fauteuil_louisianneÉpuisée ! Je voulais faire un joli petit billet, voire trouver une idée originale avant mon départ pour un mois vendredi...
Vu la foule sur la blogosphère en ce moment, ce n'est pas trop grave !

Mais voilà je suis épuisée ! Au point qu'au travail le moindre petit détail m'épuise. Au point que je n'arrive même plus à lire mes blogs préférés, au point que lors de mes week-ends dans le Sud, je n'ai pas ouvert un livre, d'ailleurs même dans les transports, je ne sors même plus mon livre, je "comate" jusqu'à l'arrivée. Je ne fais pas d'heure sups, je suis au radar.
À la maison je laisse traîner les factures, et je me réveille affolée au milieu de la nuit persuadée qu'on va me couper l'électricité !

Les vacances vont être bienvenue. Elles le sont toutes. Mais cette année scolaire a été particulièrement difficile. Comme beaucoup je vis en année scolaire, au rythme de mes filles, mais j'étais déjà comme ça sans enfants. Janvier à décembre, ça ne veut pas dire grand chose. La coupure pour moi sera toujours l'été.

J'ai vécu des choses difficiles, en particulier la dépression d'Artémis. Je voulais le raconter ici, du moins un certain passage (son hospitalisation), mais ce ne sont pas des choses faciles à raconter, et j'attendais d'avoir du recul.

En septembre Athéna s'est installée avec Martin. Un peu difficile pour moi, mais pas tant que je le croyais. Elle n'était pas loin. Sa sœur et elle se voyaient souvent. En octobre Artémis commence à  sécher les cours trop souvent.  Pratiquement tous les jours  j'ai des coups de fil du lycée pour me dire qu'elle n'est pas là. Tout se passe normalement le matin : nous nous levons, nous nous préparons, nous partons toutes les deux. Et plusieurs heures après j'apprends qu'elle n'est jamais allée en cours. Elle se réfugie chez sa grand mère. En novembre, elle m'apprend qu'elle ne parle plus à aucune fille de sa classe, qu'elle ne mange plus à la cantine, elle s'est isolée. Je prends rendez avec sa prof principale.

En décembre Athéna commence à aller très mal, ça ne va plus avec Martin. Elle déprime, pleure sur mon épaule, regrette de s'être installée avec lui. Elle attend que Noël passe pour le quitter, mais il n'est pas aveugle et le clash a lieu avant. Martin n'a pas de famille et on passe quand même Noël ensemble. Un noël pas très gai.
Il faudra attendre fin janvier pour qu'Athéna revienne. Les histoires d'argent ne sont pas réglées, et elle se plait bien chez elle, la journée quand il n'est pas là. Régulièrement elle invite sa sœur et moi le midi (il travaille le week-end).  La nuit elle dort à la maison ou chez des copines.

Athéna revient. Artémis continue à aller de moins en moins en cours. Discussions, explications, tout se termine par des larmes. Elle commence à prendre des anti dépresseurs. Hélas le résultat n'est pas probant.
Athéna et Artémis deviennent inséparables. Elles sortent tous les week-end, Artémis va bien quand elle sort. Mais elle est fragile et dès que sa sœur a autre chose à faire, ou annule une soirée, c'est la crise de larmes.

En mars réunion avec le proviseur et la prof principale d'Artémis. On lui parle, on lui explique, on comprend son problème, on lui laisse sa chance. Elle veut changer de lycée, mais c'est impossible, je me suis renseignée.
De plus je ne suis pas sûre que ce soit le vrai problème. Je passe mon temps au téléphone avec sa prof principale, sa psy.

J'ai droit à toutes sortes de jugements de la part de ma tribu et de mon ex mari : c'est forcément ma faute !

Si j'ai souffert autant c'est qu'il est évident qu'il y a toujours une part de doutes entre l'ado qui ne veut pas aller en cours et l'ado qui souffre vraiment. Artémis n'a jamais été très motivée par l'école, mais certain signes me montraient qu'elle était réellement en dépression. De plus elle n'allait pas bien quand elle sortait, même si une sorte de façade aurait pu le faire croire.
Athéna souffrait bien évidemment aussi, et avait l'impression d'avoir "perdu" sa sœur.

En mars Artémis va de moins en moins en cours. Elle passe d'un jour sur deux à une heure par semaine.  Elle va devant le lycée et fait demi tour, découragée, ou  se cache dans les toilettes. Elle m'envoie des texto d'excuses et pleure quand je lui parle.
Parfois je la cherche en la harcelant au téléphone, mais la plupart du temps, elle se réfugie chez ma mère qui refuse de lui faire la leçon et la dorlote.
En avril elle est menacée de conseil de discipline et j'ai peur que cela n'aggrave son cas. A la suite d'une visite chez la psychiatre, elle est hospitalisée.

Epuisée, ne sachant plus si j'avais tort ou raison de continuer à mettre la pression pour les cours, j'avais besoin d'un conseil. Je vois 3 psychiatres en tout, dont 2 à l'hôpital qui me conseillent de la laisser arrêter les cours. Par contre  Artémis refuse l'hospitalisation longue durée dans une clinique, malgré la pression que l'on nous met.  Elle passe quelques jours entre chez moi et chez ma mère. Athéna la dépose chez ma mère quand elle va en cours.

Malgré les mises en garde, je n'ai jamais pensé qu'Artémis passerait à l'acte. Je comprends que la psychiatrie est un métier difficile, que les seules infos sont les dires d'Artémis. Artémis elle même a parfois du mal à exprimer ce qu'elle ressent, elle est jeune. Elle m'a dit elle-même qu'une de ses phrases "oui je m'amuse bien quand je sors" avait été interprétée comme un symptôme de la dépression "excès d'euphorie plusieurs jours d'affilée". Seul un des psychiatres avait sollicité mon avis et m'avait demandé si j'avais peur du suicide.

 

Artémis reste donc à la maison et s'y plait. Quelques frictions encore cependant, je lui reproche de rater ses rendez-vous auto école, psy, orthodontie. Sa psy essaye de l'intéresser à des choses pour ne pas rester à rien faire. Athéna a du mal avec ses cours aux beaux arts, elle sort beaucoup, se demande si elle a fait le bon choix, va travailler le samedi au supermarché avec des cernes sous les yeux.
Son ex la harcèle, la surveille, ne lui laisse pas une minute de repos.

Fin juin je commence à chercher un lycée pour Artémis. Mais Artémis se voyait bien rester à la maison éternellement, sauf que je n'ai pas gagné au loto. Je finis par trouver un lycée, mais le manque d'enthousiasme d'Artémis a de quoi faire peur.

Quand à Athéna, elle n'est pas admise en deuxième année, et n'a pas envie de redoubler. Elle est découragée, s'interroge sur son avenir. Choisir une autre école ? Travailler ? Elle veut partir habiter Grande ville du Sud, à condition que sa sœur et moi la rejoignions très vite. Mais elle n'est pas sure encore d'en avoir envie.

Les voilà enfin en vacances. Artémis profite des cousins et sort peu avec sa sœur. Athéna sort beaucoup, part en week-end avec des copains. L'été dernier son Martin lui avait gâche toutes ses soirées avec sa jalousie, cet été elle veut profiter de sa liberté retrouvée.

Tout pourrait aller bien si il n'y avait des sujets de friction entre les sœurs qui passent leur temps à se plaindre l'une de l'autre quand elles m'appellent. Artémis se plaint que sa sœur n'est jamais à la maison, la laisse tomber. Athéna se plaint parce que sa sœur ne sort plus avec la bande, qu'est ce qu'elle a besoin de rester avec des gamins.
Heureusement les cousins ne sont pas là longtemps, ça devrait s'arranger ! Enfin j'espère !

La pauvre mère qui croyait que l'été allait être une aire de repos, le calme avant la reprise des soucis...

Et moi là dedans je suis où ? 

Epuisée, je suis épuisée !

De retour le 25 août ! Bonnes vacances à tous !