Hier soir je lisais. Un livre offert par un homme qui m’est précieux.
Un de ces livres que je ne lis que chez moi, pas un livre qui se lit dans les transports en commun.
Un livre que je lis en soulignant des phrases au crayon, ce qui est pour moi un vrai bonheur. 1

Et voilà qu’une phrase m’interpelle. Pas de papier ni de crayon sur la petite table de chevet…

L’envie d’écrire et rien pour écrire…

Cela me ramène très loin en arrière.
Bien longtemps avant le mini pc… Mais pour cela il faut que je remonte loin, très loin.

J’ai toujours écrit j’en ai déjà parlé ici.
Ma mère a gardé mon premier poème que je publierai pas ici, mais je peux vous dire les derniers mots ” la vie est belle “. Des années plus tard mes deux filles ont aussi écrit leurs premiers poèmes, agrémentés de dessins et ils délivraient aussi ce message : la vie est belle !

Petite j’écrivais des petits romans, ou plutôt des BD en décalquant des personnages des livres de Martine ou autres.
Avec ma sœur nous avons rempli des cahiers entiers de ces histoires que nous nous racontions ensuite.
Plus tard j’ai eu ma première Remington acheté dans une salle des ventes par mon père. Oui les machines à écrire coutaient chers et les ” machines jouets ” ne valaient pas grand chose. Un cadeau qui m’a mis des étoiles dans les yeux et qui est toujours au grenier avec mon premier Kodak à soufflet. J’ai appris seule à taper avec dix doigt avec la méthode incluse. Les vieilles Regminton ça muscle les petits doigts !

Je la réservais aux romans, aux histoires. Je vous l’ai déjà dit aussi de 13 à 20 ans j’ai écrit un journal chaque soir !
Dans de gros cahiers que je reliais entre eux au stylo plume stypen et une encre bleue. Durant mes études j’avais une bosse au majeur droit, je croyais qu’elle ne partirait jamais. Aujourd’hui c’est à peine si je sais encore écrire à la main.

Puis j’ai arrêté d’écrire tous les jours, épuisant et contraignant. J’avais un joli carnet avec des lignes et une couverture qui imitait les cartons à dessin. J’y écrivais de temps en temps, un poème, une rélfexion. C’était le temps où j’étais épouse et mère, l’écriture n’était plus ma priorité. J’emportais mon carnet quand je partais un mois, mais jamais si je partais deux jours.

Et voilà que revient ce souvenir ! La maison de campagne ou la Sauvageonne. Chercher une feuille pour écrire et trouver juste le verso d’une feuille où les enfants ont gribouillé…
Dans une maison inconnue, écrire sur une enveloppe retrouvée au fond de mon sac…
Sentir cette urgence à écrire, comme un boulimique chercherait de quoi manger !

J’ai retrouvé tous mes carnets. Ils pouvaient durer deux ans ou plus, rien à voir avec le journal.
Des années plus tard, j’allais mal, c’était l’avant divorce. Mais c’était déjà le temps des ordinateurs, j’écrivais sur disquette.
Après ces nuages, j’ai continué à écrire, mais plus aussi régulièrement que du temps de l’adolescence. D’ailleurs j’ai cessé d’employer le mot ” journal “, ce sont des ” carnets de bord “. Au début j’imprimais et je reliais mes carnets de bord, mais tout comme les albums photos, c’est devenu trop encombrant. Maintenant tout est sur des clé usb. Si j’éprouve le besoin de relire, je lis à l’écran. Mais c’est rare. Je n’aime pas retourner dans le passé, sauf si j’ai besoin d’un point de repère.

En 2007 j’ai commencé à bloguer. La démarche est différente. Il faut être plus précis quand on écrit pour être lu que lorsqu’on écrit pour soi…
Pourtant le blog reste tout de même un journal, dans mon cas en tout cas. Il m’arrive de sourire en relisant un vieux billet : tiens je parle du déménagement d’Athéna à GrandeVilleduSud, ça me parait loin !
Et l’avantage du blog c’est la narration. C’est rare que j’écrive des choses tristes.

Aujourd’hui je ne cherche plus de feuille pour écrire ou très rarement. À la Sauvageonne j’apporte des stocks de feuilles, je recycle les “inutilisables” du bureau. J’ai toujours mon mini pc avec moi, surtout si je pars dans une maison inconnue ou à l’hôtel.

Mais le papier reste indispensable : j’ai toujours un mini bloc dans mon sac à main avec un stylo accroché. Les gens sont parfois surpris quand ils me demandent : ” tu as de quoi écrire ? ” et que je sors mon mini bloc. J’ai aussi dans mon cartable un petit carnet où je note ma ” collection de mots “.

Ce souvenir m’a aussi rappellé mon père. Un jour à la maison de campagne, il m’avait trouvée enfermée dans la salle à manger en train d’écrire, une pile de papier noirci à côté de moi et m’avait dit : 

- mais qu’est ce que tu écris ? Pourquoi as-tu autant besoin d’écrire ?

Bien sûr ce n’était pas un fait nouveau, et il se doutait bien que je n’écrivais pas une lettre.
Je lui ai fait lire plus tard une ou deux nouvelles et aussi des poèmes. 

 

1) Depuis que je lis sur ma kindle, je me rends compte que les livres qui traitent de l’humain (psychologie, sociologie, ou études), bref tous les livres un peu sérieux, je préfère le papier…
Justement pour pouvoir les lire un crayon à la main. Et aussi parce que j’aime les retrouver et les ouvrir au hasard bien après la lecture initiale.
La kindle est plus adaptée au romans qui se lisent de A à Z, aux loisirs…