J’ai toujours aimé les romans policiers. D’ailleurs j’ai dû commencé par les bibliothèques roses et vertes, le Club des cinq, le Clan des Sept et Alice detective.

Très vite sont venus les livres d’Agatha Christie. J’ai déjà raconté que j’imaginais qu’elle était une belle jeune femme en crinoline. Je crois que je connais certains de ses romans presque par cœur. J’avais toute la collection en livre de poche.

J’ai toujours aimé cette ambiance ” Arsenic et vieilles dentelles ” où le vrai héros du livre c’est l’humain ” la nature humaine ” comme dit Miss Marple. Ces livres où un lecteur un peu attentif peut deviner qui est l’assassin. Je n’aimais pas quand Hercule recevait un télégramme d’Outre-Mer pour l’informer du passé de tel ou tel personnage :
- C’est pas du jeu ! Jamais je n’aurais pu trouver cette information !

Vous vous en doutez, des policiers j’en ai lu, j’ai testé d’autres auteurs. Ceux des années 60 réservés aux messieurs où l’enquêteur passe plus de temps à séduire les femmes et à boire qu’à enquêter. D’autres où le policier n’est ni intéressant, ni attachant, ceux où l’on s’endort dès le premier chapitre. Ceux qui se veulent trop réalistes donc très glauques. Le seul témoin est un junkie qui ne se souvient de rien. Réaliste sûrement, mais le lecteur ne pourra rien deviner de l’intrigue.

Quand mes filles étaient à l’école, je ne travaillais pas le mercredi. Je les emmenais à la bibliothèque de MaVille. Une immense bibliothèque à trois étages très moderne, rien à voir avec celles de mon enfance à VilleNatale. J’y empruntais des livres bien sûr, mes filles feuilletaient des livres d’animaux ou faisaient des recherches pour des exposés. Parfois je les emmenais juste pour faire leurs devoirs dans cette ambiance. Un jour elles se sont lassées, et moi j’ignore pourquoi j’ai cessé d’y aller, sans doute quand j’ai de nouveau travaillé à plein temps.

C’est là que j’ai découvert de nouveaux auteurs. J’ai ainsi découvert Patricia Wenworth dont le premier roman policier est paru en 1923. Son l’héroïne Miss Silver est une charmante vieille dame qui a un don d’observation, tout comme sa cadette Miss Marple qui ne verra le jour qu’en 1930.

J’ai acheté toute la collection. J’ai eu du mal à la compléter, ils paraissaient au fur et à mesure de la traduction en français. J’en ai trouvé certains à Rauchan. Les autres je les trouvais chez Gilbert où j’adorais traîner le samedi. Une librairie à trois étages dont le décor est aussi attrayant que le contenu. Un escalier tortueux mi bois, mi tomettes. Des tomettes à l’étage, une grande fenêtre près du rayon enfant j’aimais m’en approcher pour regarder la vue, centre ville historique de VilleNatale. Cette librairie est juste en face du Couic, où je vais parfois boire un café à l’étage, juste pour la vue.
Ce n’est pas le rez-de-chaussée qui m’intéresse le plus, on y trouve les succès du moment, les livres d’art, les guides, parfait pour trouver des idées de cadeaux. À l’étage, plus étroit, on trouve toutes les collections poche, folio and co. C’est là que je fouinais. Impossible de sortir sans acheter quelque chose. Là aussi j’ai arrêté d’y aller un jour, il va falloir que j’y retourne cet hiver.

Au marché il y a aussi un bouquiniste. Les prix sont marqués au crayon sur la première page. À chaque achat il barre le prix et en met un autre avec quelques centimes de moins. Il me disait : ” vous le lisez puis vous le rapportez, je vous le rachète moins cher et vous pouvez en racheter un autre “. Ses clientes n’étaient que des mamies. Je n’ai jamais rapporté les livres, j’aurais dû pour le partage !

Dans l’entrée de ma maison, il y avait une étagère qui allait jusqu’au plafond. J’y avais mis toute ma collection d’ “Arsenic et vieilles dentelles ” et aussi Mary Higgins Clark auteur dont je me suis lassée très vite. Mais l’essentiel de mes livres étaient dans ma bibliothèque anglaise dans le salon. Dans ma chambre j’avais une armoire de bureau où j’avais des livres scolaires d’histoire et de géographie. J’aime les illustrations, j’aimais réviser ou apprendre. Inutile de dire que mes filles ne les ouvraient jamais !

Bien sûr petit à petit je n’avais plus une étagère de libre !

Lorsque mes filles étaient bébés, Benjamin travaillait à l’hôpital dans une maison-château qui portait un nom pompeux, réservée au 3ième et 4ième âge. Le personnel l’appelait ” le mouroir “.
Il y avait une bibliothèque très ciblée : les ” Harlequins ” pour les dames, “Le masque ” pour les messieurs. Quand on estimait que tous les résidents avaient tout lu, les livres partaient à la benne, Benjamin les récupérait et me rapportait des caisses entières. Les Harlequin je les ai emportés à la Sauvageonne, j’ai gardé les policiers qui m’intéressaient et là aussi ils ont fini à la Sauvageonne. Cet été je suis encore allé regarder la tranche de ces vieux livres. Je dois être la seule à m’y intéresser !

Quand j’ai du déménager, quitter la maison, je me suis dit qu’il était temps de faire un tri. Force m’est de constater que je relis très peu de livres. Et depuis je suis passée à la kindle, si je voulais relire, je relirai sur ma kindle.
Je pense que tout ne sera que fichier bientôt, mes livres, ma musique, mes photos, mes films.

Les livres de poche ont mal vieilli. J’ai du faire un tri entre ce qui se garde, ce qui se jette, ce qui se vend. Les beaux livres se gardent et aussi ceux qui me sont précieux, un souvenir impérissable. Pour vendre cela ne doit pas être trop vieux, ni trop abimé, mais je suis soigneuse.
Le choix était difficile, celui là je le vend… Oui… Non… Si…
J’ai du m’y reprendre à deux fois.

J’ai vendu mes livres au vide grenier de Saint-Léon lors de la fête estivale. Je me souviens d’une dame qui a acheté ma pile de Mary Higgins Clark, une quinzaine de livres et m’a demandé de lui faire un prix. L’argent je m’en moquais, je cassais les prix : 1 € les grands livres, 50 centimes les livres de poche.
Marc est passé me voir deux fois ce jour là. Il m’a dit avec son magnifique sourire : ” Oh mais il n’y a que des succès “. Un bon souvenir !

Dans mon appartement j’ai toujours ma bibliothèque anglaise avec des livres, une maison sans livres pour moi c’est une maison sans âme. Ma cave est pleine de cartons où j’ai trié mes livres par genre, j ‘en ai encore gardé beaucoup trop on ne se refait pas !

Je rêve toujours d’une maison où j’aurais un grand grenier sous le toit. J’y mettrais plusieurs bibliothèques anglaises avec tous mes livres, mes albums photos, mes paniers de diapos prêts à être projetées. Il y aurait un canapé Chesterfield où je boirai du thé en feuilletant mes livres préférés. Je préfère le café mais le thé est plus adapté à l’endroit !

Mes filles râleraient en me disant qu’il faut en faire une salle de cinéma avec un écran XXL ou alors une salle de jeux pour jouer aux cartes en buvant des bières et en fumant…
D’accord je leur concède quelques jeux de société comme le Cluedo ou ” Crimes et enquêtes “, une bouteille de pure malt et des cigares cubains !

Je dois avoir moi aussi un côté ” Arsenic et vieilles dentelles ” !