La première dispute est importante dans un couple. Il parait même que limite on la provoque.
Parce que c’est une étape… Parce qu’elle peut tout changer. C’est là qu’on découvre si l’autre sait dire “je regrette”, c’est là où on découvre si l’autre sait se remettre en question, si l’autre accepte de revenir sur le sujet de la dispute, d’écouter les arguments de l’autre…
Bien sûr ça n’augure pas toujours de l’avenir ! L’amour, la passion du début sont de grands aveugles, et on peut très bien tomber sur un borné, de mauvaise foi, incapable de se remettre en cause ou d’accepter de mettre les choses au point et rester quand même ! Que ceux qui ne sont jamais passés outre une telle révélation me jettent la première dispute….
La sagesse populaire dit qu’il faut avoir connu 9 querelles avant le mariage pour être sur de soi. Querelle, ce n’est pas grosse dispute avec bris de verre, joues en feu et bave aux lèvres.
Et pour tout dire je vais plutôt parler de querelle que de réelles grosse fâcherie.
La première dispute avec mon vrai premier amoureux m’a laissé une souvenir indélébile. Difficile de décrire à quel point ça fait mal, cette sensation de ne plus être aimé, que tout est fini, que l’on a déçu.
Mais il y a une chose dont on parle moins, c’est la première dispute en amitié. Même si on ne peut pas à proprement parler de passion aveugle, d’engouement du début, la première dispute peut faire très mal aussi.
Et encore plus mal d’ailleurs car elle peut être fatale. Ça passe ou ça casse.
Durant ma longue relation avec Laurent, nous avons eu plus d’une dispute. La première j’avais 7 ans, nous étions chez lui, et nous n’étions pas d’accord sur la façon de couper des pissenlits, c’est dire l’enjeu !
Fâchée je suis rentrée me réfugier dans les jupes de ma mère, où il est aussitôt venu me chercher !
C’est dire que les relations de couple ne changent guère quel que soit l’âge !
[ Parenthèse : je sais cela parait bizarre de parler de couple. Il n’empêche que nous formions un couple à notre manière, avec des remises en questions, des disputes, y compris le côté possessif. À l’époque où je m’emmêlais les pinceaux dans mes sentiments, j’ai beaucoup lu sur l’amitié entre hommes et femmes. De vrais auteurs bien sûr, comme Francesco Alberoni.
Mais un jour j’avais lu dans un magazine débile cette phrase :
Un couple qui ne se fait jamais de mal n’est pas vraiment un couple. Sous entendu votre copain et vous n’êtes pas un couple.
Cela m’a paru réducteur et faux : si on parle de deux copains du style larrons en foire qui s’éclatent pourquoi pas ! Mais je ne vois pas comment quand on a un réel sentiment d’amitié pour une autre personne,(homme ou femme peu importe) on pourrait ne jamais avoir mal ! fin de la parenthèse ]
Les disputes disais-je, ensuite comme dans toutes relations, ont toujours été les mêmes. Il a fallu plusieurs années pour que l’on arrive à ne plus chercher la bagarre, à accepter d’écouter l’autre, qu’on apprenne à s’excuser, à comprendre quand on faisait mal. Des années pour être moins têtus, pour nous demander si l’enjeu en valait ou non la peine (et là on réduit largement les sources de conflit).
Nous avons grandi ensemble et appris ensemble.
Avec mon nouvel ami, il n’y avait pas eu de vrais disputes. Tout au plus des petits mots en trop. EX : excuse moi, j’étais crevé, pas le temps de parler, ok tu n’aimes pas cette musique, ce genre de film, cet endroit je ne te proposerai plus, désolé j’ai oublié de rappeler…
Rien de bien grave. Et puis fin juin une dispute stupide et en plus sur msn ! Le sujet n’est pas franchement nouveau sauf qu’il avait du être juste effleuré. Il me juge, je me défends. À n’importe qui d’autre je répondrais sûrement sèchement : mais qui es tu pour me juger ?
Mais pas là. Il n’a pas totalement tort, mais je veux qu’il explique. Et puis ça se termine en eau de boudin ça se dit ça ?
Il fait marche arrière : ça ne me regarde pas !
Ce qui me met dans une colère noire : tu as lancé un truc tu vas jusqu’au bout, ne te dégonfle pas hein ! Si j’avais envie de dire “ça te regarde pas” je l’aurais dit OK !
Puis un autre grand classique très masculin : le retournement de situation : mais c’est toi qui voulais régler ça… Et vlan !
S’il était en face de moi je n’en ferais qu’une bouchée ! Mais il est déjà parti. Il ne répond plus. Et j’ai d’autre chose à faire, je dois lâcher le PC. Je lui envoie un mél à tête reposée. Je ne veux pas que ce soit revanchard, ni relancer une discussion. J’explique mon cas, ok je ne suis pas parfaite, mais je lui donne une info importante qu’il ignorait, j’attendais de le voir pour en parler.
Pendant trois jours je ne vais pas bien. Je suis blessée, je suis déçue, je me demande si l’image qu’il avait de moi n’est pas ternie à jamais. Hyper sensible, je suis dans la parano aussi. Nous nous reparlons au téléphone, mais rapidement, il part en vacances. Si il est tout le temps débordé c’est qu’il ne veut pas me voir. C’est clair le monde ne tourne qu’autour de moi, et tout ce qu’il fait c’est parce qu’il ne m’aime plus !
Je me donne des gifles virtuelles “arrête tes conneries, tu n’as pas 15 ans” puis j’essaye de me remémorer les bons moments, et tous les signes qui me prouvent qu’il m’aime bien… Une vraie grande rêveuse !
Je me disais que je n’en reparlerai peut-être pas de la dispute, je n’ai pas envie de lui prendre la tête. Je sais comment il fonctionne. Pas grand chose à voir avec Laurent, capable de couper les cheveux en 4 durant 2 heures d’affilée. D’ailleurs je vais si mal que j’appelle Laurent. J’ai écrit un billet à la suite de cet appel. Mais en dehors de sa disponibilité, Laurent ne m’a pas apporté grand chose. On ne peut pas faire tourner les pendules à l’envers. L’ancien meilleur ami ne peut redevenir le meilleur ami parce que ça ne colle pas avec le nouveau meilleur ami. Ce serait trop simple. De toutes façons je ne lui parle même pas de la dispute.
Un jour pourtant on se retrouve face à face. Et tout s’enchaîne. Je parle, il parle.
Il n’avait pas dit exactement ce qu’il voulait dire, ça fait tilt ah nous y voilà c’est ça qu’il fallait dire tout de suite ! Il avait cependant écouté mes arguments et bien enregistré les éléments qui lui manquait. Il est gentil, charmant, je reçois une tonne de compliments. Comme je parle trop il pose la main sur mon bras et répète dix fois mon prénom. Puis il me fait des confidences, des trucs très privés dont on avait déjà parlé, mais qu’on avait pas eu l’occasion d’aborder à nouveau.
Il me fait remarquer qu’habiter si loin ne facilité pas les choses. C’est vrai, je suis trop rêveuse et j’ai tendance à l’oublier !
Le téléphone c’est bien, mais il y a des choses que je préfère dire en face et lui aussi bien sûr. Il y a toutes les fois où on se voit et où ce n’est pas le moment d’entamer une longue conversation. Même si il y a toutes ces petits signes invisibles pour les autres mais qui joignent les êtres. Toujours un mot à glisser à l’oreille, toujours un geste affectueux ou un baiser sur la joue quand on se croise, l’attention, les regards… Toutes ces choses que j’ai retrouvé la nuit magique et j’ai mesuré l’étendue du manque.
Voilà après j’allais bien. Enfin presque. Parce que je n’ai jamais fini de me poser des questions. Interrogations sur mes sentiments.
Ces liens
que l’on sécrète et qui joignent les êtres
Ces désirs évadés qui nous feront aimer
Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard
Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard