Depuis cet été Martine avait le moral en berne, suite au décès de son petit frère. Comme ça ne s’arrangeait pas, mes sœurs ont tenu à lui donner des antidépresseurs. Je n’étais pas convaincue de l’utilité de la chose, mais pourquoi pas. Cela fait 4 mois maintenant et il n’y a pas d’amélioration. Elle dort tout le temps, elle ne lit plus, ne regarde plus la télé. Par moment elle peut être complètement incohérente, je le constate au téléphone, et par moments elle parle normalement. Nous nous inquiétons aussi pour sa mémoire, mais jusqu’à maintenant elle a refusé les tests. Servane a réussi à lui prendre un rendez-vous pour avril. 

Ces derniers jours elle me disait qu’elle était fatiguée, qu’elle était enrhumée. 
Dimanche après-midi Servane a envoyé un message un peu affolée dans notre conversation dédiée à la santé de Martine, elle la trouvait beaucoup trop faible. 

J’ai appelé Servane qui m’a dit que ça ne s’arrange pas. Martine est incontinente et refuse de mettre les protections qu’on lui achète (serviettes ou même culottes), son linge est sale car elle ne sait même plus ce qu’elle a lavé ou non, Camomille prend ce qui traîne pour le laver. 
J’ai appelé ensuite ma mère qui m’a dit qu’elle était enrhumée et qu’il faisait froid chez elle. Pourtant Servane m’a dit que contrairement à avant, où il faisait froid car elle ne voulait pas dépenser d’électricité, il fait maintenant 22°. Martine m’a dit qu’elle avait mangé le midi chez Servane et Pierre et que le soir elle devait manger chez Cédric et Marianne. 

Vers 20 H Cédric et Marianne ont appelé le SAMU car Martine était trop faible. Mon frère est monté avec elle dans le camion. Martine a été prise en charge aux urgences, on l’a mise sous oxygène. Ils l’ont trouvé très faible et très désydrathée. 
On a dit à Cédric qu’il pouvait partir car il y en avait pour au moins 4 H avant qu’elle ne voit le médecin des urgences. Si besoin on l’appelait, sinon il fallait appeler lundi matin. 

J’ai mal dormi bien sûr, je me disait que j’étais encore coincée avec mes rayons, et de plus si je devais monter, niveau budget ça risque de coincer en attendant la paye. Mes filles m’ont rassurée en me disant qu’on est en pas là. 

À 23 H une infirmière a appelé Cédric pour lui dire qu’il pouvait venir la voir. Quand il est arrivé Martine passait une radio, et l’infirmière de l’accueil ne savait rien. Quand il a pu la voir Martine lui a dit qu’elle voulait rentrer mais l’infirmière a dit qu’elle était beaucoup trop faible et desydrathée. Ensuite ils l’ont emmenée passer une échographie à 1 H 38. 
À 2 H 20 Cédric attendait toujours qu’elle sorte de l’échographie des reins. Puis à 2 H 43 il a vu Martine qui dormait, l’infirmière lui a dit de partir, Martine n’avait toujours pas vu le médecin des urgences. 

Lundi matin mes deux sœurs ont essayé de joindre les urgences qui ne répondent jamais. L’accueil ne répondait pas non plus. Les urgences c’est très bien mais nous savons déjà pour l’avoir vécu qu’avoir des informations ou même voir le malade est très compliqué. Une fois avec Camomille nous nous étions fait virer des box des malades où nous voulions voir ma mère. 
Heureusement Camomille a une amie qui travaille aux urgences. Vers 9 H 30 Camomille a laissé un message vocal (ce qui embête bien ceux qui ne peuvent pas l’écouter au boulot, cela dit moi dans ces cas urgents je mettais mes écouteurs). Camomille avait même du laisser une surveillante garder sa classe pour nous faire le message. 
Donc Martine était très désydrathée et ils n’arrivaient pas à la réydrather. Elle a également un gros problème aux reins qui ne fonctionnent plus et une grosse inflammation. Donc ils la gardaient aux urgences. 

Plus tard Camomille a appris qu’il n’y avait plus de chambres à l’hôpital pourtant énorme de Ville Natale et que Martine irait peut-être dans une clinique pour la suite. Vers 13 H Servane a réussi à parler au médecin. Il lui a dit que Martine a d’énormes calculs reinaux qui bloquent les voies urinaires et aussi une infection mais ils attendent pour voir d’où cela vient. 
Camomille a dit qu’elle irait à 16 H mais il fallait demander à voir le médecin sauf qu’elle ne savait pas son nom. 
Nous nous disons avec mes filles que Martine a du vraiment souffrir, mais elle est comme ça ! Elle ne dit rien, ça se dégrade et ça se finit aux urgences. 

À 16 H Camomille aux urgences a du attendre un quart d’heure avant qu’on lui dise que Martine passait un scanner mais qu’elle pourrait la voir juste deux minutes au retour du scanner. Mais vu le temps d’attente elle a préféré partir. Ensuite elle a pu avoir son amie au téléphone, c’est comme même dingue qu’il faille connaître quelqu’un pour voir un malade aux urgences.
Camomille a demandé à son amie si elle peut savoir dans quel service elle est et si on peut la voir. Puis à 17 H nouveau message vocal de Camomille. Martine a deux énormes caillots au niveau du rein et qu’elle va être opérée en urgence car il y a un problème avec les urines. Camomille dit à Servane si tu veux venir, viens vite j’y serai dans 20 minutes. 

Mes sœurs ont vu Martine qui avait l’air reposée, elles ont même envoyé des photos d’elle. Elle était dans un couloir mais au moins il y a du passage. Pour l’opération elles ne savaient pas si ce serait le soir ou le lendemain. Mes sœurs me disent qu’elle a parlé des chasseurs à la Sauvageonne ! 

En effet samedi je suis allée à la Sauvageonne avec Artémis, il faisait beau j’ai pris de belles photos, j’en ai envoyé une à ma mère. Martine m’a appelée et je lui ai dit qu’il y avait une battue dans le champ en bas (loin de chez nous) mais après Martine s’est fait un film et était persuadée que les chasseurs étaient autour de la maison.
En effet une fois en septembre des chevreuils s’échappaient en montant la colline près de la piscine et les chasseurs les suivaient. Mais Martine était la fenêtre (ils ont du croire que la maison était vide) donc ils ont abandonné. Bien entendu c’est interdit de chasser près des maisons. Hélas le lendemain Martine a trouvé un petit chevreuil noyé dans la piscine. Voilà pourquoi elle est traumatisée et en parle encore. Heureusement l’hiver la piscine est bâchée. 

Cédric voulait voir Martine mais c’était compliqué sans l’amie de Camomille. Mais cette fois-ci Camomille a eu le nom du médecin. 

J’ai su tout ça assez tardivement. Hier j’avais un scanner et des rayons. La machine était en panne et j’ai du aller sur une autre machine, du coup pas mal d’attente. En rentrant suite à la mauvaise nuit précédente je me suis endormie et réveillée à 18 H où j’ai découvert les messages de ma fratrie. 

Cédric n’a pas pu voir sa mère. L’amie de Camomille était en intervention. Cédric a vu le médecin qui lui a dit que Martine serait opérée le soir et irait ensuite en réanimation. C’était impossible de la voir car on lui disait d’attendre, tout le monde est débordé aux urgences, il ne savait pas où était Martine il a fini par rentrer. 

Vers 21 H 30 l’anesthésiste a appelé Cédric pour lui dire que Martine rentrait au bloc. Il devait appeler après pour tenir au courant. 
Le deuxième message que j’ai du être la seule à voir c’était à 00 H 40, tout s’était bien passé, Martine était en surveillance en réanimation en attendant une chambre. 

J’ai coupé le son du téléphone pour essayer d’avoir une nuit normale. 

Je ne sais pas si c’est mon intuition ou si c’est ce que je veux croire mais je suis sûre que Martine va s’en sortir, que son heure n’est pas encore venue malgré ses 82 ans. Je me suis même surprise à chanter hier malgré ma fatigue. Je ne sais pas si c’est un signe, je suis capable de chanter même quand j’ai le moral à zéro. 

Je me dis que ce n’est pas facile d’être loin, mais cela dit vu les difficultés qu’ont mon frère et ma sœur pour la voir, tant qu’elle n’est pas dans une chambre je n’aurais pas pu faire grand-chose de plus à part être rassurée en la voyant. 

Il ne reste qu’à attendre.