tableau_by_louisianneA une époque beaucoup de gens avaient une maison de campagne. L’immobilier était moins cher, les charges aussi, beaucoup de personnes étaient locataires de leur appartement et achetait une maison pour les week-end et en prévision de la retraite.

Mes grands parents étaient concierges et habitaient une loge ! Et oui on employait ces mots là ! C’est dire qu’ils n’avaient rien de bourgeois, même s’ils ont toujours habité une belle ville bourgeoise ! Ma grand mère je l’appellerai Madame Courbette, c’était une ancienne bonne et son attitude servile agaçait mon père que j’appellerai Eugène. Donc Madame Courbette, mariée à Roger, ouvrier plutôt grande gueule lui, était très économe, au point de cacher des billets sous les matelas, dans les piles de draps et de les retrouver quand ils ne valaient plus rien !

Comme Roger et Madame Courbette habitaient une loge, il n’était pas question de déménager. Eugène habitait un appartement au dessus d’eux. C’est lui qui les incita à s’acheter une maison plutôt que de thésauriser. Il venait de passer le permis, avait acheté une 4 CV. D’origine normand, mes grands parents choisirent une ancienne fermette, en haute Normandie, pas trop loin de chez eux 70 km à l’époque sans embouteillages !

La maison est petite, deux pièces, un grenier même pas aménagé. Roger était très fier de sa maison. D’ailleurs il a toujours voté dans ce petit village de La folie (j’ai changé le nom même si la Folie existe), nous obligeant certains dimanches d’hiver à faire l’aller et retour juste pour voter. Roger et Eugène se mettent à bricoler, et à jardiner, Madame Courbette jardine, et bien vite se met à cuisiner les légumes du potager. La famille vient les voir, c’est ainsi qu’une cousine d’Eugène se marie avec un voisin. Ainsi Roger, Eugène et Madame Courbette ont de la famille sur place.

La maison au bord d’une petite route n’a qu’une maison voisine. Derrière c’est la forêt, et pas loin un chemin de terre qui mène à la forêt. En face il n’y a que des champs cultivés. Une chance que nous avons toujours gardé : il y a eu des constructions plus tard à côté, mais jamais en face. Autour d’autres fermes plus ou moins grandes, dont celle où nous allions chercher le lait. Au fil du temps nous connaissions tous les villages alentours, les grands et petits tours à bicyclette, les balades à pied dans les chemins de terre. Elle était idéalement située entre une petite ville avec tous les commerces à 2 km et à 8 kilomètres d’une ville importante avec magasins, cinéma, zone industrielle. Donc la campagne pas trop paumée !

Puis Eugène mon papa rencontre ma maman, Martine et ils ont un premier enfant : devinez qui ? Louisianne.
Autant dire que j’ai toujours connu cette maison. J’y ai passé les vacances d’été, fait la sieste à l’ombre des arbres avec ma grand mère, mangé des confitures de rhubarbe (celles qui sont dans la mémoire collective des souvenirs d’enfance), je me suis tachée avec les groseilles, les cassis et les fraises.

Martine ma maman allait donc tous les week-ends chez ses beaux parents, et ça n’a pas toujours été rose pour elle, deux femmes dans une cuisine, il y a en forcément une qui n’est pas chez elle ! Mais je ne me posais pas ce genre de questions à l’époque. Puis ma fratrie est arrivée : Camomille, 3 ans après moi, Cédric, cinq ans après moi, et enfin Servane, dix ans après.

Toutes nos diapos d’enfance en dehors des noëls sont prises dans le jardin. On nous voit apprenant à marcher, à faire du vélo, dans les petites voitures à pédales.

Bientôt nous nous faisons des amis. Nos petits voisins les plus proches, enfants des fermiers (propriétaire d’une très grande propriété agricole pour rétablir la vérité)  Une fille de deux ans mon aînée et un garçon. Ils sont cousins des mes cousins ! C’est compliqué ! J’ai longtemps cru que la cousine de mon père Jeanne était une tante, nous l’appelions ainsi. Elle a eu deux enfants, que nous appelions des cousins, on ne va pas se compliquer la vie à dire “petits cousins”. Donc Jeanne a  donc épousé le frère du fermier.

Nous rencontrons également des parisiens comme nous. Et oui ça m’a toujours un peu agacée cet amalgame, que l’on m’appelle parisienne alors que je ne suis pas née à Paris, et que je n’y habite pas non plus ! Mais ceux là étaient de vrais parisiens. Petits nous jouions tous ensemble dans les jardins des uns et des autres, nous nous retrouvions en vélo. Longtemps j’ai porté ma soeur qui ne savait pas encore faire du vélo !

La scission a eu lieu plus tard, je ne sais pas comment.