’a pas le permis, aussi n’était elle pas super à l’aise, et c’est pourquoi j’étais derrière, il parait que sa sœur la stresse moins que moi ! Pas de chance pour elle, elle croise un convoi exceptionnel, une moissonneuse, puis un camion sort d’une petite route à sa droite face à nous en prenant toute la route. Nous sommes sur l’unique ligne droite, et assistons ébahie à un drôle de spectacle. 

Devant nous un petit chevreuil traverse, puis il tombe sur son “genou” avant, et reste couché sur la route, sur la voie d’en face, incapable de se relever. Tout se passe très vite, je crie : stop frein à main. Artémis gère tout sans caler, et je dis aux filles de descendre le ramasser avant qu’une voiture n’arrive sur la voie d’en face. Derrière nous les voitures roulaient lentement, elles se sont arrêtées. Je descend et je fais signe à celles qui arrivent de ralentir. Les filles se sont approchés du chevreuil. J’ai soudain une idée : “je rapproche la voiture, mettez le dans le coffre”.

Je rapproche la voiture, les filles soulèvent l’animal qui se débat un peu. Toujours pas de voiture en face, ouf ! Entre temps, les anglais (la voiture juste derrière nous) sont descendus de leur voiture, la mère est fascinée par mon coffre et ne surveille même pas ses enfants, le petit garçon dit “Bambi” et j’attrape la petite fille qui est au milieu de la route pour la mettre entre les deux voitures.

Tout cela se passe très vite, Athéna est paniquée me dit que le chevreuil saigne, et se demande ce qu’on va en faire, Artémis le caresse et a peur qu’il se sente enfermé. Je dis aux anglais, on s’en occupe, en français, d’ailleurs au début je croyais que c’était des hollandais, et je n’ai pas vraiment le temps de chercher mon vocabulaire anglais, surtout que je ne sais pas dire chevreuil !

Je regarde toujours en face, ça doit être un miracle, ou alors un tracteur a du bloquer toutes les voitures, mais il est vraiment très rare qu’il se passe autant de temps sans voir une seule voiture !

Nous montons en voiture, et je propose d’appeler le vétérinaire. Athéna l’appelle, mais la dame qui nous répond nous rit presque au nez. D’abord c’est le numéro de “permanence” il est trop tard pour les visites, et puis un chevreuil blessé, vous pensez bien !

Elle nous conseille d’appeler des chasseurs, ou la gendarmerie pour l’achever ! Athéna qui pourtant adore les animaux est révoltée. Pourtant elle pense qu’il souffre et qu’il faut le tuer, je proteste :

- Tu es malade ! Tu te vois tuer un animal toi ? Jamais je ne ferais ça !

Entre temps le chevreuil n’a pas bougé. Il est toujours allongé, il saigne un peu du  nez.

Nous arrivons à la Sauvageonne, où je gare la voiture. J’ouvre mon coffre et me dit que ma voiture aura décidément tout vu ! Entre les copains bourrés, les déménagements en tout genre et maintenant un chevreuil !

Mes neveux et nièces, fascinés arrivent tous. Nous donnons à boire au chevreuil. Il trempe son nez dans la cuvette mais ne boit pas. Il respire très fort, très vite. Il a une corne cassée. Nous le caressons, c’est génial de caresser un chevreuil ! 

Puis nous discutons âprement, que faire ? Nous pensons à Donatien qui a recueilli un jeune chevreuil chez lui l’an dernier et qui a un enclos,  mais Donatien n’a pas de portable. Je le laisserais bien dans la voiture, mais nous sortons, tard, mais sera t-il encore là ?

Finalement nous décidons d’appeler notre lointain voisin, agriculteur qui a surement plus l’habitude que nous des animaux sauvages. Il nous dit qu’il arrive.

Je vide le coffre où il y avait des provisions, coca, saucisson, tout ça sans que le chevreuil ne réagisse. Il ne reste plus qu’un paquet de chips. C’est ce moment que choisit le chevreuil pour se lever d’un bond. Que faire ! Je ferme le coffre pour l’empêcher de partir, ça me gêne que le voisin vienne pour rien, d’autant qu’il n’est plus tout jeune (le voisin, pas le chevreuil). Nous constatons que malgré le sang répandu dans le coffre, le chevreuil n’est pas trop blessé. Il est juste blessé à la patte avant, là où il est tombé. Mes filles pensent qu’il a percuté une voiture, moi j’ai des doutes, je pense qu’il serait mort si c’était le cas.

Le chevreuil s’agite, piétine le paquet de chips, met du sans plein les vitres, fait un trou dans le plafond avec la corne qui reste. Mes filles paniquent parce qu’il va tout casser. Pas moi, ma voiture a tout vu !

J’oubliais de préciser, mais vous vous en doutiez, j’ai pris plein de photos !
à suivre

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