L’autre jour nous parlions Gwenaël et moi, et il s’amusait du fait qu’il ne parlait plus de ses relations amoureuses, parce que tout va bien. Il est coutume de dire que les gens heureux n’ont pas d’Histoire.
Souvenirs d’heures de confidences, de souffrance.

Quand tout va mal nous parlons, nous analysons, nous décortiquons. Nous avons besoin de parler, nous cherchons des réponses. Nous rêvons d’être rassuré, que l’ami voit des signes que l’on a pas vu.
Je mesure la souffrance, je vois la réponse probablement évidente pour l’ami qui écoute : l’autre ne t’aime pas.

Mais bien sûr c’est facile à dire, facile à écrire après coup.

La difficulté n’est pas tant d’admettre l’évidence que d’accepter de commencer à faire le deuil.
Je crois que le refus de faire le deuil peut être plus fort encore que la peur de souffrir, ou le déni.

Bien sûr il est aisé d’être dans le déni quand on est amoureux, même un amoureux malheureux. Nous ne voyons pas, nous ne voulons pas voir, nous sommes aveugles.

Le deuil c’est la mort. La mort de l’autre certes, mais aussi la mort de la relation. Accepter de faire le deuil de l’autre, c’est aussi rayer l’autre de sa vie.

Pas surprenant que l’on se laisse piéger par de belles paroles “ restons amis ”. Oui tout et n’importe quoi pour ne pas rayer l’autre de la carte !
De belles paroles alors que l’autre en face n’a aucune intention d’être un ami, en est-il capable du reste ? Vous le connaissez assez pour connaître ses absences et son inconstance !
On ne reste pas amis, on le devient. L’amour meurt sans héritier.

Nous nous demandons si un jour nous pourrons détruire les lettres et les photos de cet amour de jeunesse.

Nous voudrions presque retenir le peu de sentiments qu’il reste de notre amour.
Imaginer qu’un jour mon premier amour tombe dans le gouffre abyssal de mon indifférence ? Impossible !
Nous avons presque peur que ce jour arrive.

Car le deuil c’est la mort. Pas seulement la mort de l’autre, mais la mort de la personne que nous étions.
Comment moi qui ait tant aimé, je ne ressentirai plus rien ? Mais qui suis-je donc ?

Jusqu’au jour où des années après lorsque la tempête en mer est devenue un lac calme, vous vous retrouvez en face de l’autre que vous avez adulé, incapable de vous intéresser à ses paroles. Vous vous retrouvez à vous demander ce que vous faites là et pourquoi vous avec accepté de revoir l’autre.

Ce deuil impossible, ce deuil impossible même à envisager, vous l’avez fait !